La femme rêvée – Wilkie Collins

La femme rêvée

De Wilkie Collins

Le Masque – 349 pages

En novembre 2009 Ys me faisait découvrir le Challenge Wilkie Collins Addicts organisé par Cryssilda. Mon choix ne s’est pas porté sur l’œuvre la plus connue de l’auteur mais sur un recueil assez récent (enfin quand je l’ai trouvé en librairie) de six nouvelles intitulé La femme rêvée. Elles sont souvent racontées par des tiers, frisent parfois le surnaturel et ont toutes une tonalité sombre avec des fins malheureuses quand elles ne sont pas tragiques (sauf la dernière mais nous y reviendrons). Wilkie Collins mélange, avec beaucoup de bonheur, suspens et critique de la société victorienne. Le regard est acéré et la plume tranchante. La société de l’époque n’était pas tendre avec les femmes et Wilkie Collins n’épargne guère ses personnages féminins. Le tout donne une peinture remarquable des mœurs de l’époque. A savourer sans retenue.

La femme rêvée, la première des nouvelles, met en scène un homme qui, le jour de son anniversaire, fait l’objet (ou rêve qu’il fait l’objet) d’une tentative de meurtre. Une femme armée d’un grand couteau se tient au pied de son lit et frappe. Plus tard il croise cette femme et l’épouse. Le souvenir le hante jusqu’à mettre en péril ce mariage. Dans Le cottage noir, l’héroïne, au péril de sa vie, sauve des griffes de deux méchants hommes, un portefeuille confié par une amie. Sa grande vertu sera récompensée d’un mariage avec un honnête homme. Pour elle qui vivait retirée à la campagne pour s’occuper de son père, veuf, et qui risquait donc de finir vieille fille, plus la vertu est grande plus elle paie.
Un fils de bonne famille extravagant se retrouve à partager la chambre d’un mort dans La main du mort. La flamme de la chandelle s’éteint mais le mort n’est pas vraiment mort. Qui est-il ? Le médecin nous raconte l’histoire qu’il a pu reconstituer. Un drame de famille est probablement l’histoire la plus révoltante pour ma fibre féministe (oui je sais ça n’a pas de sens pour un auteur anglais de 19eme siècle mais les hommes même mes plus vils s’en sortent bien alors que les femmes mêmes innocentes sont salies et gardent des séquelles). L’histoire est ici contée par le domestique (en passant n’oublions pas qu’un domestique ça compte à peine plus qu’un meuble à l’époque). Une riche veuve épouse un homme jaloux et ombrageux qui lui fera souffrir toutes les peines du monde. Alfred Monkton, surnommé Monkton le fou, est marqué par la prophétie qui a maudit sa famille plusieurs générations auparavant. Il ne pourra épouser sa bien-aimée avant d’avoir retrouvé le corps de son oncle, un dépravé qui serait mort lors d’un duel en Italie. Amère rancoeur, bien plus légère et amusante que les nouvelles qui précèdent, tranche agréablement avec le reste du recueil. Récit d’une enquête de police sous forme épistolaire, cette nouvelle met en scène un jeune fat qui se ridiculise au plus haut point pour le plus grand plaisir du lecteur.

Signalons tout de même un point qui m’a prodigieusement énervée : une coquille dans l’usage des guillemets. Dans neuf cas sur dix, le guillemet d’ouverture de paragraphe est un guillemet de fermeture. C’est lassant à la longue de voir les paragraphes commencer par un ” »” .

Lu dans le cadre du Challenge Wilkie Collins Addicts de Cryssilda

Logo réalisé par Madame Charlotte

Cet article a 6 commentaires

  1. Nicopompus

    Merci beaucoup pour cette critique! ça m’a fort l’air intéressant!!! J’y jetterai un coup d’oeil!

  2. Isil

    Apparemment, Collins était assez critique avec le sort que la société réservait aux femmes dans la plupart de ses oeuvres. J’ai eu moins de chance avec les nouvelles de Collins, je n’ai pas aimé celles que j’ai lues, Le journal d’Anne Rodway J’ai été plus convaincu par La dame en blanc, un roman. Bien sûr, comme je lirai toute son oeuvre, je note ce titre que je ne connaissais pas.

  3. Lhisbei

    @ Nicopompus : bienvenue ici Et bonne découverte !
    @ Isil : j’ai l’impression que ce recueil n’est pas très connu. je ne l’ai trouvé chroniqué nulle part sur le web (à part quelques mots Cryssilda sur le forum des rats de biblio qui conseille d’ailleurs de lire La femme rêvée plutôt que e journal d’Anne Rodway [] ). Mon libraire m’avait conseillé de lire les romans plutôt que les nouvelles parce qu’il estime que les romans sont meilleurs mais je ne regrette pas la lecture de ces nouvelles .

  4. Cachou

    J’ai essayé un roman du monsieur (“Seule contre tous”, un truc comme ça) mais la misogynie même pas latente de celui-ci me l’a fait lâcher après une petite centaine de page. Depuis, je n’ai plus vraiment envie de me frotter à lui… Et ce que tu dis ne fait que renforcer cette décision, car apparemment la manière dont il dépeint les femmes n’était pas propre uniquement au roman que j’ai tenté de lire.

  5. NicK

    “Je n’avais jamais lu que des femmes pour cette époque-là” /* Mode Ironie ON */ Elles avaient le droit d’écrire ? :p /* Mode Ironie OFF */

  6. Karine:)

    Ah oui, ça fait parfois un choc de lire ces auteurs, pour ce qui est de la condition féminine. C’est parfois difficile de se remettre dans l’époque. Même chez Dickens, que je vénère, disons que ses personnages de femmes ne sont pas nécessairement heu… flamboyants! Je ne connais pas ces nouvelles, par contre… de Collins, je n’ai lu que La dame en blanc.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.