42 – La Grande Question du Lundi (5)

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Il y a avait longtemps qu’on n’avait pas réfléchi sur ce blog. On s’amuse, on lit, on chronique, on rigole, mais faire marcher les petites cellules grises, on ne le fait pas trop souvent (les neurones ça s’use si on s’en sert et, personnellement, je tiens à garder les miens en bon état de marche le plus longtemps possible). Mais voila, ça ne pouvait pas durer. Il fallait bien, qu’un jour, quelqu’un se pointe avec une question intelligente. Ici c’est Blop qui, en plein milieu des vacances (qu’elle ne soit pas remerciée de troubler ainsi notre léthargie estivale), reprend avec pertinence, la non moins pertinente question posée par Sylvie Denis (qu’il faudra bien que je lise un de ces jour, car honte à moi, je n’ai encore jamais croisé un de ses textes – sauf des traductions).

Soit dit en passant, il faudrait que les auteurs, notamment les auteurs de SF, notoirement connus pour ce défaut rédhibitoire qui consiste à avoir la capacité de mettre en branle leur cerveau pour avancer des idées bien trop éloignées des lieux communs habituels, arrêtent de se poser des questions et de nous les poser, simplets que nous sommes. Laissez-nous patauger dans notre inconscience niaise bon sang ! Nous ne voulons pas prendre conscience du réchauffement climatique, des dégâts de la surpopulation et de la pollution inhérente à notre activité humaine délirante, de la dégradation de notre planète et de notre incapacité à répartir entre tous nos “richesses” (l’eau et la nourriture en premier) et de notre indécrottable égoïsme qui nous donne le super-pouvoir de nous éradiquer à petit feu et dans d’atroces souffrances (désolée pour les génération à venir mais c’est ce qui vous attend, les enfants, on vous a emprunté la Terre mais on ne compte pas vous la rendre dans l’état dans lequel nous l’avons trouvée et, ne vous leurrez pas, vous pouvez vous asseoir sur les intérêts).  *

Mais revenons à nos moutons, Blop a le mérite de ressusciter cette rubrique où l’on tentait de réfléchir un peu : la Grande Question du Lundi (mais de toute façon la réponse étant 42, on n’est pas obligé de réfléchir vraiment).

Voici la question posée par Sylvie Denis dans cet article de Génération Science-Fiction :

Pour quelle raison bizarre et irrationnelle des êtres humains adultes, responsables et occidentaux, pourvus pour la plupart de conjoints et de progéniture, de métiers, de positions sociales même, enfin bref, des gens comme vous et moi, lisent-ils des histoires d’empires galactiques, de batailles spatiales, d’aventuriers stellaires et autres fariboles situées dans des futurs aussi lointains qu’improbables ?”

Et Blop de nous refiler la patate chaude sous forme de tag aux blogueurs de Planète SF

J’ai bien une hypothèse de réponse** mais elle est déprimante. Si nous sommes vraiment des êtres humains adultes et responsables, nous lisons ces fariboles pour échapper à la FOLIE qui nous menace. Quel adulte responsable et réfléchi pourrait regarder le monde tel qu’il est sans sombrer, au mieux, dans la dépression, au pire, dans la folie ? D’où le besoin de s’abrutir, peu importe le moyen. Les plus sensés d’entre nous se tournant vers un genre, la SF, qui leur permettra peut être d’envisager notre présent et notre avenir, voire d’y réfléchir, sans avoir besoin de deux boites de Lexomil… ***

Mr Lhisbei a une autre hypothèse : l’homme est nomade dans l’âme (il l’était avant d’inventer un truc qui a fait basculer le monde du côté obscur de la force : la culture (agraire) et son corollaire, la propriété terrienne). Il a donc besoin de se déplacer ; et il se déplace en suivant les ressources disponibles (la bouffe d’abord, la richesse ensuite). Il compare la soif de space-opera et le désir de conquérir l’espace à la fièvre de l’or et à la conquête de l’ouest américain (voire même aux  explorations maritimes de Colomb et Magellan). En plus de la curiosité naturelle (qu’est-ce qu’il y a là bas derrière la colline l’étoile au fond à gauche du ciel ?), et la totale liberté qu’incarne à la perfection Yan Solo (il a son vaisseau, il poutre comme il veut qui il veut et fuck le reste du world), la possibilité de richesse nous pousserait à vouloir sortir de notre atmosphère. Ce qui lui fait dire que si, un jour, il devient économiquement rentable d’aller exploiter Mars ou les astéroïdes de la ceinture de Kuiper (ou qu’on a plus le choix parce qu’on aura usé notre planète jusqu’à la corde…) et bien soudainement nous développerons la capacité à nous y rendre… (après tout la guerre froide a bien envoyé des Américains sur la Lune). ****


* il parait qu’un pan de la SF peut être qualifiée d’optimiste… si, si, ce n’est pas une légende urbaine

** à toutes fins utiles je rappelle la réponse donnée à Gromovar dans une interview :
Que trouves-tu dans cette littérature de genre ?
De quoi me nourrir les neurones : une dose de réflexion, une pointe d’évasion, une part de rêve et un soupçon d’utopie (un monde meilleur…)

*** je suis très optimiste mais comme le disait Peter Ustinov : L’optimiste est celui qui sait à quel point le monde peut être triste. Le pessimiste, celui qui le découvre tous les jours

**** Mr Lhisbei est donc beaucoup plus optimiste que moi (encore que sans illusions sur la nature humaine) et ce n’est pas plus mal (il m’évite le Lexomil). Et d’ailleurs, de nous deux, c’est lui qui a le cerveau et l’économise le moins.

PS : Je remercie Jeanne-A Debats pour avoir remis à la mode les notes en bas de page de billet.

