La morsure de la passion – Michele Hauf

La morsure de la passion

De Michele Hauf

Harlequin – 271 pages

Parfois il me prend des idées bizarres. Faire de cet ebook Harlequin Bit Lit une lecture commune en est une. Et l’idée et encore plus saugrenue quand on connaît mon attrait pour la Bit Lit, pour la romance et pour les clichés. Trois ingrédients majeurs de cet Harlequin-là.

Les ingrédients de la Bit Lit :
1/ un vampire, Nikolaus Drake (admirons au passage la construction du nom du personnage avec ses k rugueux (slaves ?) et son Drake qui rappelle Vlad) : beau et sexy (genre Pattinson mais en plus viril puisque tatoué), chef de bande tribu intelligent et charismatique (parce que le vampire est un être sociable c’est bien connu et la tribu des Kilas en est la preuve vivante)
2/ Ravin Crosse (quel prénom original ! pas étonnant que Drake ne cesse de l’appeler mon chou) une sorcière puissante et tueuse de vampire en sus : sale caractère mais mignonne (genre Buffy en plus âgée, de 200 ans pour être précise)
3/ le Diable : machiavélique (normal), qui sent le soufre (normal aussi) et qui s’incarne en Johnny Depp le plus souvent (preuve que Michele Hauf a, au moins, bon goût). Seul personnage auquel on s’attache un peu (son côté punk probablement) mais dont la machination (extrêmement alambiquée pour obtenir un résultat assez insignifiant au final) nous fait dire qu’il a vraiment une éternité à perdre…
4/ des loups-garous : rivaux des vampires mais qui font de la figuration-alibi jusqu’à la fin où il servent enfin à quelque chose (et à mettre en valeur les talents de leader éclairé de notre Drake) …
5/ un vampire plus âgé, plus sanguinaire, qui veut être calife à la place du calife (mais bon il est un peu stupide et c’est à se demander comment il a pu survivre aussi longtemps) et baptisé Truvin (*soupir*) Stone.
6/ un philtre d’amour sinon ce ne serait pas drôle.

Les ingrédients de la romance : Ravin part en chasse et blesse Drake qui survit malgré de graves blessures. Il devient donc un phénix, c’est-à-dire « un vampire qui avait su renaître de ses cendres » (toutes les lectrices n’ont pas accès à Wikipedia et, quand bien même, avec les homonymes autant prendre des précautions) ce qui en fait un vampire surpuissant, presque invincible. Il fait irruption dans l’appartement de Ravin pour la tuer mais cette dernière ingurgite par mégarde (si, si, si !) le philtre d’amour qu’elle préparait pour s’acquitter d’une dette envers le diable (elle a pactisé avec Satan pour obtenir un pouvoir magique supplémentaire). Drake boit son sang, sang contaminé par le philtre et tombe instantanément amoureux de Ravin. S’en suit un jeu de “je l’aime ? M’aime-t-il ? Mon dieu ce n’est pas bien de l’aimer ? il va me détester quand l’effet du philtre ce sera estompé”. Bien sûr les effets d’un philtre d’amour ne sont pas éternels… L’amour triomphera-t-il ? Ne faites pas une crise cardiaque… n’oubliez pas que c’est un Harlequin donc oui, l’amour se joue de tous les obstacles et le mot “end” est précédé de “happy”.

Les ingrédients des clichés : trop nombreux pour être listés y compris dans les scènes de galipettes. Le roman n’est qu’une longue suite de stéréotypes mais le pire est d’arriver à transformer une femme indépendante et forte en midinette prête à tout sacrifier (tout équivalant ici à 200 ans d’une vie libre) pour pouvoir vivre heureuse et avoir beaucoup d’enfants avec l’être aimé. Un extrait pour vous donner une idée de la force de l’Amour :
« Il posa une main sur son ventre et sentit les battements affolés de son cœur. Elle n’avait rien à craindre de lui… Mais où était passée l’intrépide tueuse de vampires ?
Et à ce propos, qu’était donc devenu le phénix qui était prêt à tout pour éliminer la tueuse ?
Maudit philtre ! Nikolaus se vit en train d’emporter la sorcière sur ses épaules pour la mettre au bûcher.
Il imaginait sans peine la scène, mais c’était son cœur désormais qui commandait. Et qui lui dictait de chercher à connaître la femme qui se cachait derrière la sorcière et de l’aimer pour elle-même. »

Par moments, j’ai eu l’impression que Michele Hauf maîtrisait bien les codes du genre vampirique et notamment l’oeuvre d’Anne Rice puisqu’elle mentionne la Nouvelle Orléans à deux reprises (et la seconde ressemble à un tacle) :
« La tribu des kilas était petite mais pas stupide. Nikolaus l’avait prudemment tenue éloignée de New York, de Miami ou de La Nouvelle Orléans, les plus grands berceaux de vampires. »
« D’où ce vampire s’était-il échappé ? De l’asile le plus proche sûrement ? A sa connaissance, tous les vampires cinglés étaient partis pour La Nouvelle Orléans. »
J’ai aussi parfois l’impression que la relation Drake Truvin présentait des similitudes avec celle qui unissait Lestat/Louis mais je me fais peut-être des idées. Aurais-je trop lu Anne Rice ?

Du côté du style c’est assez plat même si, a priori, le roman a l’air correctement traduit. J’ai été surprise de la construction du roman qui intégre un flash-back alors que je m’attendais à une construction linéaire (souvenir de précédentes lectures lors d’un été désoeuvré et, surtout, très pluvieux). Mais globalement ce bouquin reste sans grand intérêt et n’apporte rien au genre fantastique. Michele Hauf nous propose de la Romance with Bite. Ce sera sans moi.

Cet article a 9 commentaires

  1. Lorhkan

    De la romance avec de la b… ?
    Ah oui, non, ok, c’est de l’anglais… Cela dit, en français, ça marche aussi non ?

  2. Lhisbei

    @ Lorhkan : c’est tout à fait ça [Oui]
    @ Gromovar : merci à toi d’avoir joué le jeu ^^

  3. Vert

    Et dire que je n’ai même pas pensé à Anne Rice avec ces histoires de Nouvelle Orléans xD
    Belle chronique, on devrait faire ça une fois par an, c’est fun [heuu hum]

  4. Karine:)

    J’ai failli m’étouffer quand j’ai vu ce titre sur ton blog! Et je suis morte de rire à ton billet. Of course, ça n’apporte rien et c’est très cliché… mais pour ma part, ça me vide le cerveau, ce genre de trucs!

  5. Blop

    Je ne suis jamais arrivée à le finir, bloquée autour de la page 75. Bon, tu le sais depuis longtemps, Lhisbei, je n’ai pas respecté mon engagement de lecture commune, mais il est plus que temps que je me manifeste ici pour te présenter mes excuses les plus plates. Je le referai plus, c’est promis. [:s]
    Je suis finalement soulagée de ne pas l’avoir terminé, car comme toi, sa lecture me prenait beaucoup plus de temps que pour un autre titre. J’ai torché “Au tréfonds du ciel” de Vernor Vinge en trois fois moins de temps alors qu’il est quatre fois plus gros… [Reflechir]

  6. Val

    On est quand même super balèze d’être allés au bout.
    Deux mois après, je ne m’en souviens plus du tout !
    Heureusement que l’on couche sur le net nos impressions de lecture sinon, de grands moments s’envoleraient beaucoup trop facilement.

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