Pour cette nouvelle édition de la Grande Question du Lundi, nous allons, à nouveau, parler d’édition numérique et plus précisément des DRM.
DRM quésako ? Acronyme de “Digital Rights Management”. Objectif : contrôler par des mesures techniques de protection, l’utilisation qui est faite des œuvres numériques. En clair c’est un verrou censé empêcher le possesseur du fichier numérique d’en faire ce qu’il veut (copier, diffuser etc) et surtout d’en faire des choses pas belles et pas légales qui spolient les auteurs et bafouent leurs droits …
Un principe comme celui-là, dans l’absolu, on ne peut pas être contre. Sauf que de l’absolu à la vraie vie il y a comme un gouffre. Ceux qui me suivent sur FB ne seront pas surpris de ce qui suit puisqu’ils ont déjà eu droit à une partie de l’histoire là-bas. Pour les autres… séance de rattrapage. A Noël, on m’a offert des cartes cadeaux. Cartes cadeaux à dépenser dans une grande enseigne culturelle qui, il fut un temps, professait que le livre n’était pas un produit comme les autres… Bref. Armée d’une de mes cartes cadeaux, je remplis mon panier virtuel de livres bien réels et je me rends compte qu’il me reste 1 euro et des poussières sur la carte. Je décide donc de fureter dans le rayon (virtuel) des livres (virtuels). J’hésite entre une nouvelle de Thomas Day publiée par Le Bélial et L’art d’avoir toujours raison d’Arthur Schopenhauer (éditions Mille et une nuit). Finalement j’opte pour le Schopenhauer parce que celui-là je ne risque pas d’avoir l’occasion de le faire dédicacer. Je peux donc acheter en numérique sans le regretter un jour. Or il s’avère que cet ebook est un ebook avec DRM (au contraire des ebooks du Bélial soit dit en passant). Et que pour lire un ebook sous DRM il faut un identifiant adobe, un logiciel adobe et que ce logiciel soit sur la liseuse. Et c’est là que le cirque commence. Accrochez-vos ceintures ça va secouer. Vérification de la liseuse : elle est bien équipée du logiciel adéquat (ouf!). Je télécharge le logiciel adobe sur le PC (jusque là tout va bien). Je crée un identifiant sur le site (jusqu’ici tout va encore bien même si c’est long). J’entre l’identifiant dans la liseuse. Ma liseuse m’insulte alors violemment. Elle ne les reconnaît pas. Un tour sur le site d’adobe pour résoudre ce léger contretemps. Mazette : impossible de réinitialiser l’identifiant et le mot de passe. Le site me renvoie perpétuellement sur un formulaire vierge quand je valide, sans prendre en compte les modifications. Et la liseuse continue à m’insulter. Je tourne en rond et bourrique (et pas barrique…encore qu’à ce stade une bière ou un verre de blanc aurait calmé mes nerfs en pelote). Habituellement avec un ebook sans DRM, j’ouvre Calibre, je clique sur “Ajouter un livre” puis sur “envoyer à” et hop le fichier est sur ma liseuse. Deux clics, 1minute 30 et le tour est joué. Là, le fichier avec DRM n’est toujours pas dans la liseuse et je m’arrache les cheveux depuis une demi-heure (j’exagère à peine).
A ce stade de l’histoire on peut déjà tirer une première conclusion : il faut être vraiment stupide pour acheter un fichier avec DRM. Les DRM emmerdent les cyberquiches comme moi. Et pour voir un peu sur le net le nombre de livres piratés, je peux dire que ces DRM n’emmerdent QUE le lecteur lambda un peu cyberquiche sur les bords comme moi. Les autres s’en sortent très bien. Et je me suis sentie encore plus conne quand j’ai réalisé que L’art d’avoir toujours raison d’Arthur Schopenhauer était depuis longtemps dans le domaine public et que j’aurais pu avoir tout à fait légalement un ebook gratuit. Là j’ai payé parce que j’aimais bien la maison d’édition. Et que quand j’aime bien un éditeur, j’essaie de le soutenir en achetant les livres qu’il édite. Et dans ce cas précis je me retrouve avec un livre … illisible (“le comble du comble” * … nous sommes en plein dedans là) . Pour le coup ma fibre militante en a pris un sacré coup. Pour ce qui est du soutien à l’indutrie du livre, messieurs les éditeurs, vous ne m’y reprendrez plus.
