A la pointe de l’épée – Ellen Kushner

A la pointe de l’épée

d’Ellen Kushner

Calmann-Lévy – 297 pages

Certains titres de livres mentent. A la pointe de l’épée en est le parfait exemple. Vous pourriez croire que derrière ce titre se cache un simple roman d’aventure, de cape et d’épée, avec de l’action, des fines lames, du sang et des duels. Détrompez-vous. Là où le titre ment, le sous-titre vous éclaire : un mélodrame d’honneur. Décodons un peu. A la pointe de l’épée est un livre qui enchaîne situations violentes, péripéties imprévues et mise en danger physiques et sentimentales des personnages principaux pour procurer au lecteur de vives émotions. Parfois vous resterez suspendus au destin des personnages et vous n’oserez plus respirer. Vous tournerez quelques pages et vous pousserez un énorme soupir de soulagement … pour connaître un nouveau pic de tension quelques chapitres plus loin. C’est la part mélodramatique et tragique du roman. En ce qui concerne l’honneur vous trouverez le courage et le code d’honneur des bretteurs, le talent éclatant de l’un d’entre eux, Richard Saint-Vière, sa réputation et sa dignité d’homme et de duelliste et son intégrité envers Alec qui partage sa vie.

A la pointe de l’épée n’est pas simplement un roman de cape et d’épées et d’aventure. Aux duels de bretteurs s’ajoutent des intrigues et des joutes politiques, des complots entre nobles familles, au fleuret moucheté, dans un monde imaginaire qui ressemble à notre XVIIeme siècle. L’action pure est délaissée au profit de la psychologie des personnages. Ceux-ci sont finement dessinés, ambigus et complexes. Ellen Kushner entremêle intrigues politiques et sentimentales avec brio et finesse. L’écriture est sinueuse, maniérée et peut parfois dérouter voire même décourager tout comme la complexité des conspirations politiques. Mais quand la lumière se fait elle éblouit et émerveille le lecteur. certains titres de livres mentent. La couverture, elle, ne ment pas : ce qu’elle promet de sa police racée, son dessin à la pointe de la plume, le roman l’offre avec générosité.

D’Ellen Kushner j’avais déjà beaucoup aimé Thomas le Rimeur, écrit après A la pointe de l’épée mais publié avant en France. Je vais continuer à suivre cet auteur.

Cet article a 14 commentaires

  1. La liseuse

    Oups ! je n’ai toujours pas lu Thomas le rimeur que j’ai du noter il y a bien 2 ans si ce n’est plus. Noyé dans ma LAL qu’il est !

  2. SBM

    Eh ben, quel enthousiasme ! Voilà un bout de temps que j’ai ce livre, mais pas encore eu envie de m’y mettre… surtout parce que [I]Thomas le Rimeur[/I] m’a passablement ennuyée…

  3. Lhisbei

    La liseuse : au moins maintenant tu as le choix []
    Sandrine : oui je suis très enthousiaste sur ce livre qui m’a dérouté au début mais que je n’ai pas pu lâcher. il est très différent de [I]Thomas le rimeur[/I] mais il y a très peu d’action et beaucoup de courbettes et le risque d’ennui existe []

  4. jerome

    Les goûts et les couleurs
    Personnellement, ce bouquin m’est littéralement tombé des mains. C’est ampoulé, maniéré au possible, les dialogues sont à pleurer d’ennui… L’univers présenté tient plus du décor de théâtre en carton que d’une véritable ville européenne du 17ème siècle. Bref, c’est la pire chose que j’ai lu depuis très longtemps. Mais après tout, tous les goûts sont dans la nature et je souhaite à Ellen Kushner de rencontrer son public avec ce titre même si pour ma part, la rencontre n’a pas du tout eu lieu.[Non]
    Mon billet se trouve [URL]:url:litterature-a-blog.blogspot.com/2010/04/la-pointe-de-lepee.html[NAME]:url:litterature-a-blog.blogspot.com/2010/04/la-pointe-de-lepee.html[/URL].

  5. El Jc

    Terminé ce soir même en ce qui me concerne. Comme toi j’ai apprécié l’ouvrage, prévenu par nombre de chroniques je savais par avance ne pas devoir m’attendre à un roman de cape et d’épée mais bien a un “melodrama of manners” ce qui m’a permis de l’aborder sereinement, sans être déçu, sans en attendre ce qu’il ne pourrait au final m’apporter. J’ai apprécié le style bien qu’un peu maniéré à mon goût, les personnages travaillés en profondeur et cette ambiance générale qui n’a pas été sans me rappeler d’autres ouvrages comme le fameux “laisons dangereuses”. Une belle expérience.

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