Le Maître du Haut Château – Philip K. Dick

Le Maître du Haut Château

De Philip K. Dick

J’ai Lu – 345 pages

Le Maître du Haut Château n’est pas le roman de Philip K. Dick qui me réconciliera avec l’auteur. De toute façon, Philip et moi avons mal commencé notre relation. Le premier roman que j’ai lu de lui était Le guérisseur de cathédrales (et oui je suis passée à côté d’Ubik). Tous les fans de Dick vous diront que ce n’est pas un roman accessible au néophyte, et je confirmerai bien entendu ce point, mais à l’époque j’achetais encore des livres sur la foi d’un titre intriguant, d’une couverture superbe (fan de Siudmak je suis et je resterai) et d’une quatrième de couverture alléchante. Depuis je fais un peu plus attention (encore que je me suis faite avoir par un Vonnegut il n’y a pas si longtemps que ça) et mes choix de bouquin correspondent un peu plus à mes goûts (c’est mieux avouons-le). Mais, parce Dick est tout de même considéré comme un très « grand » (voire « très grand », voire « génial ») auteur, je ne pouvais pas en rester là. Je suis donc allée fouiner du côté de ses romans mainstream et j’ai choisi Confessions d’un barjo pour une tentative de réconciliation. Bonne pioche puisque j’écrivais dans mon précédent blog (oui j’ai eu d’autres blogs avant celui-ci) ces quelques mots :
« Philip K Dick nous brosse avec humour et un sens de l’horreur particulièrement développé le portrait d’une famille d’américains moyens. Il a une acuité particulière dans l’observation de ses semblables et nous restitue des personnages très réels. Une fois le livre commencé impossible d’en interrompre la lecture.
Respect à l’auteur. »

C’est donc sereine que j’ouvrais les premières pages du Maître du Haut Château, considéré comme une pièce majeure dans l’œuvre de l’auteur, auteur qui a d’ailleurs reçu le Prix Hugo en 1963 pour ce roman. Erreur !

Nous avons affaire à une uchronie en bonne et due forme. L’Allemagne, l’Italie et le Japon ont remporté la Deuxième Guerre mondiale. Les États-Unis coupés en deux territoires occupés par les Allemands d’un côté et par les Japonais de l’autre. A San Francisco, nous suivons plusieurs personnages qui ne sont pas vraiment liés entre eux et dont les “histoires de vie” peinent à captiver. Les personnages utilisent en permanence le Yi-king (Le Livre des transformations) et conditionnent leurs actions aux “oracles” délivrés par ce livre. Résultat, ces personnages semblent être des réceptacles vides, ne sont animés d’aucune vie propre et il m’a été impossible de comprendre les motivations de leurs actes parfois improbables. C’est un procédé narratif qui m’a profondément ennuyée même le questionnement sur le libre-arbitre qui en découle est une thématique intéressante.
Un autre livre est important dans Le Maître du Haut Château : La Sauterelle, un roman uchronique dans lequel un auteur de Sf, Hawthorne Abendsen, imagine que les Alliés ont gagné la guerre. Son histoire alternative ressemble furieusement à la notre. Cette uchronie dans l’uchronie constitue donc le principal intérêt du roman (et le seul suis-je tentée de dire).

Ma lecture a été laborieuse et difficile. Le style de Dick n’est ni fluide ni coulant. Le propos est confus, la narration aussi et de nombreux dialogues sonnent faux. J’avoue avoir pensé « l’abus de substances illicites nuit vraiment à la qualité d’écriture » . Non en fait j’ai pensé : c’est « mal écrit » et ensuite « c’est peut être mal traduit aussi » (parce que j’ai une vieille édition J’ai Lu et que parfois les traductions n’étaient pas à la hauteur) mais rejeter la faute sur le traducteur est un procédé un peu facile. Je ne dirai rien de la fin (et je l’attendais avec impatience cette fin parce qu’elle était censée racheter le livre) mais elle m’a fait l’effet d’un gros pétard mouillé. Bref vous l’avez compris, ce n’est pas demain la veille que je vais relire un roman de Philip K. Dick. Et ne me parlez pas de Ubik, il faut que je digère cette lecture-ci et pour l’instant elle me reste sur l’estomac (d’où l’aigreur perceptible dans ce billet).

Lu en lecture commune avec Cachou, Jérémy Zucchi et XL. Val nous rejoint bientôt.


