Moi, Asimov – Isaac Asimov

Moi, Asimov

de Isaac Asimov

Denoël – 609 pages

On se présente plus Isaac Asimov, l’un des pères fondateurs de la SF, l’inventeur des robots et des 3 lois de la robotique mais aussi auteurs de nouvelles policières et d’un nombre impressionnants d’ouvrages de vulgarisation scientifique. Isaac Asimov a écrit cette autobiographie 2 ans avant sa mort et c’est sa femme Janet qui lui a donné un point final dans l’épilogue Le bon docteur ne retrace pas sa vie chronologiquement (il l’a déjà fait par 2 fois dans ces précédentes autobiographies). Il préfère une approche plus introspective, les événements importants de sa vie servant de prétexte à nous livrer ses réflexions et pensées plus intimes. A travers ce livre on apprend non seulement à connaître l’auteur mais aussi l’homme, sa personnalité et son caractère. Parlons donc la personnalité de M Asimov. Certains disent qu’il a un ego de la taille de l’Empire State Building et qu’il est vaniteux. Ce n’est pas tout à fait vrai. Il a une haute opinion de lui même oui ; il l’avoue même mais jamais il ne ment ou n’enjolive sa vie. Les faits son là : il a un QI de 160, il s’est intéressé à tous les domaines de la science, à la bible, à la poésie, à l’humour. Il a des connaissances quasi encyclopédiques dans ces domaines et a écrit sur chacun d’eux (450 livres c’est quand même une belle bibliographie). Il fait rarement des erreurs (ce qui est prodigieusement énervant pour les autres) . Mais il n’est pas vaniteux ou prétentieux. Il a envoyé paître Mensa, cette association élitiste des plus gros QI de la planète. Il adorait par dessus tout partager son savoir d’où les nombreux ouvrages de vulgarisation qu’il a écrit. Il aimait profiter de la vie, faire bonne chère, rire, raconter des blagues et inventer des limericks. Et surtout Isaac Asimov a parfaitement conscience de ses défauts et de ses limites : il n’a pas obtenu son doctorat de chimie car il était absolument nul pour réaliser les expériences requises, il a raté son premier mariage, connu des échecs. Et il se livre à nous le plus sincèrement et le plus simplement du monde, sans minauder. Il nous raconte sa vie, sa carrière, ses amis écrivains de SF, ses idées  en 166 petits chapitres. Tout au long du livre j’ai eu l’impression qu’il était là avec moi, assis sur le canapé du salon et que nous étions en train de bavarder comme de vieux amis, et je me suis même surprise à lui répondre à voix haute. C’est son style, sa façon d’écrire, sans fioriture et avec beaucoup d’humour, qui m’a donné cette agréable illusion. C’est LA meilleure autobiographie que j’ai lu.

Un extrait pour comprendre l’écrivain prolifique :
Il y a environ 2 mois, j’ai fait un rêve dont je garde un souvenir extrêmement clair. (Je ne me souviens pratiquement jamais de mes rêves). J’étais mort et je montais au Ciel. Je regardais autour de moi et je comprenais ou je me trouvais : les prairies étaient verdoyantes, les nuages floconneux, l’air parfumé, et on entendait au loin les ravissants accents du choeur céleste. Là-dessus, l’ange tenant le grand Livre des bienfaits et méfaits m’apparaît et me gratifie d’un sourire accueillant.
« Je suis donc au Paradis , m’émerveillais-je.
– En effet.
– Mais il doit y avoir erreur. Je n’ai pas ma place ici. Je suis athée  » ai-je repris (et quand je m’en suis souvenu à mon réveil, je me suis félicité pour mon intégrité).
« Non, il n’y a pas d’erreur, m’a informé l’ange.
– En tant qu’athée, comment puis-je prétendre au paradis ?
– C’est nous qui décidons de cela, m’a sèchement répliqué l’ange. Pas vous.
– Je vois. » J’ai réfléchi un instant en regardant autour de moi, puis je me suis retourné vers lui « Est-ce qu’il y a une machine à écrire quelque part ? »
La signification de ce rêve m’a paru claire. Pour moi le paradis, c’est l’écriture ; je suis littéralement aux anges depuis un demi siècle et ce fait ne m’a pas échappé.

Si vous aimez Isaac Asimov vous aimerez son autobiographie ; sinon mieux vaut passer votre chemin.

Cet article a 4 commentaires

  1. Michel

    Et il a refusé avec Heinlein de fonder une religion, idée que Hubbard leur proposait !
    Il est resté 2 merveilleux écrivains et la scientologie !

  2. Lhisbei

    Eh bien je ne connaissais pas cette anecdote. Asimov n’en parle pas dans sa biographie et c’est tout à son honneur. Je suis tout à fait d’accord avec ton commentaire.

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