Miscellanées de nouvelles (27)

Nouvelle entrée dans la série des Miscellanées de nouvelles, une rubrique du blog qui, il faut bien l’avouer, avait pris un peu la poussière depuis la dernière publication en décembre 2021. Aujourd’hui, je vous propose un menu entièrement dédié aux nouvelles en lice pour le Prix Rosny Aîné 2024. Cette année, j’ai eu le plaisir de participer à la convention française de science-fiction, la Betiz Connexion. À mon arrivée, on m’a remis un recueil regroupant les nouvelles finalistes du Prix Rosny Aîné, afin de pouvoir voter en toute connaissance de cause. Tant que ces lectures sont encore fraîches dans ma mémoire, je vous en propose ici une chronique, à l’exception de Rossignol d’Audrey Pleynet. C’est une novella publiée dans la collection Une Heure-Lumière et elle aura droit à sa propre chronique.

Pour rappel, voici la liste des nouvelles au sommaire :

  • « Rossignol » d’Audrey Pleynet (Le Bélial Une Heure-Lumière),
  • « Skin » d’Émilie Querbalec (Bifrost n° 109),
  • « Saletés d’hormones et autres complications » (+ « Elles saignent » + « Rouge ») de Ketty Steward (issu du recueil éponyme – Goater),
  • « Le Fils du fossoyeur » de Nicolas de Torsiac (Galaxies HS n° 23)
  • « Survivre » de Joëlle Wintrebert (issu du recueil « Couvées de filles » – Au Diable Vauvert).

Commençons par la nouvelle lauréate de cette édition « Le Fils du fossoyeur » de Nicolas de Torsiac. Ce récit initiatique, imprégné d’afrofuturisme et de magie, suit le parcours de Malik, le fils du Fossoyeur, qui récolte les âmes des morts sur le continent africain. Il éprouve le besoin de se définir, se cherche et tente de surmonter les non-dits qui l’entourent. Il se trouve confronté à un dilemme : s’affirmer ou se laisser écraser par le poids des traditions. Le récit laisse Malik face à une incertitude croissante, le poussant à choisir son propre chemin. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher ce qui fait tout le sel de cette nouvelle.

Continuons avec mon coup de coeur, « Survivre » de Joëlle Wintrebert.  Ce récit poignant suit l’histoire de Zizou, une agricultrice française, et d’Early, une jeune réfugiée malienne. Après la mort de son père, Early échappe à un mariage forcé imposé par sa belle-mère et traverse la Méditerranée pour trouver refuge en France. Elle est accueillie par Zizou, qui dirige une ferme hydroponique futuriste dans un monde dévasté par une catastrophe climatique. Dans cette ferme, Zizou exploite toutes les technologies disponibles, des robots à la culture hydroponique, en passant par la surveillance par météosat et la pollinisation mécanique. Ensemble, elles font face aux menaces extérieures, protégées par les solides défenses de la ferme.  Survivre aborde des thèmes essentiels tels que l’agriculture écologique et raisonnée, la lutte contre les injustices et la quête de liberté. Il célèbre des valeurs comme la solidarité et la sororité et relève du solarpunk.

Terminons avec les deux autres nouvelles en lice. « Skin » d’Émilie Querbalec nous projette dans un futur où les individus peuvent changer de « peau ». Alma, une patiente internée dans la Maison aux Acacias, nourrit des projets d’évasion et se prend de fascination pour une patiente nouvellement arrivée. Les peaux, censées être thérapeutiques, isolent les patients du monde extérieur. La nouvelle explore les thèmes de l’identité, de l’isolement et du rapport entre corps et psyché, tout en laissant le lecteur interpréter la frontière entre pathologie mentale et science-fiction. Audacieuse dans sa forme et dérangeante sur le fond, m’a laissée avec le sentiment de ne pas l’avoir pleinement comprise. Lire aussi les avis de L’Épaule d’Orion, Le Dragon galactique, Les lectures du Maki, Ombre Bones, Au pays des cave trolls.

« Saletés d’hormones et autres complications » accompagnée des poèmes « Elles saignent » et « Rouge » de Ketty Steward place le corps féminin au centre de son récit. Pas n’importe quel corps : celui qui saigne et se débat pour dissimuler ses règles dans un monde où elles sont devenues rares (douleurs et syndrome pré-menstruel éradiqués, quel bonheur) et pourtant impossibles à cacher, car les humains y vivent nus à la demande d’une race extra-terrestre. Percutante, la nouvelle est organique, empreinte d’émotions brutes.

 

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