Cytheriae – Charlotte Bousquet

Cytheriae

De Charlotte Bousquet

Mnémos – 288 pages

Dans Arachnae nous découvrions une des îles de l’Archipel des Numinées et sa capitale, tentaculaire et glauque, au travers d’une enquête menée par une femme forte et fragile, Théodora. Ici nous voici à Cribella capitale de la principauté de Cytheriae, face à une multitude de personnages et d’intrigues plus ou moins liées. La ville tombe en décrépitude, rongée par l’océan et par un mal inconnu, s’enfonçant peu à peu dans l’eau telle une Venise Noire. La famine menace et la colère gronde. Les Moires et la Princesse, trop occupées à tenter de sauvegarder leur pouvoir après les évènements d’Arachnae, répriment de plus en plus durement l’expression populaire. Une étrange vague de suicide secoue la ville. La Garde Noire tente d’enquêter et Nola, écrivain public et jeune femme torturée se retrouve mêlée bien malgré elle à cette enquête.

Ce qui m’a le plus frappé dans Cytheriae ce sont les différences avec Arachnae. L’univers est le même mais la construction est bien plus complexe. La narration est partagée sur un grand nombre de personnages (masculins et féminins) et celui de Nola, mystérieux et sombre, fait à peine office de fil rouge. Il n’y a pas vraiment de personnage principal sur lequel se fixer et c’est troublant. Cytheriae est donc moins facile d’accès qu’Arachnae. Il est aussi plus riche. Les intrigues secondaires, toutes utiles puisque liées d’une manière ou d’une autre à l’intrigue principale – et toutes résolues à la fin d’une belle manière – densifient le roman. La tension va crescendo jusqu’aux toutes dernières pages. La dimension mythologique est aussi très prégnante : la Bête, issue des amours de la princesse et d’un démon, enfermée dans un Dédale et utilisée comme châtiment ultime, renvoie à la mythologie antique et à son Minotaure. Comme dans Arachnae, les personnages féminins mènent le monde. En plus des Moires et de la princesse, les haut-gradés de la Garde sont des femmes mais les hommes ont leur carte à jouer loin du rôle de faire-valoir. Cytheriae est donc plus nuancé dans la répartition des rôles et par ricochet plus réaliste (si tant est qu’un univers de fantasy où la magie existe puisse être réaliste). Les sens sont aussi plus sollicités puisque la musique prend une place importante et l’immersion du lecteur dans cette ville en perdition favorisée. En contrepartie la ville perd sa dimension de personnage à part entière.

Un extrait
Vivez tant que vous le pouvez,
Tournoyez, dansez et aimez,
Oubliez donc vos coeurs seulets,
La mort se moque des regrets !

Même si vous pouvez lire Cytheriae sans avoir lu Arachnae je vous conseille tout de même de les lire dans l’ordre pour bien saisir toutes les allusions à Arachnae  présentes dans Cytheriae.

Cytheriae a obtenu le Prix Elbakin 2010 et le Prix des Imaginales du meilleur roman francophone et de la meilleure illustration (signée Elvire de Cock).

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Cet article a 4 commentaires

  1. Efelle

    Voilà qui à l’air intéressant, cela dit il faut que je lise Arachnae car pour le moment mon contact avec cet univers se limite à une nouvelle.

  2. Lhisbei

    @ Efelle : voui ! dans l’ordre c’est mieux mais ce n’est pas indispensable …

  3. Cytheriae : une belle fantaisie
    [G][I]Cytheriae[/I][/G] est un un bon roman, je vous le recommande chaudement. [G]Charlotte Bousquet[/G] a une jolie plume qui rapelle un petit peu [URL]:url:ce-que-je-lis.fr/hp-Lovecraft-dans-l-abime-du-temps.html[NAME]Lovecraft[/URL]. elle manie à la fois l’intrigue avec brio, mais aussi un vocabulaire riche qui donne une belle atmosphère à [G][I]Cytheriae[/I][/G]

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