Plus grands sont les héros – Thomas Burnett Swann

plus_grands_sont_les_herosPlus grands sont les héros

De Thomas Burnett Swann

Les Moutons Électriques Hélios – 218 pages

De Thomas Burnett Swann, je garde un excellent souvenir de la Trilogie du Minotaure (dévoré dans son édition en trois tomes au Bélial grâce à la médiathèque de Valenciennes, loués soient les bibliothécaires fans des littératures de l’imaginaire). C’est pour cela que j’avais, dans ma Pile à lire, un autre de ses cycles traduits, La Trilogie du Latium que je comptais bien lire pour le Winter Mythic Fiction. Mais, ce plan a été bousculé par la sortie d’un inédit, en poche, plus court, mais aussi plus intrigant, dans la collection Hélios. J’ai donc cédé aux sirènes de la tentations et lu Plus grands sont les héros. Ce one-shot (je ne supporte plus l’immersion dans des cycles à rallonge) confirme mon impression première : la fantasy de Thomas Burnett Swann se démarque de la production classique.

Dans Plus grands sont les héros, Thomas Burnett Swann revisite le mythe de David contre Goliath, un épisode de la Bible (oui, oui, vous avez bien lu). Dans l’Ancien Testament, Goliath, géant doté d’un seul œil, défie les armée d’Israël dans le désert de Judée. Et c’est un simple berger armé d’une fronde, David, qui le défait en combat singulier. Thomas Burnett Swann va bien au delà de cet épisode. Les Israélites combattent les Philistins. David rejoint les rangs de l’armée de Saül. Ses talents de musicien et conteur, lui attirent innocemment les bonnes grâces du Roi. De la reine Achinoam, une sirène qui a fui la Crète lors de son invasion par les cyclopes, Saül a eu un fils, Jonathan. Valeureux combattant, mais aussi généreux et empathique, Jonathan est déchiré entre les nécessités de la terre et l’amour de son prochain. Entre Jonathan et David va rapidement s’instaurer une amitié des plus fortes. Amitié qui se transforme, au fil des moments passés ensemble, en un sentiment beaucoup plus puissant. Pour Yahvé, dieu des Israéliens, cet amour est interdit. Plus le temps passe, plus le poids des responsabilités et du devoir accable Saül, plus l’influence des prêtres sur ce dernier grandit et plus les religieux se montrent rigoristes. L’amour que se portent Jonathan et David ne peut qu’être contrarié et tragique. Sans en dévoiler trop, vous aurez compris que Thomas Burnett Swann ajoute à un épisode biblique des éléments issus de la mythologie antique, convoque des dieux païens ou antérieurs à la christianisation (et je ne vous ai pas parlé d’Astarté), et, si cela ne suffisait pas à sortir des sentiers battus, fait vivre à ses deux héros, une histoire d’amour passionnée.

Côté style, il faut le dire, le début du roman est aussi aride que le désert dans lequel l’action prend place. Peu de descriptions, de points de repères, beaucoup de métaphores, un style fleuri et poétique mais pas toujours accessible. Ma lecture n’a pas été fluide, et la magie n’a opéré qu’au bout d’une bonne centaine de pages. Sur un roman qui en compte 220, c’est un peu raide. Je n’avais pas souvenir d’un style aussi rebutant. Au contraire, j’avais littéralement dévoré les trois tomes de la Trilogie du Minotaure. La maquette de la collection Hélios n’aide pas non plus à fluidifier la lecture : entre une police minuscule et fine, aussi élégante que fatigante et la presque absence de marge, j’ai regretté qu’il n’existe pas une version numérique du roman. Pour toute ces raisons, je ne peux conseiller la lecture de Plus grands sont les héros qu’à ceux pour qui la forme importe moins que le fond. Vous êtes prévenus.

 Goliath leva son pied. Il va mettre sa menace à exécution. il va me piétiner. Je peux rouler. Je peux me lever, mais où puis-je fuir pour échapper à sa botte qui écrase ? Avant de combattre le lion, il avait craint de perdre la lumière du soleil, l’étreinte des vierges, la puissance de la musique, la colline solitaire sou la lune des moissons. Il s’était lamenté jusqu’à ce que la fureur le rende fort. A présent, il était davantage qu’un petit berger à la douce voix, il était le porteur d’armes de Saül, l’ami du fils de Saül. Jonathan, Jonathan, devrai-je t’attendre au Shéol, où la poussière à la poussière se mélange, et où les ombres, si elles se croisent, jamais ne se touchent ?

Winter Mythic Fiction

Cet article a 11 commentaires

  1. Lorhkan

    Je suis plongé dans les sagas islandaises en ce moment, donc question style aride, je suis vacciné !^^

    Du coup ça pourrait m’intéresser… On verra ce qui arrivera avec le Fiction n°20… 😉

    1. Lhisbei

      Ah oui. je n’ai pas survécu à la lecture de La saga d’Eiríkr le Rouge ^^
      J’espère que tu tomberas sur celui-là ^^

  2. Gromovar

    Dilemme de la forme et du fond. Je vais passer pour l’instant.

    1. Lhisbei

      Si tu peux tester en VO, on aura un point de comparaison ^^

  3. Vert

    Intriguant mais j’ai un peu peur de la forme. Faudrait plutôt que je lise son cycle du Minotaure pour commencer ^^.

  4. Baroona

    Comme Gromovar et Vert, ça me laisse dubitatif, entre envie et risque. Pas une priorité donc.

    1. Lhisbei

      @Baroona : je ne peux donner qu’un conseil : feuilleter l’ouvrage en question 🙂

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