Avoir (ou pas) la dent dure.
Pour cette nouvelle édition de la Grande Question du Lundi (décalée à mardi pour cause de billet sur les parutions hier), j’aimerai partager avec vous quelques réflexions philosophiques (philo de comptoir comme il se doit pour un blog) sur la manière de bloguer. On m’a gentiment (et parfois moins gentiment) reproché plusieurs choses : je ne chronique pas assez, je remplis mon blog de vide (si, si, l’air qu’on brasse prend de la place et du temps : 1486 billets et 10 894 commentaires hier à 22:03 pour être précis) ou de trucs inutiles, je suis trop gentille, trop consensuelle dans mes chroniques et, enfin, je lis des bouses ou mieux je perds mon temps à lire des trucs nuls (et j’ai, en outre, le mauvais goût d’en aimer quelques unes). Bref j’ai le « blogging » mou.
A ça je pourrais répondre OSEF (on s’en fout) et FTW (fuck the world), c’est MON blog, et je fais ce que JE veux sur MON blog. Et si t’es pas content, [insérer une phrase bien célèbre d’un ex président à la dent droite dure]. Sauf que ça n’irait pas très loin et que, tout de même, je passe suffisamment de temps sur ce blog pour dire qu’il me tient à coeur et qu’une réponse aussi basique et agressive (car, oui, elle est agressive) ne lui correspond pas (et par ricochet, ne me correspond pas non plus, je préfère la pédagogie au coup de boule, même si parfois le coup de boule se révèle nécessaire). Et vous, pauvres visiteurs échoués sur ce billet, ne méritez pas quand même pas ça.
Aux critiques sur le nombre de billets portant sur les livres (pour un blog littéraire, tu ne chroniques pas assez !) et sur le remplissage par le néant, je voudrais juste opposer un fait : la ligne « éditoriale » de ce blog. Ce n’est pas un blog littéraire. Ce n’est pas qu‘un blog littéraire, plutôt. Regardez bien, c’est écrit dans le bandeau : nouvelles de la galaxie, des littératures de l’imaginaire, critiques livres, critiques ciné. Ce blog n’a donc pas vocation à ne parler que de livres. Il parle de SF, de fantasy, de fantastique, d’espace et de rêve. Et le livre n’est qu’un moyen; le ciné aussi. Ce blog parle donc de SFFF et de ses manifestations. Et il va continuer à le faire, de la même façon pendant encore quelques années (jusqu’à ce que j’en ai ras la casquette).
Aux critiques sur le fond des chroniques/critiques, on pourrait ouvrir un débat sur « qu’est-ce qu’être critique ? », « comment être un bon critique ? » etc. Ce n’est pas le but (ce débat est de toute manière condamné à tourner en rond). Je vais me contenter de vous exposer mon intention et ma façon de faire. Pour qu’on soit au clair sur ce que vous êtes en droit d’attendre de mes billets quand vous venez chez moi, sur le RSFBlog.
