Après nos premières impressions des Utopiales 2024, le billet sur les dédicaces, et le focus sur les remises de prix, revenons plus en détail sur les premières conférences de cette édition 2024. Le mercredi après-midi et soir était consacré à l’inauguration avec un programme spécifique. nous avons assisté aux conférences inaugurales, avec ses incontournables : les discours institutionnels, suivis par la première « vraie » conférence du festival : La leçon du président Roland Lehoucq.

Lors du Prélude aux Utopiales, les discours institutionnels se sont suivis. On a ainsi entendu Axelle Roze, directrice du festival, Denis Caille, directeur général de la Cité des congrès de Nantes, Aymeric Seassau, adjoint à la culture à la mairie de Nantes, et bien sûr, Roland Lehoucq, président de l’Association du Festival International de Science-Fiction de Nantes. Cet exercice très codifié a permis d’accueillir le public, de remercier les partenaires (dont la Région, qui a depuis annoncé qu’elle réduisait drastiquement ses subventions), et de rendre hommage à Jeanne-A Debats, dont le travail a été largement saluée.

Après ces discours, les membres du comité en charge de la programmation littéraire – le journaliste et auteur Nicolas Martin, l’éditeur Yann Olivier, la libraire Eva Sinanian et l’autrice Floriane Soulas – ont présenté le thème de l’édition 2024 : Harmonie, sous l’égide d’Ursula K. Le Guin. Iels ont détaillé les quatre branches du thème : paix, équilibre, cycle et dissonance.

Un programme alléchant pour ces Utopiales 2024. Retrouvez toutes les photos de M Lhisbei ici.

Continuons avec La leçon du Président « Maîtrisons l’équilibre avec Star Wars » par Roland Lehoucq. Dans cette conférence, Roland Lehoucq explore la notion d’équilibre en physique à travers des exemples tirés de l’univers de Star Wars, tout en intégrant une expérience en temps réel impressionnante.

L’équilibre, en physique, désigne une situation où des forces s’opposent de manière exacte, empêchant ainsi tout mouvement ou déséquilibre. Roland Lehoucq commence par analyser une scène emblématique de Star Wars dans laquelle Luke Skywalker s’entraîne sur Dagobah, sous la supervision de Yoda. Luke tente de maintenir une posture d’équilibre complexe, mais cette position est scientifiquement impossible à tenir. La « Force », selon Lehoucq, permet ici de justifier ce qui est physiquement irréalisable. Il aborde également la notion de centre de gravité, un concept clé pour comprendre l’équilibre.

Roland Lehoucq poursuit en analysant le fonctionnement du landspeeder de Luke sur Tatooine, et, sur scène, il réalise une expérience de lévitation par supraconductivité. En utilisant de l’azote liquide, il transforme un matériau en supraconducteur, ce qui permet de reproduire un phénomène de lévitation similaire à celui du landspeeder.

Il aborde ensuite des phénomènes astrophysiques comme les jets de matière produits par les trous noirs pour illustrer comment les principes de propulsion et d’équilibre sont présents à différentes échelles dans l’univers. Il compare cette situation avec l’Étoile de la Mort et l’impact physique de son tir, qui détruit la planète Alderaan. Il propose même un calcul théorique de la puissance colossale nécessaire pour accomplir un tel exploit. Il évoque aussi le mode de propulsion de BB8 et s’amuse avec un gyroscope pour illustrer ce point.

Roland Lehoucq aborde ensuite l’équilibre radiatif de la Terre, un concept essentiel pour comprendre le réchauffement climatique. L’équilibre radiatif repose sur la relation entre l’énergie solaire reçue par la planète et celle qu’elle émet dans l’espace sous forme de rayonnement. À l’instar d’un Jedi cherchant à équilibrer les forces, il est impératif que notre planète maintienne un équilibre entre l’énergie qu’elle reçoit et celle qu’elle émet. Cependant, l’activité humaine, notamment les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone et le méthane, perturbe cet équilibre. Ces gaz augmentent la quantité d’énergie retenue dans l’atmosphère, provoquant une élévation des températures et des bouleversements climatiques globaux. En comparant la Terre à d’autres planètes du système solaire, Roland Lehoucq montre que l’atmosphère joue un rôle crucial dans la régulation thermique. Il explore ensuite les liens entre science-fiction et enjeux écologiques. Il évoque la géo-ingénierie dans Dune de Frank Herbert, où les Fremen tentent de transformer leur planète désertique en un monde plus habitable, en modifiant volontairement son climat. Il fait aussi référence à Choc terminal de Neal Stephenson, où un milliardaire propose d’injecter du dioxyde de soufre dans l’atmosphère pour diminuer le réchauffement climatique. Ce composé, en réfléchissant une partie de la lumière solaire, pourrait temporairement refroidir la Terre. Toutefois, ce type de solution n’est pas sans risques : personne n’aime les pluies acides qui en résultent et c’est un palliatif qui atténue une conséquence mais ne traite pas la cause du problème (l’activité humaine). Roland Lehoucq poursuit en expliquant la complexité des systèmes écologiques et les conséquences des déséquilibres. Il introduit les concepts de rétroaction, où un effet peut amplifier ou atténuer sa cause (par exemple, la fonte des glaces réduisant l’albédo et accélérant ainsi le réchauffement climatique), et de points de bascule, où des seuils critiques, une fois atteints, entraînent des changements irréversibles (comme les extinctions de masse). Il conclut en soulignant l’importance de comprendre et de préserver ces équilibres, qu’ils soient mécaniques, écologiques ou climatiques, afin d’éviter des catastrophes aux conséquences potentiellement irréversibles.

Photos par C.Schlonsok tous droits réservés à l’auteur

Si je peux me permettre un ajout personnel : selon les rapports du GIEC, la situation actuelle n’incite pas à l’optimisme. Il semble que les scénarios apocalyptiques, souvent explorés par la science-fiction, soient plus proches de notre réalité que les utopies solarpunk que nous espérions. Bref, on est mal. Nous avons collectivement cédé

Retrouvez toutes les photos de M. Lhisbei dans cette publication. Pour celleux qui souhaitent rattraper cette conférence, celle-ci s’écoute ici et se visionne là.

Nous vous donnons rendez-vous ici dans quelques jours pour la suite des billets sur les conférences des Utopiales 2024.