Paradox Hotel – Rob Hart

Paradox Hotel

Rob Hart

Belfond – 400 pages. Traduction de Laurent Bury

Time is money

Bienvenue au Paradox Hotel, lieu d’accueil des voyageurs temporels avant ou après leur passage au chronoport d’Einstein. Nous sommes en 2072 et les voyages dans le temps sont devenus possibles, même s’ils restent réservés aux plus fortunés. Seuls les plus riches peuvent s’offrir un séjour dans l’Egypte ancienne, de revivre la bataille de Gettysburg ou d’aller observer le Crétacé Supérieur. January Cole, responsable de la sécurité, doit veiller à ce que les voyageurs respectent des règles strictes : interdiction de laisser une trace, d’interférer avec les événements du passé. Grande est la tentation de corriger une petite erreur ou de vouloir rétablir la justice … Mais cela reste interdit sous peine d’annihiler la réalité. Chaque passage dans le flux temporel altère le cerveau de January, la plongeant dans des dérives temporelles aléatoires entre le passé et le présent, le Décollement, une pathologie qui la condamne à une retraite anticipée mais qui lui permet aussi de voir des événements futurs (mais, bien entendu, personne ne la croira). Elle se refuse à quitter l’hôtel parce qu’elle y rencontre le “fantôme” de Mena, son amour, morte tragiquement dans les cuisines de l’hôtel et dont elle parvient pas à faire le deuil. January découvre un crime impossible dans la chambre 526, un meurtre qui ne s’est pas encore produit et qu’elle seule peut voir. Comme si tout cela ne suffisait pas, elle doit assurer la sécurité d’un sommet entre milliardaires désireux de racheter l’hôtel, qui se trouve avancé de quelques jours alors même que tous les vols dans le temps sont annulés en raison de perturbations temporelles inexpliquées. L’hôtel devient donc le refuge de tous les ultra-riches empêchés de voyager.

Thriller et voyage dans le temps

L’intrigue se concentre sur les menaces qui pèsent sur les épaules de January et sur le Paradox Hotel. Des ultra-riches tentent de s’approprier la technologie du voyage temporel, jusqu’alors gérée par le gouvernement, avec le désir de privatiser cette technologie afin de réécrire l’histoire à leur avantage, sans aucun respect des règles en vigueur. Après tout, innover c’est désobéir et personne ne peut assurer que le flux temporel, qui tend s’autoréguler tout en tolérant quelques modifications mineures,  implosera vraiment en cas de modification. Le consensus scientifique n’est pas un argument recevable (un quelconque parallèle avec le traitement du réchauffement climatique ne serait, bien entendu, que pure interprétation de ma part).
January doit résoudre un crime qui n’a pas encore eu lieu tout en gérant son deuil, son décollement et en capturant trois vélociraptors échappés de leur époque (oui, c’est un clin d’oeil à Jurassik Park). Vous l’avez compris, péripéties et rebondissements s’enchaînent sans répit, agrémentés de nombreux de clins d’oeil. Même si le ton reste léger, l’auteur critique la société capitaliste où le progrès technologique est exploité par les plus fortunés et souligne les inégalités dans l’accès aux avantages du voyage dans le temps. Néanmoins, le roman m’a semblé très formaté et très américano-centré (américain = USA – le reste du monde n’existe tout simplement pas). Toutes les cases habituelles sont cochées : une protagoniste agaçante, désagréable mais attachante (catégorie oiseau blessé que tout le monde aime quand même), une histoire d’amour, une intrigue complexifiée par le voyage temporel et le huis clos, et une multitude de rebondissements entrecoupés de passages tendres et nostalgiques, dans le style divertissant d’un blockbuster hollywoodien.

Une lecture en demi-teinte, donc

Un extrait

Tous ces petits points forment une image. C’était la meilleure façon que j’avais d’expliquer le temps. Le temps est une collection d’instants. Si tu les rassembles, ça donne ton portrait. Être complètement Décollée, c’est pouvoir prendre du recul et te voir telle que tu es.

Cet article a 7 commentaires

  1. Baroona

    Arf, moins enthousiaste que les deux voisins du dessus. Je le mets dans mon esprit dans la catégorie des bons divertissements, ça peut tout de même bien passer à l’occasion.

    1. Lhisbei

      Voilà, c’est ça. Un bon divertissement, efficace, intelligent mais pas prise de tête. Et oui, je suis beaucoup moins enthousiaste que mes deux collègues (parce que je suis assez fan de me faire des noeuds au cerveau à la lecture)

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