Quand je rédige un billet sur un livre et sur un film je veux que les visiteurs du RSFBlog qui n’ont pas lu le livre ou vu le film puissent se dire « ce film est probablement pour moi » ou l’inverse. Ce qui veut dire que je dois donner des points de repères factuels, objectifs et neutres (dépourvus de jugement de valeur) avant même de donner mon avis. Et, quand je donne mon avis (qui n’est QUE mon avis à savoir un avis subjectif et partial), je garde à l’esprit que cet avis s’inscrit dans un cadre de référence (je lis de la SF, de la fantasy et du fantastique depuis un certain temps et un temps certain), dans un contexte de lecture (à chaud, à froid) et qu’il n’est que le reflet de mes goûts (et je ne goûte pas la romance paranormale par exemple). Par corollaire, je ne peux pas dire « ce roman de vampires est nul ». Parce que s’il est nul pour une vieille rombière de 36 balais qui a déjà lu 25 romans de vampires traités plus ou moins de la même façon, il peut être très bien (et super original) pour un/une néophyte en vampires (ex ma mère qui n’en lit jamais et n’en lira probablement jamais). Oh bien sûr certains éléments objectifs et factuels (structure, grammaire/orthographe, rythme, profondeur des personnages etc) peuvent me permettre de dire que ce roman est raté ou que l’éditeur n’a pas fait son job correctement mais, pour autant, je ne vais pas le condamner. Parce que je garde à l’esprit que, plus jeune (dans le sens « moins aguerrie sur les territoires de la SFFF »), j’ai pris beaucoup de plaisir à lire des romans que je qualifierais à présent de raté si je les relisais : romans mal traduits ou bourrés de coquilles, mal fichus, avec des décors en carton pâte et des personnages sans vie etc. Un exemple tout bête : j’ai essayé de relire Pern dans ma vieille édition Pocket et les coquilles m’ont sauté aux yeux. Les traductions ne sont pas harmonisées et le vocabulaire change d’un bouquin à un autre. Sur le fond je suis sûre que, sur la totalité du cycle, certains romans pourraient être qualifiés de « mineurs » voire de « dispensables » (hypothèse spéculative : je reste persuadée que Pern c’est bon du début à la fin du cycle… ne cherchez pas, je ne brûlerai pas mes idoles). Si je relisais maintenant Pern, je trouverais probablement que certains bouquins sont ratés (nous sommes toujours dans la spéculation, Anne McCaffrey est, dans mon panthéon polythéiste personnel, la plus importante des déesses). Pour autant, il y a 15 ans, Pern m’a donné des ailes. Je me suis enquillée la lecture de la totalité du cycle sans jamais être déçue. Si je condamnais Pern maintenant, du haut de ma suffisance de vieille rombière, je condamnerais aussi la jeune lectrice enthousiaste qui voyait des mondes entiers prendre vie devant ses yeux et je fermerais la porte de ces mondes à d’autres (jeunes ou moins jeunes) lecteurs. Je renierais mon passé. Je me renierais moi.
Tout le monde a un parcours de lecteur. Tout le monde a le droit d’avoir un parcours biscornu, atypique, différent et personne n’a le droit de juger de ce parcours. Mon intention quand je parle d’un livre n’est pas d’en prescrire, d’en recommander ou pas la lecture (je ne suis pas et ne serai donc jamais un prescripteur sauf avec mes COUPS DE COEUR parce que le coeur a ses raisons que la raison …). Mon intention est de faire le passeur, de permettre la rencontre, d’entrouvrir des portes. A chacun de voir si cette porte doit être franchie. La lecture est une des expériences les plus personnelles qui soit. Je ne m’arrogerai jamais le droit de polluer d’un jugement de valeur l’expérience de lecture des autres. Et je n’accorde à personne ce droit en ce qui concerne mes propres expériences de lecture. Et tant pis si ça me fait bloguer mou.
« Parce que je garde à l’esprit que, plus jeune (dans le sens « moins aguerrie sur les territoires de la SFFF »), j’ai pris beaucoup de plaisir à lire des romans que je qualifierais à présent de raté si je les relisais »
Itou. Je suis d’ailleurs sûre que, dans vingt ans, je trouverai certaines de mes grandes références actuelles niaises ou décevantes. Et c’est tant mieux, parce que ça voudra dire que je lirai encore des trucs différents (j’ai la hantise de devenir une lectrice qui lit tout le temps les mêmes livres, les mêmes auteurs et/ou les mêmes histoires).
Je reste persuadée que les blogueurs qui cassent dur (avec jeux de mots en veux-tu en voila et avis à l’emporte-pièce donnés comme universels qui peuvent aller avec ce genre de billet) sont lus non pas pour avoir des idées de lecture mais pour le plaisir de la prose cassante. Ce qui est un choix (et du lecteur, et du blogueur). Mais pas le mien. Ni le tien apparemment. Surtout qu’après, il faut faire avec les commentaires qui vont avec ce type d’avis ;-p.