Revenons à ce fichu fichier qui stagne dans le disque dur de mon PC. Heureusement les amis sur FB sont sympas. Me voyant hurler mon désespoir et ma colère, ils m’ont fourni des tuyaux pour faire sauter les DRM. Et croyez-moi, avec le programme adéquat, il ne faut que deux clics et un copier/coller pour déverrouiller le fichier. Même une cyberquiche comme moi y arrive… c’est dire la simplicité de la manoeuvre. D’ailleurs vous trouverez un tutoriel dans cet article (et dans les commentaires du-dit article, le nom du programme que j’ai utilisé). Une fois les DRM enlevé, j’ai enfin pu mettre le bouquin dans la liseuse en suivant la procédure habituelle (deux clics et une minute trente). Si je résume : pour pouvoir utiliser un fichier que j’avais légalement acheté, j’ai du utiliser une méthode de pirate… Édition numérique, quelque chose en toi ne tourne pas rond, un je ne sais quoi qui me laisse con…. Ce qui prouve au passage que les protections DRM sont totalement inefficaces et que la rémunération des auteurs et des éditeurs n’est pas garantie. Il faudrait donc que les éditeurs se penchent sur d’autres systèmes pour trouver une alternative qui permette la rémunération des acteurs de la filière sans pour autant perdre le consommateur (parce que sans auteurs, pas de livres mais sans lecteurs-acheteurs…).
Et vous savez ce qui est le plus énervant dans l’histoire ? C’est que les éditeurs et les libraires en ligne ne précisent pas la présence ou l’absence de DRM (ou alors il faut fouiller – profondément – dans les descriptifs pour trouver l’info). Ce manque de transparence me révulse. On nous prend vraiment pour des veaux et ça suffit ! C’est pourquoi je vous propose de lister, ici, les éditeurs et collections d’ebooks, avec une clé d’entrée : avec ou sans DRM. Et pour l’instant on commence par les éditeurs SFFF. Personnellement mon choix est fait. Cette liste n’est, bien entendu, pas exhaustive et sera complétée au fur et à mesure des infos recueillies… N’hésitez pas à l’enrichir en commentaire !
Avec DRM :
- Denoël (dont Lunes d’encre)
- Fleuve Noir
- Mille et une nuits
- Pygmalion
- Robert Laffont (dont Ailleurs et demain)
Sans DRM :
- ActuSF
- Ad Astra
- Angle Mort (revue)
- Au Diable Vauvert
- Bragelonne – Milady
- Dystopia
- Le Bélial
- Le Petit Caveau
- Numeriklivres
- Publie.net
- Voy’el
* Le comble du comble : c’est un muet qui dit à un sourd qu’un aveugle les espionne…
eh oui… les DRM et autres protections n’ont de tout temps [S]emm…[/S] embêté que les gens honnêtes !!!
Héhéhé.[Cheese] Situation d’une absurdité délicieuse qui me fait dire “ça ne risque pas de m’arriver”! []
Bah, les livres numériques ce n’est pas développement durable…
euh………… pourquoi 42 ?
Le numérique, c’est le mal, çà fonctionne avec de l’énergie nucléaire [Cheese]
L’edition numérique est confrontée aux mêmes problèmes que la musique ou les jeux vidéos : les DRM n’emm….. que les clients honnêtes. Les pirates, eux, profitent sans peine de ce qu’ils n’ont pas payé.
La solution n’est pas simple à trouver… À part des prix bas et sans DRM, je ne vois pas… Je ne comprends toujours pas comment on peut espérer vendre des bouquins numériques aussi cher qu’en papier. 20€ dans un livre numérique, c’est juste de la folie.