PPS : Si vous voulez une VRAIE réponse je vous invite à passer chez Blop et chez Anudar… et puis aussi chez Grom’, Cédric Ferrand sur Hugin & Munin, Val, Thom, Stéphane Gallay

Cet article a 12 commentaires

  1. The Bursar

    Je pencherai pour ton hypothèse mais en ajoutant que la Sf offre une vision optimiste du futur, même quand le futur décrit est apocalyptique ou injuste, car il y a toujours des êtres humains ou à défaut, des êtres pensants, parce qu’il faut bien qu’il y ait une histoire.
    Donc on a souvent accès à un monde où l’humanité a réussi à survivre ou n’est pas parvenu à éradiquer toute étincelle de vie par ses actions, ce qui vu la situation actuelle est un postulat optimiste.

  2. Lystig

    pas forcément une vision optimiste, mais une vision, une échappatoire, mais bon, quand Thomas More a inventé l’utopie, il a créé un genre… vive la SF, l’anticipation, le fantastique (et toute la philo qu’il y a derrière)

  3. lael

    je pense que la réponse peut être multiple, toutes ces hypothèses peuvent cohabiter pacifiquement. Sinon je trouve que la SF est porteur d’espoir : c’est mieux voir le présent et savoir quel futur éviter, pour mieux construire son avenir. (une boite de doliprane est inclus dans ma phrase lol)
    Je préfère ça que de faire l’autruche ou de m’abreuver de policiers (jme demande d’ailleurs quel sens on peut donner à l’explosion de ce genre là.)

  4. Blop

    Mais c’est une vraie réponse !! Et vos idées ont le mérite d’être complémentaires. Merci !

  5. Jeanne

    optimisme
    Perso: je refuse CATEGORIQUEMENT d’être un adulte responsable.*
    * tout s’explique**
    ** D’ailleurs en ce qui concerne la NdBdB je t’invite à mon dernier billet, Lhisbei, dear

  6. Lhisbei

    @ The Bursar : un truc chiant avec les optimistes : ils trouvent toujours de bonnes raisons de l’être même si tout tend à leur prouver qu’ils sont dans une merde noire… @ Lystig : amen !
    @ Lael : les policiers (notamment les thrillers actuels) et la SF ont un point commun : ils montrent tous deux notre société et l’être humain sans fard, dans ce qu’elle a de pire. La Sf par un jeu de décalage dans le temps ou grâce à une lentille grossissante sur une thématique particulière et souvent à l’échelle d’une société. Le thriller par le prisme des pulsions et des déviances individuelles, produits de nos sociétés modernes où tout va pour le mieux n’est-ce pas … Le seul avantage du thriller (et ce qui fait que le genre a explosé contrairement à la SF selon moi) c’est que le monde qu’il donne à voir nous est familier puisque c’est celui dans lequel nous vivons. Il est plus facile d’accès que les mondes parfois étranges et exotiques que nous offre la SF.
    et ceci est probablement le commentaire le plus intelligent que j’ai fait sur ce blog… faudrait pas que ça se renouvelle trop souvent sinon, bientôt, on causera sérieusement ici… [la tu vois]
    @ Blop : et je ne te remercie pas [mdr]
    @ Jeanne : un adulte responsable n’écrit [G]pas[/G] de la SF de toute façon. il écrit de la Blanche (et ne la sniffe pas).
    pour les notes en bas de billet, j’ai vu ton billet du jour et celui de Sybille. Mais c’est comme les smileys une fois qu’on y a goûté difficile de se désintoxiquer… Et bientôt je serai mûre pour lire de l’Antéchrist n°1 et n°3 (et merde je crois que c’est déjà fait). et ce soir je parle d’une publication d’Antéchrist n°4 qui n’est que la fille à peine cachée d’Antéchrist n°1
    OMG je suis sur la pente de la déviance… à cette allure-là je finirai optimiste [heuu hum]

  7. Guillaume44

    @ Lhisbei : un adulte responsable écrit à la rigueur de la bit-litt ou de l’urban fantasy, car ça au moins ça se vend…

  8. Maëlig

    J’aime bien l’explication de M. Lhisbei, c’est une idée intéressante.

  9. M.Lhisbei

    @ Maëmiq merci,ouf enfin quelqu’un de sensé[Bravo], c’est certain mon idée est intéressante et juste[Heeehooo]. Nous avons besoin de conquêtes et de nouveaux horizons[Papy], lorsque nous avons épuisé toutes les ressources du coin. [Help]

  10. Val

    J’ai bien aimé ta première hypothèse moi

  11. NicK

    SF optimiste : “Space, The Final Frontier” (et merci à Mr Spock)
    SF pessimiste : le cyberpunk.
    Entre les 2, je préfère l’anticipation post-cyberpunk à tendance apocalyptique (mais chacun sa came). Je ne répond pas à la question ? euh… Stéphanie de Monaco ! [heuu hum]

  12. GeishaNellie

    Je me permet une réponse plutôt perso : un désir ardent de garder une part de cet imaginaire que l’on attribue qu’aux enfants et que, semble-t-il, nous devrions tuer dès notre arrivée dans l’âge adulte. Mais que nous apporteraient de nous vautrer dans ce sérieux qui ne fait, finalement que nous stresser un peu plus tous les jours (le travail sans fin le fait bien tout seul !) et nous attrister. Je tiens à mon imaginaire et à celui de tous les auteurs qui écrivent dans ce genre, sans lui nous ne serions que des robots travaillant de 9h à 17h n’ayant plus cette étincelle magique qui le pousse à rêver et créer. Et finalement, certains livres sont aussi un avertissement pour le futur. Vous voyez comme c’est utile !

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