L’Animal – Sylvie Lainé, Francis-Olivier Brunet et Philippe Aureille

L animal“L’Animal”

De Sylvie Lainé, Francis-Olivier Brunet et Philippe Aureille

Organic Éditions – 36 pages

“L’Animal” est une nouvelle graphique publiée par Organic Éditions, dans sa collection Petites bulles d’univers. Organic Editions est un label musical qui diversifie son activité avec cette collection Petites bulles d’univers. Dans cette collection, le lecteur peut trouver non pas des nouvelles illustrées mais des oeuvres d’art illustrées par des textes. Dans chaque volume, deux artistes sont invités : un dessinateur, peintre, sculpteur, plasticien ou photographe et un écrivain, le second s’inspirant des réalisations du premier pour écrire un texte illustratif. Et, pour que le rendu final dépasse une simple illustration, un graphiste est chargé de mettre en forme la fusion des deux.

Pour ce n°9, “L’Animal”, Sylvie Lainé signe le texte qui gravite autour des peintures de Francis-Olivier Brunet. Philippe Aureille, quant à lui, assure la conception graphique. Le résultat ? un bel objet, quelque peu déroutant de prime abord. Un bel objet grâce à une couverture qui se déplie, des découpes, un fond sombre qui met particulièrement en valeur texte et peintures. Un peu déroutant par la lecture qu’il induit : des aller et retour fréquents entre les images et les mots puisque l’image illustrée par le texte n’est pas toujours positionnée à côté de celui-ci. Voila pour la forme, intrigante et stimulante. Parlons du fond à présent. Francis-Olivier Brunet nous propose des animaux : vache, singe, loup, coq et autres, déstructurés, déconstruits, parfois réduits à leur forme. Leurs regards troublants et, parfois, accusateurs. Les touches de couleurs vives ressemblent à des marques de coups. Le malaise s’installe assez rapidement pour le lecteur. Le texte proposé par Sylvie Lainé, le monologue d’un homme évoquant les animaux, leurs qualités, leurs défauts, conforte cette sensation de malaise. Le discours, hors-norme, donne des signes de violence feutrée et de folie. Assez vite le lecteur devine à qui il s’adresse et ce que cet interlocuteur vit (mais je ne dirai rien de plus, lisez-le). Je n’aimerai pas croiser la route de cet homme qui n’en est plus un, pas plus qu’il n’est un animal, d’ailleurs. Le texte et les peintures s’amalgament parfaitement. Le travail de Philippe Aureille apporte cohérence et densité au livre. “Un livre univers né de la rencontre de trois artistes”, l’objectif de la collection est atteint avec cet “Animal”.

J’aime bien les biches. Je n’en ai jamais mangé, d’ailleurs. Mais l’autre jour j’ai vu une biche au zoo, eh bien tu sais quoi ? J’ai pensé à toi. Elle avait le même regard que toi, des yeux allongés, un peu perdus, un peu fuyants. Des yeux qui regardent chacun de leur côté. Mais non ma chérie, je ne dis pas que tu louches.

JLNND-Je-lis-des-nouvelles-et-des-novellas

Cet article a 6 commentaires

  1. Vert

    C’est une lecture un peu étrange mais qui a son charme. Je serais curieuse de voir les autres titres de la collection.

    1. Lhisbei

      Tout à fait. Je suis aussi curieuse de voir les autres titres. Et je me demande si tous sont aussi noirs… 🙂

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.