La Voie du Cygne – Laurent Kloetzer

La Voie du Cygne

De Laurent Kloetzer

Folio SF – 496 pages

Retour de chronique du Bifrost 83

Le prince Nerio de Lethys vient d’être découvert, le cœur transpercé, dans les jardins du palais de la Petite Dvern. Ancien quartier pénitentiaire, la Petite Dvern est désormais le royaume du Prince Jaran, que son frère jumeau Danil Daï Nelles lui a cédé contre la promesse de ne jamais convoiter le trône. Danil règne donc sur Dvern, principal port de la côte est de l’Empire Atlan, pendant que son cadet fait de la Petite Dvern un lieu de perversité, de débauche et de jeux. D’autres règles y ont cours. Des règles que ne maîtrise pas Carline, fille adoptive de l’excentrique mais respectable professeur d’université Jeophras Denio. Au terme d’une partie de jeu de l’oie, revisité et baptisé ici jeu du Cygne en référence aux armes de la maison de Nerio de Lethys, Carline se retrouve accusée du meurtre princier. Denio, devenu limier pour Jaran, doit mener l’enquête afin de l’innocenter.

Trois arcs narratifs s’entrecroisent, pour trois époques différentes : la jeunesse des princes, éduqués ensemble par un monarque sadique ; la tragique partie du jeu du Cygne, à l’issue de laquelle Nério a trouvé la mort ; l’enquête menée par Denio pour disculper sa fille. Laurent Kloetzer réinterprète et transpose dans une Renaissance italienne fantasmée des mythes et personnages grecs connus : Icare, le labyrinthe du Minotaure construit par Dédale, père d’Icare, le disque de Phaïstos… à cette richesse sur le fond, l’auteur ajoute une contrainte de forme puisqu’il impose à son récit les règles du jeu du Cygne qui régissent le destin de ses personnages. Cette construction à tiroirs ne perd jamais en cohérence, ni en clarté.

Quelques facilités narratives (Alexis, Gavroche amoureux de Carline qui tombe souvent à point nommé pour tirer Denio d’affaire ; ce même Denio que ses ennemis laissent pour mort dans un couloir du palais se réveillant en sécurité dans la chambre douillette d’une auberge…) et des dialogues dont la modernité contraste trop avec l’ambiance Renaissance peuvent parfois dérouter (à l’exception des lecteurs de Petites morts, fix-up qui justifie cet écart de langage – Laurent Kloetzer ne laisse rien au hasard). Quelques bémols qui ne freinent en rien la lecture de ce roman baroque et plaisant.

Cet article a 2 commentaires

  1. Vert

    Je l’ai lu y’a longtemps, j’avais bien aimé. Je crois que je m’étais juste perdue à la fin, mais c’est une constante avec cet auteur !

    1. Lhisbei

      Oui, ça ne m’étonne pas. Mais si tu lis Petites morts et La voie du Cygne, normalement, la fin ne devrait plus te perdre 🙂

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