Les Coeurs enchaînés – Nicolas Le Breton

coeur enchainésLes Coeurs enchaînés
Pax Germanica T2

De Nicolas Le Breton

Les Moutons électriques – 336 pages (338 en epub)

Quelques années après les évènements narrés dans Les Âmes envolées, nous voici de retour dans l’univers steampunk et uchronique proposé par Nicolas Le Breton : la voiture n’a jamais été inventée et les zeppelins sont devenus le principal mode de transport. Dans Les Coeurs enchaînés, nous sommes projetés en 1925, dans un monde où l’Allemagne du Kaiser domine. Sa flotte, dotée de puissants überzeppelins, fait régner la terreur. Nous retrouvons une partie des personnages présents dans le premier tome, notamment la truculent baronne Léontine de Laroch, embarquée, avec d’autres rescapés et résistants, sur le dirigeable Fin’Amor du capitaine Armand Boucicaut de Bricqueville. Ils sont poursuivis sans relâche par un obscur sous-lieutenant de l’armée Allemande : Heinrich Himmler. Ce dernier veut plus particulièrement s’approprier les dernières découvertes du professeur Auguste Piccard, recueilli à bord… Au fil de leurs péripéties, les aventuriers du Fin’Amor vont sillonner les airs, des rives de la Méditerranée (principalement l’Égypte) jusqu’à Berlin pendant qu’Albert Einstein se retrouve séquestré dans une Chine en pleine guerre civile…

Dans Les Coeurs enchaînés, nous retrouvons les mêmes ingrédients que dans le premier tome du diptyque : un rythme qui laisse échevelé, une narration teintée d’humour et agrémenté d’une pointe d’ironie (le trucculent traitement réservé à Himmler en est un bon exemple), une touche d’exotisme que l’on doit autant aux régions visitées qu’à l’univers sans automobiles. Les Coeurs enchaînés reste un d’aventures issu de la tradition du roman populaire et feuilletonnesque doublé d’une uchronie intéressante (à quoi pourrait donc bien ressembler un monde sans voiture ?). Le mélange des personnages historiques réels, revus et corrigés par Nicolas Le Breton, avec ses propres créations hautes en couleur fonctionne à merveille : Lawrence d’Arabie (et ses penchants coupables), Albert Einstein, Aleister Crowley, Winston Churchill… Mes réserves seront donc identiques à celles émises pour le premier tome :  trop de rebondissements, trop d’aventure, trop de dépaysement et d’exotisme pour maintenir mon attention sur la résolution de l’intrigue principale.

En définitive, Nicolas Le Breton, avec  sa série en deux tomes Pax Germanica, nous offre une oeuvre de steampunk dépaysante, érudite, inventive et amusante dans la tradition du roman d’aventure populaire. Je n’avais pas mentionné les superbes couvertures de Melchior Ascaride, voila qui est fait.

Un extrait :

Auguste Piccard fouille les réserves, monte, sertit, visse et attache avec les moyens de fortune. Il ne se soucie aucunement de la mort et de la guerre qui s’épanchent au-dehors. Le voudrait-il que, placé au cœur des réserves, il ne pourrait rien en voir.
Quand son dispositif lui semble au point, il s’appuie à chaque obstacle pour retrouver son précieux échantillon. Au moment où il reprend la barre aimantée de duralumin, il connaît la plus grande surprise de sa vie de scientifique. L’alliage d’aluminium, cuivre, manganèse et magnésium, s’est transformé en or. Disséminé de paillettes tout le long de l’étai, à son extrémité où orbite le nuage de limaille, le métal s’est mué en lingot massif.
Dans son étonnement, le professeur néglige un instant de garder sa prise. Une secousse le jette en avant. Il s’affale sur une caisse ; la barre de duralumin heurte sa poitrine. Immédiatement il s’en écarte, mais il est trop tard : sa poitrine, ses vêtements, un de ses doigts ont été contaminés par la limaille étrange.
Avec horreur, le professeur sent une froidure remonter ses nerfs. Une douleur vive, puis l’engourdissement le saisissent. Le flux remonte son bras, envahit les périphéries de son cœur. Quand l’étrange sensation atteint le cou, il panique, joue en vain des épaules.
Il retombe au sol, agité de spasmes.

PRIX UCHRONIE 2015Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2016

Cet article a 4 commentaires

  1. Baroona

    Ah, il y a donc bien un tome 2 !
    Mais s’il souffre des mêmes défauts, avec lesquels j’avais moi aussi eu du mal pendant le premier tome, je ne suis pas très motivé et passerai surement mon chemin… Le seul point positif, et qui lui donne une petite chance d’être lu, c’est qu’il s’agit d’un dyptique et que cela clôturerait donc la série. Mais bon, il faudra vraiment des circonstances bien particulières pour qu’il passe entre mes mains (et en diagonale devant mes yeux ?)…
    Merci de surement m’économiser quelques heures pour une autre lecture. ^^

    1. Lhisbei

      Si tu n’as pas apprécié le 1er tome, mieux vaut en effet passer ton chemin. 🙂

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