Challenge Winter Time Travel.

Cet article a 28 commentaires

  1. Anudar

    Je te rassure, il y a pire que toi : Dick, auteur “génial”, encensé en tout cas, moi je n’ai JAMAIS accroché. Ni avec “Le Maître du Haut Château”, ni avec “Blade Runner”, ni avec quoi que ce soit.
    Ses délires quant à la nature du réel ne m’ont jamais parlé. Du reste, si l’on peut dire qu’un auteur de SF est génial avant tout autre, ça ne sera pas Dick mais bel et bien Frank Herbert.

  2. Pitivier

    arf Dick!!!!! C’est clair que c’est pas un auteur facile à lire et ton ressentis me fait un peu penser à ce que j’ai éprouvé pour le dieu venu du centaure sauf javais bien aimé. Mais c’est vrai que c’est souvent un joyeux bordel et que ca peut dérouter voire rebuter. Mais Ubik n’est pas comme ca. Je ne suis pas un expert de Dick, mais de tous les livres que j’ai lu de lui, Ubik est le plus accessible.

  3. endea

    Aie aie aie, ce livre est prévu pour le mois prochain en ce qui me concerne mais ton avis me fait appréhender sa lecture du coup, lol
    Bon je verrai si cela passe ou pas …

  4. Efelle

    J’en garde un bon souvenir en ce qui me concerne…

  5. XL

    tu as réussi à le finir bravo !
    en fait [G]dans la SF [/G]je recherche une certaine forme d’évasion, d’autres possibles… et les auteurs “prise de tête” (récemment Martin Amis m’a fait cet effet aussi) qui en profitent pour présenter une réflexion contemporaine, [G]je les fuis [/G]car je trouve qu’il y a d’autres genres pour ça.

  6. Karine:)

    Oooooh que tu me fais peur, là! Je l’ai acheté (en anglais) pour ton challenge et du coup, je me demande si je vais survivre à cette lecture. Je vais tenter le coup, par contre… en sachant que ce n’est pas facile.

  7. El Jc

    Comme Efelle, j’en garde un bon souvenir. La preuve je l’ai même relu il y a quelques mois, et toujours avec le même plaisir. [Oui]

  8. JainaXF

    Anudar : je suis totalement d’accord, les livres de Dick ne m’ont jamais séduites ! Ubik est encore le plus lisible (mais il reste prise de tête !), mais même celui-là reste dans la catégorie des livres “bof, on en parle beaucoup, mais il n’est pas si génial que ça” !

  9. Jack Kerouac

    Diiiiiiick !!!
    Si vous continuez à commenter à tort et à travers, je vais me fendre d’un commentaire sur [G]Le Maître du Haut Château[/G]. [Papy]
    Votre malaise, peut-être, vient d’un manque de familiarité avec le background culturel de Dick.
    Il n’a fait qu’un court passage à l’université de Berkeley mais il a gardé vivace un sens de l'”inquiétude philosophique” et un goût spéculatif non seulement situationnel mais aussi conceptuel, puis son ouverture New Age, déjà, sur les pensées orientales, ont contribué à étoffer sa réflexion sur la naturel du réel : vérité absolue ou illusion.
    Puis son style est volontairement dépouillé pour mettre en évidence la sensation que chaque personnage habite d’abord et essentiellement son propre monde subjectif, et non le “[I]koinon[/I]” (originellement, “langue commune”, grec athénien), (métaphoriquement, icila réalité commune. Il écrivait aussi très vite, intensément pris dans son monde imaginaire du moment.
    Il joue de ces sauts perceptifs avec une virtuosité parfois déconcertante, et c’est une question de goût, mais moi, en tout cas, je ne saurais hautement apprécier aucun écrit dénué de teneur philosophique, questionnante ou intrigante. Que le lecteur apprenne l’effort, je ne suis pas contre !
    Ouais, bon, il est vrai que je suis philosophe… On peut aussi questionner le “simple plaisir de lecture”, comme je viens de le faire, incidemment, dans mon commentaire sur [G]Rêve de Fer[/G] de Spinrad.
    Puis, faut-il être philosophe pour considérer que la nature de réalité puisse faire problème ? Faut-il demeurer près de Hollywood pour sentir des tremblements de terre autres que physiques ?
    Le livre qui m’a donné la piqure, à 15 ans, était “[G]Simulacres[/G]”, puis “[I]Dr Bloodmoney[/I]”. “[G]Lotterie Solaire[/G]” me semble le point d’entrée parfait. Ensuite j’ai tout lu, même voulu écrire un essai sur la pensée dickienne. Baudrillard y fait référence pour la notion importante chez lui de simulacre, justement. Emmanuel Carrère en a fait un essai. M’enfin…
    [Reflechir]