PS: Oh, le format des commentaires a changé! Plus de smileys?
L’important c’est le factuel, et la proximité que certains lecteurs trouvent avec ton blog qui leur permet de dire « Si ça lui plait, ça devrait me plaire ».
@ Cachou : la grosse polémique de hier soir sur CB a été les changements dans les commentaires (CB ne transmettait plus l’adresse mail – pas pratique pour contacter en off les commentateurs ; disparition du script pour les smiley) et les bugs (plus d »affichage du gravatar par ex). tempête dans un verre d’eau d’ailleurs; A côté mes 42 sont de la gnognottes Le plus pénible chez les gens cassant c’est que même leurs compliments recèlent une vacherie …
@ Gromovar : oui l’important c’est le factuel. Mais il y a un point qui me chiffonne : le degré de subjectivité de l’interprétation des faits qui suit généralement. Sans compter que pour une critique négative il faut encore mieux argumenter parait-il. ce qui fait que la critique est encore plus négative puisqu’on va empiler un nombre de faits impressionnants pour justifier son avis : au lieu d’avoir une critique négative, on aura une dissertation négative… ^^
« Si je condamnais Pern maintenant, du haut de ma suffisance de vieille rombière, je condamnerais aussi la jeune lectrice enthousiaste qui voyait des mondes entiers prendre vie devant ses yeux et je fermerais la porte de ces mondes à d’autres (jeunes ou moins jeunes) lecteurs. Je renierais mon passé. Je me renierais moi. »
Tu viens de résumer 5 mois de relecture pendant laquelle j’ai jamais réussi à émettre ne serait-ce qu’une seule critique sur son oeuvre ou presque xD
Sinon pour ce qui est du format de ton blog, moi j’aime bien tout ce que tu publies en dehors des critiques de livres d’abord (parce qu’on sent une démarche derrière, et aussi parce que je peux lire ça discrètement du boulot contrairement à beaucoup de sites qui ne diffusent que des flux partiels *sors*). Et les critiques aussi je les aime, parce que je suis assez phase en avec (et quand y’a des blogs où ce n’est pas le cas, j’y passe de moins en moins j’ai remarqué). La preuve, je déteste les gros paragraphes qui manquent d’aération et je les lis quand même jusqu’au bout *sors très loin même*
Encore ce serpent de mer (et encore les serpents de mer j’aime bien, parlez moi d’un kraken) alors quoi bloguer ce serait seulement casser du bouquin et montrer tout ce qui ne va pas en ce bas monde ? sinon c’est mou ? pffff moi j’aime les avis positifs (même subjectifs), les billets rosses me font parfois sourire mais je n’accroche pas vraiment aux blogs rosses (il y en a dit-on ). Il y a tellement de livre à lire, je préfère parler de ceux qui me plaisent et lire à propos de ceux qui t’ont plu (même pour de mauvaises raisons) (si le truc victorien zombie n’avait pas été si cher je me serais peut être laissé tenter et j’ai même pas honte) et si les autres (livres) tombent dans l’oubli sans avoir subi les foudres de ma prose vengeresse grand bien leur fasse… who cares ! bon enfin pour la petite histoire, moi j’aime bien ton blog voilà quoi, c’est objectif ou pas ?
Mais enfin, qui sont ceux qui se permettent de juger les autres et ce qu’ils écrivent sur leurs blogs ? Je trouve ça vraiment fort de bouchon !!
Enfin ta réponse me plait beaucoup en tout cas
Et tu sais quoi ? La Ballade de Pern, coquilles ou pas, plaît aussi comme première lecture à une quarantenaire, xD Je dirais même plus, j’adore et tant pis si ce n’est pas parfait.
