La librairie des souvenirs – Yu-jeong Song

La librairie des souvenirs

Yu-jeong Song

Michel Lafon – 288 pages. Traduit du coréen par Niky Guillon

Un soir de pluie

Ji-won, jeune femme meurtrie par la disparition de sa mère survenue sept ans plus tôt, découvre un endroit qui n’est accessible qu’à celles et ceux qui ont perdu tout espoir : la Librairie des Souvenirs. Dans ses rayonnages reposent les existences des visiteurs, chaque tranche de vie consignée sous forme de livre. La gardienne des lieux lui accorde une chance : trois voyages dans son passé, contre un fragment de sa propre espérance de vie. À travers ces retours, Ji-won cherche à réparer l’irréparable — revoir sa mère et empêcher sa mort.

Un roman sur le deuil impossible

Brisée par la perte de sa mère, Ji-won avance comme une ombre, prisonnière de son chagrin. Rongée par la culpabilité, elle se reproche de n’avoir rien vu, rien compris, de ne pas avoir su sauver sa mère.
Dans la librairie, chaque souvenir est devenu un livre qui se feuillette, se relit et, pourquoi pas, se réécrit — comme si l’on pouvait corriger les pages de sa propre vie. Les souvenirs sont aussi ce qui nous construit. Leur oubli ou leur altération modifient notre perception de nous-mêmes et des autres. Cela pose aussi la question des récits qu’on se raconte.

Roman feel good ?

L’amour maternel — inconditionnel, sacrificiel — est au cœur du roman. Le voyage dans le passé devient un processus de réconciliation intérieure. La librairie des Souvenirs est un roman sur le deuil : à chaque retour dans le temps, Ji-won approfondit sa compréhension du lien qui l’unissait à sa mère — elle la revoit, observe son propre comportement d’alors, mesure la portée de l’amour reçu, puis apprend, peu à peu, à vivre sans elle. Chaque souvenir devient une preuve d’amour, et chaque page tournée un pas vers la paix intérieure. Ji-won réalise que le destin n’est pas quelque chose que l’on peut éviter, mais qu’il faut plutôt apprendre à l’accepter.
La libraire veille sur le parcours de Ji-won et l’encourage à faire face à des vérités parfois très profondément enfouies.

Intime et pourtant universel

Le point de vue, entièrement centré sur Ji-won, privilégie une perspective intime et introspective. Le rythme, volontairement lent, accompagne le cours de ses émotions. Le roman alterne entre le temps présent, l’évocation des souvenirs et retours dans le passé. L’écriture, poétique sans emphase, reflète la mélancolie du propos. Rien n’est excessif, tout est murmuré — comme un souvenir qu’on effleure du bout des doigts.

La Librairie des Souvenirs est une fable douce-amère sur le deuil et la résilience. Un roman où la tendresse apaise la douleur, où se souvenir devient une manière d’aimer encore.

Un extrait

– Tu n’as pas besoin d’essayer de devenir qui que ce soit en particulier.
Tu dois vivre pour toi, vivre la vie que tu as envie de mener.
Voilà ce que je veux pour toi.

Pour aller plus loin

  • Lire les avis de (à venir)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.