Contes Myalgiques I, Les terres qui rêvent – Nathalie Dau

Contes Myalgiques I : Les terres qui rêvent

De Nathalie Dau

Griffe d’encre – 164 pages

Certains livres végètent longtemps dans ma pile de livres à lire et, bien entendu, c’est souvent sans aucune bonne raison. C’était le cas de Contes Myalgiques, recueil de nouvelles de Nathalie Dau. Acheté lors des Chroniques, le salon du livre de Liévin, en 2007, et dédicacé par l’auteur(e), il aura fallu une lecture commune avec Bladelor pour l’extirper de l’oubli qui le menaçait. Bladelor soit donc remerciée ici pour avoir proposé cette lecture commune. Derrière une si belle couverture (signée Magali Villeneuve) ne pouvait se cacher qu’un petit bijou, à côté duquel j’ai bien failli passer.

Onze nouvelles composent ce recueil. Onze histoires de magie, d’amour et de mort mais aussi de femmes fortes ou victimes, sorcières, fées ou enchanteresses et d’enfants qui grandissent trop vite… La première nouvelle, La Femme, la sorcière et l’amour, nous emmène en Inde pour voir une femme amoureuse triompher de la mort de son mari. Bonne année s’attache aux pas d’un petit prince âgé de 7 ans qui deviendra Roi de tout un peuple après une nuit très particulière. Un cap breton accueille Aenor la fée. Elle guette la mer et repousse les flots déchaînés qui tentent de ronger la falaise. Un puissant Roi de Provence en tombera amoureux et l’équilibre sera rompu. Je suis restée sur le bord de la route avec le poème qui suit, Chicane. Dans Le violon de la fée  un morceau de bois va chambouler la vie de deux italiens, un luthier et un violoniste, exilés dans une Lorraine charbonneuse. Le siestophage met en scène deux frères aux prises avec un monstre voleur de sommeil. Pour moi il s’agit là du texte le plus faible du recueil. La résolution est bien trop rapide pour être satisfaisante. La première bataille perdue, le monstre rend trop facilement les armes. Faux pas, un conte troll où l’amour n’engendre que les ennuis, ne manque ni de piquant ni d’humour. Lucine est un texte à rapprocher de La bouche (anthologie L). Il traite de la violence faite aux femmes par les hommes avec l’assentiment de la société et la complicité du clergé (la femme porte le péché originel et n’apporte que la damnation n’est-ce pas…surtout si, comme Lucine, elle assume sa sexualité). Mais Lucine, jeune femme révoltée à l’âme libre trouvera un chemin moins conventionnel et bien plus dangereux pour les hommes. Dans Désespérée la Mort n’a pas choisi son nom. Ce texte, assez court, porte un tel désenchantement qu’il ôte toute possibilité d’espoir. Le héros de Demain les trottoirs est un petit garçon des rues qui n’a pas su recueillir le cadeau fait par une fée. Son rêve exaucé, comme souvent dans ce type de conte, deviendra cauchemar mais non point à cause de la rouerie de la créatures. Vale Frater tisse un conte sibérien sur le la femme-soleil et l’homme-lune. Leur relation est troublée par une sorcière qui, trois nuits par siècle, prend trois vies dans le peuple Ket. Le recueil se clôt sur une postface très instructive et éclairante de Jean Millemann. Elle nous fait voir les contes de Nathalie Dau sous un autre angle de lecture.

Si je devais résumer d’un mot ces Contes Myalgiques je choisirais “richesse”. Choisir “magique” serait emprunter la voie de la facilité. Nathalie Dau a une imagination fertile, une écriture imagée, un style généreux. Chaque nouvelle est taillée et polie comme une gemme, jusqu’à la perfection. Les thématiques abordées sont nombreuses. Si elles sont parfois classiques – la douleur, la mort et l’amour – le prisme utilisé par l’auteur leur confère originalité et étrangeté. Les contes sont sombres mais parfois un rai d’espoir transperce. Un mot sur la figure féminine pour terminer ce billet. Quel est le point commun des femmes décrites par Natahlie Dau ? Asservies par les hommes (père, mari ou amant…) ou un système (une religion, une société)…, elles se révoltent et gagnent leur liberté, même si c’est au prix d’une infinie douleur.

Nathalie Dau est aussi éditrice : Argemmios.

Cet article a 5 commentaires

  1. Lhisbei

    Merci Bladelor [] cette lecture commune était ton idée (une très bonne idée) donc tout le mérite te revient (si si si[Oui])

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