Dominion – C.J. Sansom

Dominion

De C.J. Sansom

Belfond  – 710 pages

En 1940, Winston Churchill est écarté du pouvoir et le Royaume Uni, soucieux de paix, pactise avec l’Allemagne. L’empire britannique devient un dominion, un satellite de l’Axe.
Douze ans plus tard, la guerre sur le front de l’Est s’est enlisée. La situation économique se dégrade en Angleterre, la démocratie n’existe plus, les milices fascistes agissent en toute impunité. Sous la férule de Churchill, un réseau de résistants s’est développé et attend de passer à l’acte. Pendant ce temps, le Führer s’affaiblit et les luttes de pouvoir se dessinent entre l’armée et le corps des SS.
David Fitzgerald, fonctionnaire modèle, cache à tout le monde, y compris sa femme, ses origines juives. Son couple bat de l’aile après le décès accidentel de leur fils unique. Il se fait recruter par la résistance pour ex filtrer Frank Muncaster, un ancien camarade de faculté, interné après avoir violemment attaqué son frère, scientifique revenu des USA pour l’enterrement de leur mère. Ce qui l’a fait sortir de ses gonds, et qu’il tait depuis lors, intéresse la résistance, mais aussi, le Sturmbannführer Gunther Hoth, un redoutable chasseur d’hommes. Son secret pourrait bien changer le cours de l’Histoire.

Quoi de mieux qu’une histoire alternative bien charpentée pour fêter le jour du débarquement ? Dans Dominion, point de de D Day mais une fiction historique minutieuse, une fresque qui s’appuie sur une documentation importante et qui permet une “reconstitution” de qualité (qualité BBC si j’ose dire).   Intrigues politiques, espionnage, destins individuels tragiques et intrigues amoureuses s’entremêlent dans ce roman d’un peu plus de 700 pages. Malgré la qualité de la reconstitution, la sauce ne prend pas. L’auteur prend son temps pour nous plonger dans une ambiance de déliquescence d’une société pourrie de trop de compromissions avec un Troisième Reich abominable et pour nous dépeindre moeurs, habitudes et vie quotidienne des Anglais sous domination allemande. Il prend aussi son temps pour nous exposer les intrigues politiques sous-jacentes. Et, il prend son temps pour brosser le portrait des personnages et de leur destin pour être au plus proche du lecteur et ne pas le perdre dans le tableau d’ensemble. La lecture paraît donc parfois longuette, l’intrigue principale se déployant à un rythme d’escargot. En outre, cette intrigue ne me montre pas à la hauteur de la reconstitution. Le lecteur ne peut pas croire au secret de Frank Muncaster. Il a du mal à accepter les rebondissements de dernière minute. Les scènes de suspens manquent de crédibilité, la scène de poursuite dans le Big Smoke de 1952 en est un exemple.  Les intrigues amoureuses restent cousues de fil blanc (et les enjeux moraux retiennent peu l’attention) du début jusqu’à la fin. Les affres des personnages apportent leur lot de drama mais certains personnages pâtissent de ce traitement : Natalia, artiste slave, déchirée intérieurement, qui cache une espionne de haut vol, se révèle caricaturale et trop fleur bleue pour un personnage de femme forte… A cela, il faut ajouter une happy end digne de Hollywood et moralisatrice à souhait (morale personnelle et morale historique). Dominion s’annonçait bien. Dommage que l’auteur ait troqué, en cours de route, une reconstitution qualité BBC pour un film en technicolor hollywoodien…

Un extrait

  • Lire l’avis de Gromovar (lecture commune)


D-Day sur les blogs

Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2014

Cet article a 3 commentaires

  1. Gromovar

    Ben voila, tout à fait d’accord. Tant de pages pour si peu d’évènements distincts.
    *spoiler*Et l’église miraculeuse dans le smog, ça m’a achevé *spoiler*

  2. Lhisbei

    @Gromovar : j’ai cru un temps que le prêtre allait le dénoncer (c’était le suspens bienvenu) mais, non, même pas (les prêtres sont du “bon” côté, of course). Et quelle présence d’esprit d’avoir mis le loquet ^^

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.