De Jacques Attali
Mise en scène de Christophe Barbier
Avec Jean Alibert, Marianne Basler et Xavier Gallais
Présents Parallèles est une pièce de théâtre en trois actes de Jacques Attali, mise en scène par Christophe Barbier jouée au Théâtre de la Reine Blanche à Paris jusqu’au 3 novembre. C’est une uchronie et elle est revendiquée comme telle. A la Reine Blanche, les sciences et la fiction sont les bienvenus et Elisabeth Bouchaud, la directrice – mais aussi physicienne, actrice, membre du Commissariat à l’énergie atomique et autrice de pièce de théâtre – tente de jeter un pont entre les deux disciplines
La pièce s’ouvre sur une fausse publicité des années des années 50. En France, une voiture volante traverse le ciel de Paris et survole un Arc de Triomphe décoré de deux bannières nazies. Il s’agit d’une Luftwagen. Le ton est donné : l’Allemagne a gagné la seconde guerre mondiale.
Premier acte. A notre époque, version uchronique, un couple répète une pièce tendancieuse et donc dangereuse puisqu’elle imagine une France où les nazis ont été vaincus et où l’héroïne est amoureuse d’un homosexuel. Ils attendent le producteur (Xavier Gallais) qui investira la somme nécessaire à la tenue du spectacle. Les finances du théâtre sont quelque peu fragiles. Marianne Basler joue une actrice qui est aussi la propriétaire du théâtre – dans un monde qui ne lui permet pas trop de faire ce qu’elle veut et on comprend vite que, sans la présence du mari, incarné par Jean Alibert, elle ne pourrait tenir seule le lieu. Son époux conscient que la pièce ne passera pas la censure (et que, si tel était le cas, elle ferait un four monumental, les spectateurs privilégiant le théâtre de boulevard à des oeuvres plus sérieuses ou subversives) tente de raisonner son épouse, passionnée par la pièce et le rôle. A l’arrivée du producteur, la pièce bascule … en 1943 dans un Paris occupé, nouvelle répétition de trois comédiens d’un texte où l’auteur se projetterai en 2016 dans une France sous le joug de l’Allemagne nazie. Puis, pour le troisième acte, retour dans notre réalité où, une directrice de théâtre répète la pièce de son grand-père avec deux comédiens homosexuels… Une pièce dans une pièce dans un pièce, poupées gigognes et mises en abymes qui se terminent par une boucle finale…
A première vue, Présents Parallèles peut paraître compliqué à suivre, mais les transitions se font en douceur et le spectateur s’y retrouve toujours. Le jeu des acteurs et les manipulations des décors (un peu déroutantes tout de même) y sont pour beaucoup. Le décor est minimaliste (une loge, une rangée de siège de théâtre et un portique que l’on retourne à chaque changement d’époque). On regrettera quelques traits forcés (notamment dans la représentation outrancière des acteurs homosexuels dans le troisième acte qui constitue une vraie fausse note). Jacques Attali nous offre quelques considérations et critiques sur le théâtre, le monde des arts (et des paillettes), l’argent, la politique, l’europe, l’histoire, la Résistance et balance quelques petits traits bien sentis à quelques personnalités (règlement de compte ?) – même s’il m’a manqué des références pour les comprendre toutes.
En définitive, Présents Parallèles constitue une bonne surprise avec un fond solide servi par une forme maîtrisée.
Ca a l’air intéressant (mais je doute d’avoir le temps d’aller la voir, à moins qu’ils fassent la tournée des petites salles de banlieue l’année prochaine ^^).
Le soir où j’y étais, la salle était vide (on devait être une vingtaine). J’espère que le public s’est étoffé ensuite, parce que l’avenir d’une tournée n’est pas assuré (dans la mise en abyme sur le théâtre, Attali donne l’impression d’avoir anticipé un « four »)