De Scott Westerfeld
Pocket Jeunesse – 439 pages
Nous sommes en 1914. L’Archiduc François-Ferdinand est assassiné, empoisonné. La guerre éclate et, par le jeu des alliances, embrase une Europe déjà coupée en deux entre darwinistes – les Anglais et leurs alliés et Clankers – les Allemands et leurs alliés. Dans ce contexte de poudrière, Alek, le fils de l’archiduc, fils qui ne peut prétendre au tire, en danger est ex-filtré par des partisans fidèles de son père. A bord d’un robot de combat ils fuient vers la Suisse. Chez les darwinistes, Deryn Sharp, une jeune orpheline, se fait passer pour un garçon pour s’engager dans l’Air Service. Son but n’est pas de faire la guerre, mais bien de pouvoir voler à nouveau.
Léviathan est terriblement classique sur plusieurs points. Dans sa construction d’abord : on suit alternativement la fille et le garçon jusqu’à la rencontre et les aventures communes. Ce tome, premier d’une trilogie, expose les enjeux personnels et historiques et, même s’il ne manque pas d’action et de rebondissement, il prend son temps. Dans celle de ses personnages ensuite : un prince courageux et têtu mais inadapté à la vie en exil, à la dure, une jeune fille qui se fait passer pour un garçon pour pouvoir réaliser son rêve, s’engager dans l’armée et voler à nouveau. Le lecteur s’y attache vite car il ne sont pas lisses. Dans son déroulé, aussi : un parfait roman d’apprentissage et d’aventure. Malgré ce classicisme, Léviathan est un roman de très bonne facture, bien rythmé avec lequel le lecteur ne s’ennuie jamais. Rien ne le distinguerait donc d’un autre (très bon – je le souligne tout de même encore une fois) roman jeunesse s’il n’avait pour lui un contexte uchronique des plus intéressants. Dans le monde présenté par Scott Westerfeld, Charles Darwin a percé le secret de l’ADN. Les darwinistes sont capables de fabriquer à partir d’animaux divers et variés l’équivalent de machines : les montgolfières sont remplacées par des méduses volantes, le zeppelin est une baleine trafiquée. Le monde se partage en deux : d’un côté les Clankers, apôtres des machines, de la technologie, des boulons et de l’hydraulique ; de l’autre les darwinistes que les machines révulsent et qui ne jurent que par le vivant. Scott Westerfeld peut alors laisser libre cours à son imagination foisonnante, proposant au lecteur des créatures des plus extraordinaires tout en cultivant un air de réalisme. Les illustrations de Keith Thompson viennent en appui sur les temps forts du roman et réussissent à rendre le gigantisme de certaines créations darwinistes ou Clankers. Le contexte historique, le début de la première guerre mondiale, donne un portée plus large, des enjeux plus importants que les « simples » aventures de deux adolescents.
- Voir le blog/site de l’auteur
- Prix Locus 2010 (catégorie roman pour jeunes adultes)
- Écouter l’interview de Scott Westerfeld par les Lyonnes de la SF
- Écouter la conférence de Scott Westerfeld aux Utopiales de Nantes 2010
- Lire les avis de Uchronies, Cafard cosmique, Yozone, Critic, Val, Angua, Pitivier, Leïa Tortoise, Biblioblog, Hugin & Munin, Fashion, Emmyne, Chiffonnette, Stef au pays des livres, Emily, ilnyak1pas, Blackwatch, Tousleslivres, BlackWolf, Maxo0.
Je n’avais pas franchement besoin d’encouragements pour lire celui-ci, mais ton avis m’encouragera sûrement à le dénicher au plus vite à la bibliothèque ^^
Tout à fait d’accord avec ton avis, c’est un roman classique mais excellent et le contexte historico-uchronique lui rajoute un cachet particulier qui a augmenté mon appréciation de la trilogie ! []
J’aimerais bien lire ce livre !!
@ Anne : il se trouve encore facilement
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