Le Worldshaker – Richard Harland

Le Worldshaker

De Richard Harland

Hélium – 368 pages

Col – diminutif de Colbert – Porpentine vit sur le Worldshaker, un immense navire-monde propulsé par la vapeur. Petit-fils de Sir Mormus Porpentine il sera amené à prendre sa succession à la tête du navire lors de sa majorité. Il n’a que 16 ans et sa vie est, pour l’instant rythmée par les leçons de son percepteur et les mondanités dues au rang de sa famille. Les Porpentine font partie des meilleurs familles, celles des aristocrates qui habitent les ponts supérieurs et sont les plus proches de la Reine Victoria III. Une nuit, un évènement va faire basculer sa vie : Riff, une Immonde échappée, des cales du vaisseau, se réfugie dans sa cabine. Elle tente d’échapper à son destin : être transformée en Larbin, les serviteurs idiots des aristocrates. Sans bien savoir pourquoi, il ne la dénonce pas…

Le roman s’ouvre sur cette scène où Col cache, un peu malgré lui, Riff et donne le ton. Dès le début le lecteur mesure l’étendue de la gangrène de cette société en apparence bien éduquée et éclairée. Col est pétri d’idées reçues, inculquées par sa caste, sur l’ordre et la société en général et sur les Immondes en particulier. Idées fausses qu’il va s’efforcer de chasser ensuite. Dans cette première scène, il est lent tant sur le plan physique (la société victorienne réprime le mouvements, la sueur et le rouge au joue sont des infamies) qu’intellectuel. Riff est vive, insaisissable, avide d’apprendre à lire et pleine d’idées. D’ailleurs elle a une obsession : faire la révolution… Riff sème le doute dans l’esprit de Col, l’obligeant ensuite à gratter sous les apparences, à chercher la vérité notamment sur l’origine et la nature du mégalonef. Le Worldshaker est donc à la fois un roman d’apprentissage, un roman d’amitié (voire un peu plus), un roman d’idées (même si Richard Harland ne fait pas toujours dans la nuance) et, surtout, un roman optimiste et porteur d’un espoir en un homme meilleur et, par ricochet, en un monde meilleur. J’attends le tome 2 pour voir si l’espoir suscité pourra perdurer.

Un extrait
Le reste de la bande s’avançait en demi-cercle derrière lui. Ils étaient armés des cannes de M. Gibbon, qu’ils agitaient en fouettant l’air.
Il était trop tard pour ouvrir la porte. Col se savait vaincu, et pourtant il ne se sentait pas vaincu. A présent qu’il n’avait plus d’espoir, il se sentait même étonnamment inspiré. « Pense comme un vainqueur », lui avait dit Riff.
Il attendit, calme et posé, jusqu’au tout dernier moment…
Puis il explosa tel un ressort brusquement détendu. D’abord Lumbridge : un direct en plein dans le nez qui le fit glapir de douleur. Puis Haugh, ensuite Prewitt, enfin l’un des garçons de première A. L’un après l’autre, ses coups faisaient mouche : à la mâchoire, dans l’aine, dans les reins. Il se tenait à une longueur de bras, bien équilibré et mobile sur la pointe des pieds. Il abattit l’autre première A d’un coup de pied derrière les genoux, puis saisit Fefferley par le bras et le précipita contre Melstruther.
C’est comme si tout se mettait en place. Une fois lancé, il trouva son rythme, ses coups étaient parfaitement coordonnés. Il n’avait pas besoin de penser à guetter les intentions dans les yeux de ses adversaires : il le faisait, point. Il n’avait pas besoin de décider de porter tel coup sur telle cible : son corps décidait pour lui. Il était semblable à Riff elle-même, comme en transe, le pied sûr.

 

 

Défi Steampunk

Cet article a 7 commentaires

  1. val

    Tiens c’est marrant…nous n’avons ni l’une ni l’autre développé le côté steampunk de l’ouvrage. Pour moi c’était secondaire, voire un peu transparent.

  2. Lhisbei

    @ val : pareil j’ai beaucoup aimé la surprise uchronique qui explique l’univers [Oui]

  3. Vert

    Pourtant moi c’est l’univers qui me fait envie, rien que la couverture d’ailleurs… bon quand j’aurais envie de steampunk. Après Tolkien et le space-op, me restera ptêtre une place [Cheese]

  4. Efelle

    Pas trop emballé, d’autant plus si l’argument steampunk n’est qu’un décors. Je crois que je ne suis pas réceptif en ce moment aux romans d’apprentissage.

  5. Cachou

    Alors que le tome deux vient de sortir, j’hésite encore, je ne sais pas si ce livre est fait pour moi. Justement à cause de ce qu’Efelle souligne ci-dessus…

  6. Acr0

    Oh un roman optimiste ? Ma foi, ça me donne envie… mais il me manque un je-ne-sais-quoi pour me jeter dedans. Peut-être attendrai-je ta chronique sur le tome 2, pour voir.

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