Les enfants du plastique – Thomas Clément

les_enfants_du_plastiqueLes enfants du plastique

de Thomas Clément

Au Diable Vauvert – 241 pages

2010. Franck Matalo est le PDG d’Unique France le label musical français. La musique c’est lui ; la suprématie d’Unique France sur le paysage musical français c’est encore lui. Les chiffres de vente faramineux, les bénéfices colossaux et le marketing à outrance c’est toujours lui. Il a éradiqué le piratage et le partage des fichiers, rangé le CD dans la catégorie « ringard » et vend une daube infâme (une pop aseptisée chantée par des potiches) qui n’a de musique que le nom. Et lui est devenu Lui. Et Lui est devenu complètement mégalo et surtout très malheureux. Pour en arriver là il s’est oublié, perdu en route. Il a renié son passé, rangé la guitare, abjuré le rock. Le Franck Matalo de 2010 n’est pas très joli à voir et s’en rend compte. Forcément le pétage de plomb n’est pas loin. Mais quitte à péter les plombs Franck Matalo ne le fera pas seul : c’est le monde qu’il a construit qu’il décide de dynamiter. Son arme : Intestin, un (très mauvais) groupe punk rock de Limoges. Mais bien sur, tout ne se déroule pas selon les plans de Franck…

Roman d’anticipation, Les enfants du plastique nous projette dans un avenir possible, un avenir où la création musicale est morte et où le formatage des masses est la règle. La caricature est efficace, le système mis en place par Franck Matalo fiche la trouille. Le lecteur s’amuse à reconnaître les personnalités visées derrière les personnages (Loli-zée…). Le roman est truffé de références musicales familières à une certaine génération (ça ne nous rajeunit pas tous ça…). C’est drôle et féroce. Thomas Clément parle bien de ce qu’il connaît bien : le monde de la musique et surtout celui du business musical (un monde à vomir). Mais au delà de cet aspect l’auteur aborde des questions plus intimes et riches en émotions : comment survivre et revivre quand la mort a croisé votre chemin ? Comment reconstruire une vie familiale après un drame ? Comment aimer à nouveau quand la douleur prend toute la place ? Ce qui revient au final à se poser la question (désormais classique) : les choix que nous avons fait sont-ils les bons ?

La plume est légère, teintée d’humour (noir souvent). Thomas Clément force parfois un peu trop le trait (les membres d’Intestin sont “trop” : trop cons, trop vulgaires, trop nuls, trop trash…) et tombe quelques fois dans des clichés faciles (la cave tapissée de boites d’œufs, les sacs US des années 80 décorées au marqueur des noms de groupes rock, de la nostalgie facile en somme…). Certains tics d’écriture m’ont énervée (les débuts de paragraphe où Franck Matalo en rajoute une couche notamment) mais une fois le livre commencé impossible de le lâcher. On se prend au jeu.

Un roman dans l’air du temps, plus profond qu’il n’en a l’air, qui arrive à faire rire et réfléchir. Ma foi ce n’est déjà pas si mal, non ? Et pour un premier roman c’est même très bien.

Un seul reproche : ça manque de Clash.

Cet article a 5 commentaires

  1. Don Lo

    Yipeeee ! Thomas Clément (THE starblogger) à trois messages de mon Aria, c’est la gloire !
    Il a l’air bien, son livre, et puis le Diable c’est bien. (Don Lo, fayot)

  2. laiezza

    Tiens donc…
    Je l’avais acheté il y a longtemps, suite à la critique dithyrambique de Thom…Et puis je ne l’ai jamais lu. Je ne sais même pas où il est (je parle du livre, pas de Thom . Je crois qu’il doit trainer, quelque part, dans un hotel, en Roumanie

  3. Thom

    Dois-je y voir…
    …une manière délicate mais ferme de me rappeler que je ne te l’ai toujours pas rendu depuis deux ans ? :-/

  4. Lhisbei

    Oui YueYin c’est même fait exprès .
    Le titre original c’est ‘Maximum light’ donc rien à voir.

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