33e Itération – Yvan Bidiville

33e Itération

D’Yvan Bidiville

Rivière Blanche – 282 pages

33e Itération ne serait pas entré dans ma Pile à Lire de manière spontanée. Comme La Constellation du chien, je dois sa lecture au Prix Une Autre Terre. 33e Itération est un techno-thriller futuriste, un genre dans lequel j’ai beaucoup de mal à trouver mon bonheur.

Nous sommes à Lausanne en 2035. Le roman nous plonge donc dans une anticipation proche. Nous sommes cependant bien loin de la Suisse qu’on connaît même si certaines tendances, extrapolées à l’extrême, peuvent conduire ce beau pays sur la voie tracée par Yvan Bidiville : une Suisse fasciste, islamophobe, dictatoriale, où le fossé se creuse entre implantés et indigènes. Les implantés bénéficient d’une prothèse cérébrale qui décuple leurs facultés cognitives. A eux le savoir, le pouvoir et la réussite. Les indigènes, refusant ces implants, se retrouvent marginalisés, mis au ban de la société. Les prothèses n’émanent que d’une seule entreprise, Grown Assurances (assurance médicale – pour la petite histoire en Suisse il n’y a pas de sécu et les assurances médicales sont littéralement hors de prix) ce qui rend cette dernière toute puissante. Toute puissante mais pas intouchable : un tueur en série assassine certains de ses salariés et pas les moins importants. Léo Siegfried est flic, un bon flic mais un flic raté tout de même : son implant est dépassé depuis des années, handicap qu’il compense par la prise des drogues. Son enquête pour trouver l’assassin piétine même s’il est persuadé de connaître son identité. Il n’est pas aidé par les enquêteurs Jonze et Garnier, missionnés par Grown Assurances qui tente de protéger ses intérêts.

C’est comment 33e Itération ? C’est pas mal du tout et pour moi qui ne suit pas une grande fan des thrillers cyberpunk, c’est plutôt bon signe. La construction, celle d’un polar, est intéressante, alternant les points de vue et les fils narratifs (l’enquête de Jonze et de Siegfried). Je n’ai compris que sur le tard ce qu’était cette 33e itération (ce qui, je suppose, était un des effets recherchés). Je ne peux pas vous en dire plus sous peine de déflorer en partie le roman. Deux autres points forts du texte : le contexte et l’ambiance. Le décor, une Suisse détestable et dangereuse et la société dépeinte, font froid dans le dos. La paranoïa autour de la technologie, du pouvoir, de l’étranger, l’inconnu, les manipulations économiques, les jeux de pouvoir, mettent le lecteur sous pression tout au long du texte. Je m’attendais à ce que ce décor soit un peu plus exploité notamment sur le volet politique mais le roman reste concentré sur l’enquête et manque un peu d’ampleur. Du côté des points faibles, j’ai eu du mal avec le début que j’ai trouvé pénible à lire – l’interview de l’homme politique, très descriptive pour placer le décor a bien failli m’achever – et avec la fin (mais j’ai toujours un problème avec les fins de roman en ce moment). Le style d’Yvan Bidiville m’a laissée de marbre. Je l’ai trouvé froid, factuel, descriptif même dans les scènes d’hallucinations pourtant propices à un peu plus de lyrisme.

Au final 33eme Itération se révèle être un (premier) roman intéressant (avec de bonnes idées, j’insiste sur ce point) mais qui ne fait pas figure d’incontournable.

Cet article a 4 commentaires

  1. yueyin

    mmmmmmm j’aime po beaucoup les thriller mais assez le cyberpunk… ben on verra quoi

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