Les ailes de la nuit – Robert Silverberg

Les ailes de la nuit

de Robert Silverberg

J’ai Lu – 212 pages

Lecture commune avec Val, Lexounet et Anudar.

Dans un lointain futur, la Terre a connu un âge d’or de la science et de la technologie, âge d’or qui a permis la création des Volants (des hommes génétiquement modifiés pour voler), le vol spatial , le commerce intergalactique, le rajeunissement et bien d’autres merveilles encore… Mais peu à peu l’humanité a perdu en bon sens ce qu’elle a gagné en science. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme le dit si justement Rabelais. Arrogante la race humaine s’est attiré les foudres de certains peuples extra-terrestres. A force de jouer à l’apprenti chimiste avec la planète, elle a aussi déclenché des cataclysmes qui l’ont ramené à un âge plus obscur. La technologie n’est plus maîtrisée, et pour le commun des mortel son application s’apparente maintenant à de la magie. L’âge d’or est devenu un mythe, source de légendes que la confrérie des Souvenants tente de percer. La société s’est reconstruite autour de castes et confréries.
Le protagoniste principal et narrateur des Ailes de la nuit est un Guetteur chargé de surveiller les étoiles et de donner l’alerte dès qu’il détecte les envahisseurs. Au moment où il commence à perdre foi en sa mission il découvre que l’invasion est imminente. Invasion qui marquera la fin d’un cycle…

Robert Silverberg nous introduit avec délicatesse et élégance dans ce monde futur à la fois exotique et familier. Les pérégrinations du Guetteur nous conduisent de Roum, cité impériale aux sept collines, à Jorslem, ville sainte des christiens, hébroux et mislams, en passant par Perris ou par la Frique sur les chemins de la connaissance et de la rédemption. Résolument optimiste, Les ailes de la nuit est un livre qui ne paie pas de mine et cache bien son jeu. Son titre intrigue mais prend tout son sens dans les dernières pages. Court, linéaire dans sa narration, porté par un style limpide, simple (en apparence seulement), il se lit vite mais ne peut s’oublier aussi vite tant il (re)donne foi en l’être humain. Les Prix Apollo reçu en 1976 et Hugo reçu en 1969 sont amplement mérités.

Un extrait
La nuit tombait. Et Perris, qui m’avait paru si lugubre sous les nuages et sa bruine, devenait d’une merveilleuse beauté à l’instar d’une douairière qui revient de Jorslem ayant retrouvé sa jeunesse et ses charmes. Les lumières douces mais rayonnantes de la cité illuminaient d’un éclat magique les vieilles bâtisses grises, en estompaient les arêtes vives, effaçaient la crasse du temps, métamorphosait la laideur en poème. La lourde masse vautrée du palais du comte était à présent une aérienne fantasmagorie. La tour de Perris sous le feu des projecteurs qui la plaquait contre le ciel crépusculaire se dressait à l’est comme une gigantesque araignée filiforme – mais une araignée resplendissante de grâce. La lactescence de la maison des Souvenants était d’une beauté presque insoutenable et sa spirale historique paraissait non point s’enrouler jusqu’à son faîte mais plonger dans son cœur. C’était l’heure des Volants. Ils folâtraient dans les airs, traçant de gracieux ballets, leurs ailes arachnéennes déployer pour absorber la lumière venant d’en bas et leurs corps sveltes se tendaient obliquement par rapport à l’horizon. Quelle élégance dans l’envol de ces enfants transformés de la Terre, ces privilégiés dont la confrérie n’avait qu’une seule exigence : que ses membres soient heureux de vivre ! Ils dispensaient la beauté comme autant de petites lunes.   

Consulter la bibliographie de l’auteur sur le Répertoire de la Science-Fiction.

Cet article a 7 commentaires

  1. Val

    Pour ma part, j’ai été très légèrement déçue. C’est comme quand on te parle d’un film comme étant LE film du siècle, tu t’attends à quelque chose de grandiose.
    J’ai aimé comme toujours la prose de silverberg et le côté sombre de la nature humaine mais il m’a manqué une petit quelque chose…

  2. Lhisbei

    @ Val : trop d’attentes sur ce livre… j’avoue que pour moi il s’agit d’une très belle rencontre. je renoue avec Silverberg que je n’avais plus lu depuis la fac[Oui]

  3. Edelwe

    Tu m’as convaincue! je note! On a parfois bien besoin de retrouver foi en l’être humain!

  4. papa fredo

    Pour moi, il s’agit tout simplement d’un des meilleurs livres de SF que j’ai lus. Et le meilleur de Silverberg. J’ajoute que le sommaire de l’intégrale de ses nouvelles recèle des pépites grandioses.

  5. Lexounet

    tout a fait d’accord avec toi, vraiment adoré découvrir et l’auteur et le titre.

  6. GeishaNellie

    Je le prends en note celui-là. Il me rappelle quelque chose en plus, je ne sais pas un livre ou un film. En tout cas, je le prends en note. J’ai peu lu de cet auteur, mais je crois que lui et moi ça pourrait devenir une vraie histoire d’amour hi hi

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