Dimension Latino – anthologie présentée par Sylvie Miller

Dimension Latino

Anthologie présentée par Sylvie Miller

Rivière Blanche – 328 pages

Après nous avoir fait découvrir la SF hispanique avec Dimension Espagne, Sylvie Miller récidive avec ce Dimension Latino, consacré à la SF du continent sud-américain. Quatorze nouvelles d’auteurs majeurs nous emmènent en Argentine, au Chili, en Colombie, au Mexique et à Cuba. Chaque auteur a sa notice biographique qui précède la nouvelle, ce qui permet de faire connaissance. Dimension Latino se fend aussi d’une postface impressionnante dans laquelle Sylvie Miller dresse, avec érudition et humilité, un portrait de la SF sud américaine, de son développement, sa géographie… Voilà qui donne envie de pousser la curiosité plus loin sur ces terres exotiques.

Timbouctou, la nouvelle qui ouvre le recueil, surprend par son classicisme de son thème et de son traitement. Une drogue, la Dame Noire, transforme les êtres humains en prédateurs dans un monde aux allures “cyberpunk”. J’attendais un dépaysement qui n’est pas venu malgré une belle maîtrise dans l’écriture.  Gu ta gurrarak nous plonge dans les racines du peuple basques. La construction d’une machine à explorer le temps va bouleverser la recherche des origines de ce peuple. Un excellent texte qui fait voyager et découvrir un peuple singulier et qui contient une belle dose d’humour. Seul bémol : la chute, bien amenée est un tantinet prévisible. Nous quittons l’Argentine pour le Chili. Reflets et Exerion, deux courtes nouvelles cyberpunk, ne portent pas à l’optimisme. Sombres et froides toutes les deux elle mêlent intimement réalité virtuelle, fac-similés d’être humains et mort. Dans Comme des poissons dans la nasse le Sud est devenu l’Eldorado. Les pays du nord se sont entretués à coup de bombes nucléaires, les boat-people affluent au Chili mais les frontières sont fermées. Une nouvelle classique sans enjeu majeur même si le retournement de perspective, bien que sous-exploité, reste intéressant. Sur le thème de la rencontre avec l’Autre, Luis Saavedra tisse une nouvelle toute en délicatesse. Le clown de porcelaine est l’une des plus belles nouvelles de ce recueil. Les Exercices filmiques du Colombien Antonio Mora Velez ne m’ont pas marqué tout comme le nostalgique Notre Jerry Garcia du Mexicain Gabriel Trujillo Muñoz. Ces textes ne m’ont pas subjugué et me laissent froide. Au contraire de Décombres, qui, malgré une narration trop morcelée à mon goût, a réussi à me séduire au fil des mots. Le secret de Roberto Lopez Moreno met en scène les peuples précolombiens. Ferocias si tu passes par ici ce texte est pour toi mais pas pour moi. L’impératrice m’a laissée de marbre même si son traitement est angoissant au possible (un air de famille avec Alien…). Les textes de Yoss sont excellents. Les interférences, sur le thème de la connaissance du futur, est un petit bijou même s’il aurait gagné à être un peu plus resserré. La critique de la société cubaine vise juste.  Apolvénusia ™ est une notice hilarante d’un médicament révolutionnaire qui chasse la laideur. Inventif même si un peu creux et une vraie bouffée d’oxygène avant Kaishaku, beaucoup plus sombre. Dans ce texte des extraterrestres éradiquent notre race pour des raisons tout à fait concevables de leur point de vue. J’ai très envie de continuer cette visite en Amérique du Sud avec Yoss et ses Interférences.

Dimension Latino est une anthologie à lire, à découvrir et à apprécier à sa juste (et grande) valeur.

Voici le sommaire complet

  • ARGENTINE :
    Carlos Gardini : Timbouctou
    Magdalena Mouján Otaño : Gu ta gurrarak
  • CHILI :
    Pablo Castro : Reflets ; Exerion
    Rodrigo Jurri : Comme des poissons dans la nasse
    Luis Saavedra : Le clown de porcelaine
  • COLOMBIE :
    Antonio Mora Velez : Exercices filmiques
  • MEXIQUE
    Roberto Lopez Moreno : Le secret
    Gabriel Trujillo Muñoz : Décombres; Notre Jerry Garcia
  • CUBA
    Vladimir Hermandez : L’impératrice
    Yoss: Les interférences ; Apolvénusia ™ ; Kaishaku

L’illustration de couverture, très réussie, est de Guillermo Vidal.

 

Cet article a 8 commentaires

  1. ananas

    C’est un très beaux livres. Contrairement à toi, je trouve l’univers déjà suffisament complexe pour Harry. Si il changeait trop, il serait perdu, non ?
    Si tu veux voir mon avis, je viens de le publier sur mon blog.
    Bonne continuation !

  2. El Jc

    Bonsoir Lhisbei, je vois avec plaisir que ce recueil t’as également séduit. J’ai indexé ta chronique à la mienne et si effectivement tu poursuis la découverte des oeuvres de Yoss je suivrai cela de prêt.

  3. Ferocias

    Merci pour la référence. J’avais été déçu sur ce point avec la 1ère antho de Sylvie Miller.
    (sinon: Yoss, il a quelque chose à voir avec Rambo, un truc comme ça? )

  4. Guillaume44

    Intéressant ! Les deux anthologies sur la SF hispano m’intéressent, j’ai une grosse partie de ma famille de ce côté-là, cela me branche aussi par curiosité sur ces cousins…

  5. Lelf

    Je l’ai dans la pile à lire et elle me fait vraiment envie. [I]Interférences [/I]est très sympa et se lit super vite. J’ai pris grand plaisir à le lire.

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