To The Moon – Greg Berlanti

To The Moon

Réalisé par Greg Berlanti

Avec Scarlett Johansson, Channing Tatum, Jim Rash, Anna Garcia, Ray Romano, Woody Harrelson, Peter Jacobson, Joe Chrest…

RomCom…

To the Moon est une comédie romantique ancrée dans le contexte de la course à l’espace des années 1960. Kelly Jones, experte en marketing engagée par la NASA, a pour mission de redorer l’image du programme Apollo 11 auprès du public et des décideurs politiques. Son approche pragmatique  entre rapidement en conflit avec Cole Davis, directeur de la mission, homme rigide et idéaliste,  entièrement dévoué à la réussite du projet. Pourtant, au fil des affrontements et des compromis, une romance nait.
Lorsque la Maison-Blanche commence à douter du succès de la mission, elle envoie Moe Berkus, un haut fonctionnaire sans scrupules, pour faire pression sur Kelly et l’obliger à orchestrer un faux alunissage en guise de plan B. D’abord motivée par ses propres intérêts, Kelly se retrouve face à un dilemme moral : doit-elle continuer à manipuler l’image du programme ou défendre le rêve spatial porté par Cole et la NASA ?
Si le scénario repose sur un schéma classique de comédie romantique – l’affrontement entre deux opposés qui finissent par se séduire – To the Moon le décline avec efficacité et fraîcheur. La narration alterne entre moments légers et enjeux dramatiques, portée par des dialogues vifs, parfois mordants, teintés d’humour.

Greg Berlanti propose une mise en scène efficace, mêlant romance, comédie et politique. Les costumes, la lumière et la bande-son nostalgique nous plongent dans l’esthétique des années 60 proche des publicités de l’époque. Reconstitution visuelle soignée des années 60 avec un look rétro élégant.  Les personnages évoluent de manière convaincante. Kelly Jones passe d’une manipulatrice experte en communication à une véritable partisane du programme spatial. Cole Davis apprend à accepter que le storytelling et les public relations deviennent un atout pour mener à bien la mission de la NASA. Moe Berkus, cynique, incarne parfaitement un gouvernement opportuniste qui préfère l’illusion au risque d’un échec public. Scarlett Johansson et Channing Tatum livrent des performances impeccables, et Woody Harrelson semble s’amuser pleinement dans son rôle de manipulateur

… sur fond de course à l’espace

Si To the Moon est avant tout une comédie romantique, son contexte ne se limite pas à une toile de fond. Il est au cœur même du récit et lui donne toute sa saveur. Le film se déroule en pleine guerre froide, alors que les États-Unis et l’URSS s’affrontent dans une compétition technologique et idéologique sans merci. Envoyer un homme sur la Lune avant la fin de la décennie est devenu une priorité nationale après l’annonce de John F. Kennedy en 1961. Mais derrière cette ambition affichée se cachent des tensions et des doutes. L’accident d’Apollo 1 (1967), où trois astronautes périssent dans un incendie, jette le doute sur la faisabilité du projet. Apollo 11 (1969), au-delà de l’exploit scientifique, devient un symbole de la suprématie américaine face au bloc soviétique.

L’un des thèmes majeurs du film est la gestion de l’image par la NASA et le gouvernement américain. Alors que la guerre du Vietnam, la pauvreté et les luttes raciales divisent le pays, la conquête spatiale peine à justifier son coût faramineux. Apollo 11 devient le premier grand événement suivi en direct par des millions de téléspectateurs. Il ne s’agit plus seulement d’une mission scientifique, mais d’un spectacle médiatique destiné à renforcer l’unité nationale et l’image des États-Unis à l’international. Le film illustre comment la perception du public est façonnée par la communication et le marketing. Kelly Jones est recrutée précisément pour cela : vendre le rêve lunaire, convaincre l’opinion publique que cet exploit mérite d’être financé. Des partenariats publicitaires émergent pour capitaliser sur l’événement – la montre Omega portée par les astronautes, devient un objet culte, et la conquête spatiale s’ancre dans la culture populaire.

To the Moon s’amuse également avec la célèbre théorie du complot selon laquelle l’alunissage aurait été tourné en studio. Le film ne remet pas en cause la réalité de l’événement, mais explore la manière dont un gouvernement pourrait, par précaution, orchestrer une version « officielle » au cas où la mission échouerait. Ce jeu avec la frontière entre vérité et mensonge s’inscrit dans une réflexion plus large sur la manipulation des foules.

Enfin, le film rend un véritable hommage à la NASA et aux milliers d’hommes et de femmes qui ont œuvré dans l’ombre pour que l’humanité puisse poser un pied sur la Lune. Même si To the Moon joue avec la fiction et la satire, il célèbre l’ingéniosité et la détermination qui ont rendu possible cet exploit.

Conclusion

Bien plus qu’une comédie romantique, To the Moon interroge avec finesse le pouvoir des images, la construction des récits historiques et l’influence du marketing sur notre perception du réel. Mêlant humour, romance et critique sociétale, il nous replonge dans une époque où science et politique étaient indissociables. Son intrigue reste parfois convenue, mais l’énergie du duo Johansson-Tatum et l’intelligence du propos en font une œuvre rafraîchissante et pertinente.

Une rom-com qui vise la Lune… et qui, à sa manière, l’atteint.

Cet article a 2 commentaires

  1. Baroona

    C’est presque dommage qu’ils en aient fait une comédie romantique un peu cliché. Ou malin d’avoir vendu le film aux producteurs comme une simple comédie romantique mais de proposer un peu plus que ca, ca dépend du point de vue.

  2. Lhisbei

    A priori ça a toujours été conçu comme une comédie romantique sur fond de conquête spatiale. Comme quoi, on peut encore être surpris :p

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