À ce titre, les éditeurs que tu citent vont dans le bon sens. Mais ce ne sont que de “petits” éditeurs. Et tant que les gros ne s’y seront pas mis, ça va freiner l’industrie (en France en tout cas), et donc personne n’osera prendre de risque (car peu de ventes, donc numérique pas rentable), et donc statu quo. Un joli cercle vicieux qui n’arrange personne, sauf… les pirates, encore une fois !
@ Rokdun : en même temps les gens honnêtes vont finir par se faire rare … tout le monde va très vite apprendre à déverrouiller les DRM. ça ne m’empêchera pas d’acheter des ebooks plutôt que de les pirater mais en tout cas je les achèterai sans DRM @ Cachou : non ça c’est sûr
@ Efelle : rien n’est développement durable à l’heure actuelle (papier =traitement chimique pour la fabrication et le recyclage, acheminement, encre nocive etc) @ Lystig : parce que [URL]:url:fr.wikipedia.org/wiki/La_grande_question_sur_la_vie,_l%27univers_et_le_reste[NAME]42[/URL]
@ Xapur : coupe ton PC alors [heuu hum]
@ Lorhkan : en rattrapant sur M6 replay l’émission Capital d’hier j’ai appris que si les éditeurs vendaient aussi cher leurs livres numériques c’était en partie pour protéger les éditions de poche … pour un bouquin dispo en grand format, en poche et en ebook le poche doit rester le moins cher… et la marge pour les éditeurs est bien plus grande sur un ebook (sur le dos de tout le monde…)
Ha zut impossible de télécharger “Le vieil homme et la mer” sur publie.net [Cheese]
Capital et le livre numérique
Coucou Karine ! J’ai regardé également le reportage sur Capital, me demandant si je n’allais pas franchir le pas un de ces quatre par rapport à certaines œuvres -uchroniques bien entendu- ;o)
J’ai perçu différemment l’explication par rapport au prix des bouquins numériques : Pour ma pomme il s’agit surtout de maintenir -artificiellement ?- le Grand Format en vie dans certains cas, de faire plus de bénéfs pour l’éditeur et de continuer à rentabiliser le poche. Là où c’est intéressant c’est qu’on parle d’accord entre groupes éditoriaux pour maintenir un prix fixe sur les livres numériques… ça me rappelle les accords entre boîtes concurrentes par rapport aux forfaits des portables [Cheese]
Avant de sombrer dans la paranoïa et de sortir le lance flammes pour aller exterminer ces hérétiques (au prix du pétrole je me demande si la machette ne serait pas plus écolo finalement) cela serait intéressant de faire un article / Débat sur la question du prix du livre numérique (et de sa protection), le reportage me donnait envie de sauter le pas, mais j’ai la vague impression que pas mal d’éditeurs se contentent d’y voir quelque chose entre un miracle (les ventes vont remonter) et un truc exploitable (les ventes vont re… Ah non ! Ah si tiens).
Ô Grande Déesse éclaire le pauvre pêcheur que je suis !
Bises virtuelles
L’autre jour, j’ai acheté un livre, presque au même prix que son format papier, et shooté au DRM/
La vache ca a été super compliqué de le télécharger et le mettre dans mon sony, c’est avéré impossible.
Il m’a fallut comme toi, comprendre et apprendre à retirer les DRM pour en profiter.
Sur un autre de mes livres, c’est pire. Ce dernier est marqué au fer rouge avec mon nom et mon prénom qui apparaissent en haut toutes les 5-6 pages.
Pratique en cas Alzheimer non ?
C’est pour ça que je ne veux pas de DRM!!
Et oui, j’écris depuis quelque temps déjà et, depuis, janvier je travaille à la création de ma cht’out petite maison d’édition. Un cheval de bataille (encore à l’écurie) : l’ebook. Mais sans DRM, surtout sans DRM. C’est simple je ne veux pas emmerder (je reste poli) mes lecteurs eventuels. Et encore, la mésaventure décrite n’est que la partie émergé de l’ICEBERG. J’ai gratté un peu et j’ai appris que les DRM réduisent aussi l’intéractivité de l’ebook. Boarf, entre ça et les éditeurs qui font des jpeg-book parce que créer un ebook n’est pas si simple, on a pas fini. Ah un dernier détail, on ne peut pas faire d’ebook qui soient bô sur toutes les liseuses. Pas de not’faute, ce sont les marchant de puces qui mettent le boxon. Ah, une remarque, les éditeurs à DRM, dans cette liste, se sont les institutionnels paranos[Papy].
