Complications – Nina Allan

Complications

De Nina Allan

Tristram – 212 pages

Présentation de l’éditeur (je n’ai pas le temps de concocter un résumé et l’éditeur a réalisé un beau travail sur cette présentation)
Les montres ne se contentent pas de donner l’heure. Elles peuvent chronométrer, servir de calendrier, fournir des indications astronomiques. C’est ce que l’on appelle, en horlogerie, des « complications ». Mais si les montres jouent un grand rôle dans chacune des histoires racontées ici, les « complications » très particulières qu’elles provoquent – ou révèlent – ne sont pas seulement horlogères… Dans une maison du sud de Londres, un garçon perd sa soeur bien-aimée dans des circonstances étranges, avant de la voir réapparaître. Sur la plage de Brighton, un autre garçon (le même ?) vit une surprenante expérience temporelle… A mesure que la lecture progresse, on découvre les subtils rouages qui relient toutes ces histoires – entre plaisir et effroi.

Complications est le premier recueil de nouvelles publiées en France de Nina Allan. Six textes le composent :

  • « La chambre noire »
  • « Le char ailé du Temps »
  • « Gardien de mon frère »
  • « Le vent d’argent »
  • « A Rebours »
  • « Chronologie »

Autant l’avouer tout de suite, j’ai failli abandonner la lecture à la fin de la première nouvelle. « La chambre noire » ne m’a absolument pas convaincue. Elle m’a parue confuse et le glissement de réalité opéré tout au long du texte s’est fait dans la douleur pour moi. Sur facebook (oui, maintenant, tout se passe sur les réseaux sociaux), deux personnes que j’estime beaucoup (et qui se reconnaîtront si elles passent par ici), m’ont enjoint à continuer avec cet argument fatal : les autres textes, assez différents de cette nouvelles, sont aussi bien meilleurs. Quand on jette un œil aux crédits en fin d’ouvrages, on s’aperçoit que « La chambre noire » est un ajout de l’éditeur français au recueil traduit (titre V.O. : The Silver Wind). J’ai donc donné une chance au reste du recueil. Mes amis virtuels sont de très bon conseil. « La chambre noire » reste un texte à part. La dernière nouvelle, « Chronologie », répond à la même caractéristique. Étonnamment, elle m’a aussi laissée de marbre. J’ai trouvé ces deux textes un cran en dessous des autres. Et les autres méritent d’être rangés dans la catégorie exceptionnel, c’est dire.

« Le char ailé du Temps », « Gardien de mon frère », « Le vent d’argent » et « A Rebours » se font écho les unes aux autres, sans s’imbriquer puisqu’il s’agit en quelque sorte de mondes parallèles. Ils m’ont littéralement happée. Les montres sont, en vérité, des machines transtemporelles, dont le fonctionnement reste mystérieux. Les personnages croisés dans ces nouvelles, Stephen, Miranda, Dora , Martin Newland, se retrouvent d’une réalité à une autre tout en se révélant différents et/ou changeants selon le narrateur. Seul repère fixe, Andrew Owen, nain habillé en Monsieur Loyal, savant, horloger et inventeur capable de fabriquer ces montres et ces horloges transtemporelles. Toutes les nouvelles sont liées entre elles, même les plus éloignées comme celle qui ouvre et celle qui ferme le recueil. Sans constituer un roman, l’ensemble acquiert pourtant une cohérence et une densité admirable. Le jeu sur la réalité, sur le temps, sur les époques, les glissements, la perte des repère sont admirablement bien maîtrisés (je donne dans la dithyrambe si je veux). Au delà de cette construction, Nina Allan évoque l’amour, le deuil, la famille… la vie dans une évocation subtile, suggérée plutôt qu’expliquée.

« Une belle montre n’est pas seulement un instrument de mesure. Une montre particulière comme celle-ci peut ouvrir certaines portes. »
Nina Allan nous en fait franchir plus d’une, pour notre plus grand plaisir


Challenge SFFF au féminin

Cet article a 4 commentaires

  1. Cachou

    Contente que ça t’ait plu du coup ^_^. J’ai beaucoup aimé la manière dont les nouvelles se répondaient, s’évoquaient. Là, oui, c’est un recueil de nouvelles comme j’aimerais en lire plus souvent…

  2. Lhisbei

    @Cachou : vi, le recueil est construit comme un mécanisme d’horlogerie : minutie et précision dans les rouages.

  3. Lorhkan

    GPI mérité, donc !
    Il m’intéresse de plus en plus ce recueil, j’avais aussi repéré la critique chez Cachou il y a déjà un certain temps…

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