De Gauthier Guillemin
Albin Michel Imaginaire – 304 pages
Toujours plus loin dans l’exploration
Voyageur a quitté le village des Ondins pour trouver les rivages et ainsi pouvoir conduire le peuple qui l’a adopté au bord de l’océan. Son épouse, Sylve, s’inquiète d’autant plus qu’il tarde à revenir. Les périls du voyage sont nombreux : outre les dangers des forêts du Dômaine, il risque de perdre son chemin ou de se faire fracasser le crâne par les Fomoires, ennemis jurés des Ondins depuis des siècles. Sylve décide de partir à sa recherche. La sédentarité des Ondins signe leur résignation et le renoncement à leurs rêves. Quant au tribut qu’ils payent au seigneur Nardenyllais, il marque leur servitude.
Au delà du voyage et des péripétie de Sylve et de sa compagnie, Gauthier Guillemin nous emmène à la découverte de nouveaux peuples et de leur culture : les Nardenyllais que la soif de connaissance et de pouvoir conduisent à utiliser des procédés bien peu éthiques et respectueux de l’écosystème dans lequel ils évoluent, les Fir Bolgs dont l’apparence nous renvoie aux stéréotypes de l’extra-terrestre de la zone 51, des Nains… Il explore aussi le passé des Ondins. La découverte d’écrits gardés secrets remet en cause l’histoire que les Ondins ont construit de manière à se donner le beau rôle.
Technologie ou magie
Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie disait Arthur C. Clarke. Ici on comprend assez vite que le voyage au travers de seuil qu’empruntent les Fomoires et le Voyageur relève d’une technologie oubliée depuis bien longtemps. Le besoin de compréhension du fonctionnement de cette magie et les compétences complémentaires des Fomoires et Ondins les amène à collaborer et à dépasser une inimitié séculaire, non sans solder quelques comptes auparavant. Du côté des Nardenyllais, la technologie est plus présente d’autant qu’ils exploitent celle des Fir Bolgs capable d’asservir des élémentaires. Magie et technologie sont intimement liées. Mais là où la magie se fonde sur un échange réciproque, la technomagie des Fir Bolgs exploite la nature à son seul profit. C’est bien une notion d’équilibre que met en valeur Gauthier Guillemin. La technologie en elle-même n’est pas mauvaise. Tant qu’elle respecte la nature et qu’elle est utilisée à bon escient elle apporte le progrès. Une vision optimiste pour une fantasy qui l’est tout autant.
Narration et digression
La narration adopte plusieurs point de vue – celui de Sylve, de Quentil, celui de Lakmir’Tell un Fomoire, de Zeneth le seigneur des Nardenyllais … – mais toujours avec un peu de distance qui n’empêche pas l’empathie. Les digressions nombreuses dans la première partie du roman ralentissent le rythme mais permettent de saisir les enjeux, de mettre en place les mécanismes qui vont conduire à l’affrontement final et d’explorer toutes les facettes du monde proposé par Gauthier Guillemin. Le rythme s’accélère ensuite jusqu’au final épique – on reste en fantasy. C’est un beau voyage que nous propose La fin des étiages. Une citation pour terminer :
Les épopées s’écrivent toujours en lettre de sang.
- De Gauthier Guillemin sur le RSF Blog : Rivages
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