Plein de choses à dire sur ton billet et sur les commentaires mais je vais me limiter à quelques petites choses.
L’ebook coûte moins cher à produire mais n’est pas gratuit. Il faut payer les auteurs (si si un peu), ceux qui fabriquent les ePub and co, les illustrateurs et laisser une marge à l’éditeur. Remarquons que les “petits” éditeurs comme ActuSF ou Publie.net proposent des contrats plus rémunérateurs que les GalliGraSeuil.
50% auteur / 50% reste soit sur un ebook à 2,50 HT 1,25/1,25 euros. Pour percevoir 1,25 selon les contrats habituels à 7/8 % ça donne un livre à 15 euros et qq.
Le reportage de M6 n’était pas terrible.
Avec les DRM les éditeurs (surtout GalliGraSeuil) veulent verrouiller le marché. Ils font la même chose avec la loi sur les oeuvres orphelines et indisponibles. Ce sont des rentiers qui se moquent de la créatioN. Personnellement je n’achète quasiment jamais chez eux. Les “petits” sont plus audacieux. Je préfère claquer 28 euros chez Les Moutons électriques (et tant pis pour les coquilles) pour avoir un vrai bon livre portés par des passionnés que de me taper un bouquin GalliGraSeuil dont on sent bien qu’il est un produit de l’industrie culturelle, un peu comme je préfère aller à la ferme pas trop loin de chez moi plutôt qu’au rayon fruits et légumes de carrauchgéant.
Il y a un système, une chaîne du livre numérique en cours de construction. Ca se fait à coups de tâtonnements (par exemple la lecture en streaming chez certains) mais je pense qu’une partie du système ancien va mourir d’un trop grand appétit du monde éditorial et ce n’est pas en passant sous la coupe d’une sorte de SACEM pour les auteurs/traducteurs/illustrateurs… que ça ira mieux.
(papy fait de la résistance )
Des ebooks gratuits sans DRM…
…Mais en anglais. [Papy]
Baen editions met une partie de son catalogue (David Weber, Harry Harrisson, Lois LcMaster Bujold,..) en accès libre. Pas les livres les plus récents mais de quoi faire… :
:url:www.baenebooks.com/c-1-free-library.aspx
Je conserverai de ton article cette phrase : “pour pouvoir utiliser un fichier que j’avais légalement acheté, j’ai du utiliser une méthode de pirate.” Voilà, tout est dit.
J’aimerais que cette phrase tourne en boucle sur le Web afin d’atteindre les oreilles bouchées de nos éditeurs pro DRM. [grr bouillir]
Si tu le permets, je vais la citer (et faire un lien, of course) dans mon blog.
Hello!
J’ai juste une toute petite remarque à faire, car la liste d’éditeurs avec/sans DRM m’a interpellée. En fait une liste vendeurs avec/sans DRM pourrait aussi être faite : récemment, j’ai acheté un ebook en superpromo sur un célèbre site culturel (je suis pas sûre d’avoir le droit de donner le nom ^^). Le format ne convient pas à ma liseuse, mais s’pas grave, Calibre va m’arranger ça en un tournemain (c’est un Milady, donc supposé sans DRM). Hé ben non, me hurlent les DRM. Bon, j’ai pas pris la même peine que toi, je me suis fait rembourser illico ^^
Je vais quand même jeter un noeil sur un site moins connu mais spécialisé ebooks, je trouve le même livre au même prix et en plus en epub, et… sans DRM!
Si les revendeurs se mettent eux-mêmes à décider de mettre des DRM, on est pas sortis de l’auberge! [heuu hum]
Situation ubuesque …