  10. lael

    comme je le disais chez Cachou, j’ai eu aussi bcp de mal avec ce livre, l’un de ceux que j’ai le moins aimé de Dick, notamment parce que c’est très fouillis. C’est le souci avec Dick, j’adore son originalité, ses trips hallucinants, mais il est parfois très dur à suivre XD en plus ses personnages sont tous border line et c’est déroutant, voire angoissant parfois (surtout quand ça vire à l’horreur, c’est pour ça que j’ai arrêté ‘glissement sur mars’, ma dernière tentative en date de le lire. Pourtant j’aimais beaucoup les thèmes et tout, mais les descriptions macabres… erk).
    Pour en revenir au Maître du chateau, ce qui m’a surtout laissé sur le carreau c’est cette histoire de divination, de Tao ou je ne sais quoi. Eh puis j’ai pas compris pourquoi la nana veut absolument rencontrer l’auteur du roman. Enfin ça commence à dater dans ma mémoire, et c’est un gros bordel lol

  11. Bardablog

    J’avais bien aimé, moi,…
    … quand je l’ai lu la première fois. ca devait être la même édition que celui de Lhisbei (à la différence que je n’étais pas attiré par les couvertures de J’ai Lu à cette époque). C’est vrai que les livres de Dick sont confus et en particulier celui là… On en capte pas très bien pourquoi l’héroïne agit comme elle le fait, ni l’influence de la réplique de Colt 44 sur l’avenir de l’Amérique du Nord. Quant à l’escapade du japonais dans notre (?) univers… Mais je reste un grand fan de Dick, malgré tout… J’en ai lu un en VO (Le guérisseur de cathédrale) et la confusion n’est pas causée par la traduction…[Papy]

  12. Marc

    Dick a un style à part. J’ai en effet du mal à lui reconnaître tout le talent que l’on lui prête généralement en France, mais il n’empêche que j’ai été totalement absorbé par la lecture de ce livre-là. Et cela au point que j’ai commencé à douter de la réalité même de notre passé historique.
    Maintenant concernant tes remarques sur son style, dialogues qui sonnent faux etc. pour ma part je l’ai lu en version originale, je n’en ai pas été si choqué que cela.

  13. Lystig

    je le lis bientôt pour le challenge, donc je ne lis pas la fin du billet !

  14. Cachou

    Tu n’es pas tout à fait en minorité vu que moi qui vénère pourtant cet auteur (comme tu le sais), j’ai aussi trouvé le livre mal écrit, confus et difficile à suivre (même si cela m’a été reproché). Ce n’était en fait vraiment pas le bon livre à lire pour toi. Je reste persuadée que tu pourrais aimer certaines chose de l’auteur. La meilleure manière de le découvrir, à mes yeux, c’est le recueil de nouvelles “Minority Report”, qui recèle de vraies perles et dont l’écriture est en général beaucoup plus fluide.
    Et, effectivement, la traduction y est peut-être pour quelque chose. Mais comme je l’ai lu dans la dernière édition de J’ai Lu, à moins qu’ils n’aient pas fait retraduire le livre, je ne sais pas si on peut vraiment considérer que le problème vient de là.

  15. Guillaume44

    @ Anudar : en auteur génial j’aurais mis Heinlein #troll #fan “groupie @ Lhisbei : j’aime beaucoup Dick mais je reconnais qu’il est très difficile à lire par moments.

