Steampunk – recueil collectif Elenya

Steampunk

Collectif

Elenya Éditions – 163 pages

Le 15 juin 2013 la maison d’édition Elenya (jeune maison d’édition associative française) donnait le top départ d’un challenge d’écriture. Elle proposait de rédiger une nouvelle se déroulant dans un univers Steampunk de la fin du XXIe siècle en 24h. Les participants au concours ont reçu par mail les consignes suivantes : imaginer une société Steampunk réaliste, la projeter dans le futur et intégrer au cours du récit une créature légendaire récitant une formule magique. Sans négliger le caractère essentiel du format : la chute surprenante. Le tout en vingt-quatre heures chrono.
Un jury a choisi 12 nouvelles sur les 60 textes reçus. Ces nouvelles ont publiées dans recueil collectif que j’ai reçu pour le Prix de l’Uchronie.

Il est nécessaire de garder en tête ce contexte particulier de publication : un concours, une durée limitée pour écrire, des contraintes fortes et une publication dans une maison d’édition associative. En terme de comparaison, on est sur un modèle plus proche du fanzinat (même si le fanzinat ne rémunère que rarement ses auteurs) que de l’édition traditionnelle. A noter : le recueil, à la maquette aérée, contient des illustrations intérieures de bonnes factures (ambiance engrenages et goggles). J’ai repéré des coquilles (« de toute façons » par exemple ; des mots manquants) mais elles ne posent pas de réels problèmes à la lecture. Globalement, j’ai trouvé que les auteurs ont fait preuve d’imagination au regard du thème et des contraintes, et que, compte-tenu du peu de temps qu’ils avaient pour écrire (24h chrono), ils s’en sortaient bien. Un mot aussi sur l’illustration de la couverture, plutôt réussie si on exclut la taille des nibards de la demoiselle (oh, le beau cliché que voilà !)

Revue de détail de ce recueil collectif (perso, j’appelle ça une anthologie mais je ne suis pas au fait de toutes les subtilités du vocabulaire de l’édition).

  • « Une part d’illusion » – Marie-Laure Landais. Le père d’Ernest est condamné à mort par pendaison pour l’assassinat d’un enfant. Ces assassinats se multiplient et, bien involontairement, Ernest en découvre l’auteur. Le thème et les contraintes sont respectés et bien intégrés mais la nouvelle, courte et centrée sur le destin individuel d’Ernest, manque un peu de portée. La chute, amère et funeste, arrive un peu brutalement. J’ai été moyennement convaincue par ce texte.
  • « Terminus des cathédrales » – Sarah Desbuard. Litothoma se rend à Paris pour un héritage. Il est assez maladroit et poissard pour que son voyage constitue une aventure à part entière. Le décor mêlant magie (dans une ambiance proche de Harry Potter) et machines à vapeurs (chevaux mécaniques, engrenages à foison) se révèle plutôt bien réussi. La plume n’est pas dénuée d’une point d’humour ce qui rend la nouvelle très agréable à lire mais l’histoire en elle-même ne retient pas l’attention.
  • « L’étrange boutique de Miss Alice » – Ceinwynn. Miss Alice tient une boutique très particulière dans une société utopique elle aussi très particulière. La nouvelle se tient bien, le lecteur se laisser bercer par la plume de Ceinwynn et conduire vers une chute inattendue. La progression est maîtrisée de bout en bout. L’angle de vue est bien choisi et le traitement adapté. J’ai eu un petit coup de coeur sur ce texte (j’adore les Miss Alice – ceux qui ont lu le texte comprendront).
  • « Machines pour tous » – Muriel Ele. Tomber amoureux quand on est timide, c’est une plaie. Heureusement que les philtres d’amour existent. Sur un thème rabattu, Muriel Ele produit un texte plutôt convaincant, jusqu’à sa chute finale où l’hilarité gagne le lecteur.
  • « Renaissance » – Doris Facciolo. Iris a perdu un bras dans l’accident de train qui a coûté la vie à son père. Sa prothèse mécanique lui donne du fil à retordre. Devenue alchimiste de renom, elle se rend compte que seule la magie de l’Autre Peuple peut lui rendre son intégrité. Bien entendu, la magie n’est jamais gratuite. La nouvelle, plus longue que les précédentes, met en scène le Petit Peuple et une forme de magie séculaire dans un décor steampunk très marqué. Elle aurait mérité d’être un peu retravaillée notamment sur la motivation des personnages secondaires à aider Iris (ils sont trop mal embouchés pour l’aider aussi facilement). A la lecture, il me reste l’impression tenace que cette nouvelle aurait gagné à bénéficier d’un peu plus de temps pour s’étoffer un peu. D’autant qu’on a vraiment envie de mieux connaître Iris.
  • « Le scarabée doré » – Laurent Femenias. Ouch. Pas adhéré du tout à ce texte. Ni sur la narration, ni sur l’histoire. Je n’ai vu que les défauts : un travers avec trop de passage énoncé plutôt que vécus (« Rebecca explique que […] », « elle pense savoir que […]» etc.), une scène de sexe dont on se demande ce qu’elle fiche là (pour pimenter la chute ?)…
  • « Mademoiselle Emilie McKellen » – Rémy Catalan. Où l’on fait la connaissance d’une enquêtrice indépendante sur les traces d’un tueur en série. L’univers foisonne de créatures et de races mi-humaines mi-animales mais aussi de petites innovations technologiques à vapeur sympathiques. L’intrigue reste classique, la chute aussi mais l’histoire se tient bien et se laisse lire.
  • « Crimes et châtiments » – Christophe Gallo. Ce texte me laisse perplexe. Je ne me suis pas intéressée une seconde au destin de ce personnage antipathique, d’ancien juge (le métier de juge consistant essentiellement à décréter la peine de mort au moyen d’outils de torture très élaborés) reconverti dans l’horlogerie de précision (malgré une vue qui baisse).
  • « La guilde » – Yoann Legave. Lunar, apprenti du Professeur Yellow, traque les créatures magiques et les extermine. En parallèle, mais l’un ne va pas sans l’autre, ils sont artistes peintres. Les créatures magiques ont le pouvoir d’amplifier la créativité par leur seule présence. J’ai trouvé que le texte manquait de cohérence et je termine ma lecture sur une impression pour le moins mitigée.
  • « La symphonie de la vapeur » – Sylvain Larosse. Jane est archéologue de formation, et, à ses heures perdues, terroriste ou activiste (selon le point de vue adopté). Par un concours de circonstance, elle se rue sur les traces d’une arme secrète d’une puissance telle qu’elle pourrait rayer un continent et mettre fin à la guerre entre humains et non-humains. Dans ce texte, on trouve beaucoup de thèmes et ils y sont trop à l’étroit. Le point fort de la nouvelle : certaines scènes sont très visuelles et plaisantes (un peu de Rambo par ici, d’Indiana Jones par là).
  • « Double tranchant » – Anthony Boulanger. La nouvelle met en scène le duel entre la technologie incarnée dans l’Ultime, automate ultra-perfectionnée, et la magie portée par le Métamorphe, puissant champion du Petit Peuple réveillé pour mettre fin à la guerre qui oppose humains et crétaures magiques. C’est le deuxième coup de coeur pendant ma lecture de cette anthologie.
  • « Chlorophile » – Rainbow. J’ai toujours un peu de mal avec les textes narrés à la première personne du singulier. Celui-là n’échappe pas à la règle. La nouvelle, courte, joue sur une chute que j’ai vu arriver d’assez loin.


Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2014

SFFF au féminin

Cet article a 3 commentaires

  1. Rainbow

    D’accord, mais encore ?

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