Acacia
Livre premier : La guerre du Mein
De David Anthony Durham
Le Pré aux Clercs – 679 pages
Acacia, un empire prospère et solide mais dont les fondations reposent sur un trafic d’esclaves avec les contrées lointaines par de là les mers et sur le trafic de la brume, une puissante drogue à fumer qui maintient le peuple dans une soumission absolue.
Acacia, une île, couverte d’acacias centenaires et siège du gouvernement de l’empire. Le roi Léodan Akaran, souverain absolu, idéaliste et qui souhaite plus que tout être juste, veuf inconsolable, y vit avec ses quatre enfants. Aliver prince et futur roi, Corinn jeune princesse qui voudrait être une dame, Dariel, enfant turbulent et aventurier et Mena, garçon manqué à l’esprit affûté.
Les Meins sont un peuple exilé sur les lointaines et glaciales terres du Nord depuis le début du règne des Akaran. La haine que les Meins vouent aux Akarans est attisée en permanence par les Tunishnevres, leurs ancêtres dont les corps restent intact en attendant le jour du Réveil et dont les âmes parlent aux vivants. Le moment est venu pour Hanish Mein et ses frères de faire cesser le règne d’Acacia. Thasren Mein sacrifie sa vie pour assassiner Leodan Akaran puis Hanish et Maeander, après s’être alliés aux Numreks, une peuplade dont la barbarie atteint des sommets, partent à la conquête de l’empire Acacian. Leodan espère l’aide de son chancelier pour mettre ses enfants à l’abri aux quatre coins de l’empire.
C’est ainsi que débute La guerre du Mein premier volet d’une trilogie de Fantasy mêlant intrigues politiques, guerres et magie. Il n’y a rien de vraiment nouveau dans ce livre : on y trouve des rois, des guildes du commerce, des pirates, un empire vaste patchwork de peuplades différentes, des intrigues de palais, des batailles, de la magie, des héros charismatiques mais traditionnels du genre. Alors pourquoi ce livre parvient-il à happer aussi sûrement le lecteur sur près de 700 pages ?
Parce que l’auteur a du talent (talent que le traducteur n’a pas trahi). Son histoire est prenante pour qui aime les intrigues un peu plus élaborées que le Bien vs le Mal. L’envers du décor traditionnel de la fantasy (palais fastueux, belles étoffes…) est rendu de manière très réaliste par le traitement de la source des revenus de l’empire et les compromissions faites par un roi idéaliste mais au pouvoirs limités par les intérêts des puissantes guildes du commerce. Le trafic d’esclave, la domination du peuple par la brume, l’exploitation du plus grand nombre pour le plaisir de quelques uns (comme par exemple dans les mines) apportent une profondeur au roman. Les précédentes œuvres de David Anthony Durham étaient des romans historiques et cela se sent dans Acacia : à défaut d’une documentation solide l’auteur a su créer de toutes pièces une monde complexe qui a donné un « background » consistant traité sur un mode réaliste plutôt que fantaisiste. L’impact du roman n’en est que plus fort. Les personnages, bien qu’archétypaux, évitent le manichéisme et sont attachants. La narration alterne les points de vue des protagonistes sans jamais perdre le lecteur ni perturber la chronologie des évènements.
Acacia, en plus d’être un bon livre, est aussi un beau livre : police de caractère racée, maquette soignée, papier blanc éclatant, au grain très fin et doux au toucher, couverture dont le titre procure un léger relief (idem sur la tranche). On a l’impression d’avoir en main un objet luxueux (pour le prix d’un livre plus basique ce qui ne gâche rien). Le lecteur est comblé sur la forme comme sur le fond. Alors pourquoi bouder son plaisir ?
- L’avis de Sandrine Brugot Maillard sur son blog.
Tout à fait le genre de livres à me réconcilier avec la fantasy, c’est très réussi
Voilà qui est fort tentant, déjà que j’aime la fantasy, enfin la bonne évidemment
Sandrine : oui c’est très réussi. dommage qu’il faille attendre longtemps pour pouvoir lire la suite [Triste ouin]
Yueyin : c’est bon la tentation []
Plus que quelques pages à lire, j’ai bien aimé dans l’ensemble. Le dépaysement est là et les personnages ne sont en effet pas manichéens. Par contre, j’y ai vu pas mal de parallèles avec Dune de Herbert, je reviendrai sur ce point dans ma chronique.