  16. Youplala

    Je l’ai lu quand j’étais ado et je dois avouer que je n’en ai gardé quasi aucun souvenir. [:s]
    Ça fait des années que je me dis que je dois en lire un autre de Dick, peut-être Ubik alors… []

  17. Lhisbei

    Oh là ça commence à bastonner ici [la tu vois].
    Bon je vais essayer de répondre dans l’ordre.
    @ Anudar : ce n’est pas la thématique qui ne me parle pas (j’adore quand ce qu’on croit réel n’est qu’illusion) mais là c’est l’écriture de Dick qui m’a posé problème. @ Pitivier : peut être Ubik est-il le plus accessible; Peut être aussi est-il mieux écrit. Parce qu’en fait le débat se situe là et c’est là qu’il est le plus problématique. j’ai l’impression que Le maître du haut château a été écrit avec les pieds … @ Endea : teste et fais-toi ton propre avis [Oui]. j’ai hâte de lire ça.
    @ Efelle : tant mieux []. tu peux me dire quel exemplaire tu as lu ? je verrai si la traduction a été dépoussiérée. (j’ai toujours un doute puisque je ne suis pas fichue de lire en VO dans la langue de Will)
    @ Guillaume : étonnant [mdr]. là aussi nous divergeons. @ XL : Moi j’aime bien quand la SF joue ce rôle. c’est aussi l’une de missions d’alerter, de nous amener à réfléchir sur ce que nous sommes et sur nos actes et leurs conséquences. @ Karine: Je suis sûre que tu survivra. Et j’attends de savoir ce que tu en pense notamment sur le style de l’auteur en VO.
    @ El Jc : je suis contente de et voir ici Pas trop ne manque de blog ?
    @ JainaXF : la prise de tête ne me dérange pas. au contraire. après l’étiquette “génie” est parfois surfaite @ Youplala : il parait que c’est Ubik qu’il faut lire (mais il a la même aura que 1984 et dieu sait que je m’étais ennuyée à lire ce bouquin)
    Je réponds aux derniers commentaires dans une nouvelle fenêtre…

  18. Val

    Enfin fini…Lecture assez laborieuse en fait.
    Simulacres et Ubik resteront mes romans préférés de Dick

  19. Petite Fleur

    Comme toi, j’ai commencé par “Le maître du Haut Chateau” : pas très fluide, la fin bof, mais c’est le concept de l’uchronie dans l’uchronie qui m’a surtout marquée. J’ai mis du temps à me remettre de cette lecture. Et c’est seulement récemment que je me suis lancée dans “Ubik”, beaucoup plus lisible, et dans lequel on découvre beaucoup d’éléments fondateurs de la SF actuelle. Après, l’histoire encore une fois n’est pas ce qui est le plus marquant…

  20. Cachou

    Mais donc pas directement sur la liseuse. Du coup, à part la question du poids, pas forcément d’avantages par rapport au netbook (j’aimerais en avoir un, ce serait tellement pratique pour mes cours)(mais ce n’est pas pour cette année)(quoique, je songe à commencer à jouer au Lotto, des trucs comme ça)(je dis ça, je ne le ferai pas, mais bon…).
    Oui, Levy, Musso et Schmitt, les auteurs préférés de mes élèves (Werber n’est plus à la mode parmi les ados par contre)(mais Nothomb toujours) ^_^. En même temps, je ne leur en veux pas, mais j’ai envie de leur faire découvrir le plaisir d’autres lectures…

  21. Lhisbei

    @ Quiz assurances : quel magnifique pseudo avec un lien vers une belle page … J’espère que le démarchage à domicile ne s’étend pas aux blogs à présent. Si tel est le cas, toi et tes frères serez chassés sans pitié (mais avec un vrai plaisir) de cet éden qu’est mon blog. j’en ai bien assez d’être sollicitée par téléphone tous les jours.

  22. Olya

    Ouaip Bon, je sais pas encore quand est ce que je le lirai par contre. Mais on m’a dit que le tome 3 était le meilleur ^^
    On verra ça quand j’y serai !

  23. Guillaume44

    @ Lhisbei : il m’a fallu du temps avant de remarquer le n°8 en sous-titre, j’en étais déjà rendu à 80 pages. Preuve que cela ne dérange pas beaucoup !

  24. Lhisbei

    @ Loula : j’attends ton billet de pied ferme… [heuu hum]

  25. lutin82

    Oui,! C’est exactement mon ressenti. Très chiant à lire et comme c’est un auteur phare et un roman réputé, j’étais persuadée que c’était moi qui était complétement à côté de la plaque.
    Je vais tenter de digérer cette immense déception et je verai si je me fais un autre Dick.
    Merci!

    1. Lhisbei

      Perso, le seul livre de PK Dick auquel j’ai vraiment accroché est un livre hors genres : Confessions d’un barjo… Je trouve Dick globalement chiant à lire (mais j’évite de le crier sur les toits de peur de me faire coller au bûcher !) Bonne recherche.

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