Bon je conclurai par le fait que j’aime beaucoup lire ton blog et que je n’ai pas l’intention d’arrêter de sitôt ^^
Pern, c’est pour les ados ou les jeunes. Une fois passé un certain age tu peux ne plus aprécier (c’est mon cas de beaucoup de livre de McCaffrey) (et ça c’est mon coté troll poilu)(na !)
+ 1 avec Gromovar et de même avec Endea !
DES NOMS ! DES NOMS ! DES NOMS ! DES NOMS !
ENSUITE OUVRONS UNE PAGE FACEBOOK POUR LES VOUER AUX GEMONIES !
DES NOMS ! DES NOMS !
Plus sérieusement, c’est curieux ce genre de critique d’où l’interrogation quant à leurs provenances que je partage avec Endea.
Quant à Pern mon point de vue n’a pas changé, il y a de l’incontournable et de l’alimentaire dans le cycle, confirmé par mes relectures.
Je pense qu’il faut de tout. Ensuite chacun va où il veut. C’est pas comme si la blogo était pas assez grande Sinon je suis un brin curieuse sur ce qui a déclenché ce billet, mais je me contiens je me contiens :p *file en douce une pancarte avec écrit « des noms » dessus à Efelle*
NicK
C’est fort ça de faire ce genre de réflexions ! En tout cas j’aime beaucoup ta réponse dans laquelle je me retrouve tout à fait !
Moi non plus, je n’aime pas être méchant pour être méchant, ça ne sert à rien, ce n’est pas constructif. J’ai même vu des blogs (littéraires pour ce qui nous réunit) tenus par des gens qui j’en suis sûr lisent beaucoup (c’est bien), mais qui ne publient quasiment que sur ce qu’ils n’ont pas aimé (c’est mois bien…) ! Mais ça plait à certaines personnes… Grand bien leur fasse ! Ce n’est pas ma came…
Oh mais c’est devenue une épidémie sur la bloggosphère tout le monde se fait dire des comms nuls à souhaits. Je me demande si c’est pas les mêmes personnes qui font le tour des blogs et se font un devoir d’essayer de nous «remettre dans le droit chemin». Mais merde ! c’est notre espace de création on en fait bien ce que l’on veut là ! y a juste à pas lire c’est tout !
je te rejoins tout à fait Lhisbei. L’important c’est de bloguer comme on le souhaite en restant honnête vis à vis de ses visiteurs : en étant assez clair par exemple sur ce qui est induit par sa propre expérience (ainsi je ne parles pas d’une relecture comme d’une première. Et tu as parfaitement traduit ce que j’ai ressentis en relisant Pern – les coquilles OMG, j’en ai noté de belle sur le Vol du dragon. faut d’ailleurs que je rattrape mon retard sur mes chro. Au passage rien à voir mais moi j’aime bcp les chroniques ciné ou autres^^)
comme tu dis je n’aime pas non plus m’adresser juste aux connaisseurs : j’aime être didactique pour rester accessible à tous et faire découvrir ou redécouvrir des trucs. Pi à la base j’suis pas une méchante, y’a très peu de critiques où j’ai été cassante – mais toujours en argumentant et en restant dans l’optique de donner une opinion tout à fait personelle. C’est même parfois assez surprenant : par ex « le monde vert » que j’ai détesté (et ça ne m’arrive casi jamais), eh ben malgré (ou à cause) de ma chronique j’ai eu un commentaire d’un lecteur souhaitant lire ce livre ! Comme quoi.
Un peu comme Nick je trouve que les chroniques trop complaisantes (qui n’argumentent pas ou si peu) ne sont pas les plus intéressantes, car en tant que lecteur je peine à définir pourquoi le blogeur a aimé ou non, et donc j’aurai bien du mal à dire si je vais suivre la même voie. Je préfère un avis plus tranché : qui me dise clairement pourquoi il a aimé ou non. Mais de là à dire « c’est de la merde » comme si c’était objectif je ne suis pas d’accord.
Ce que je trouve particulièrement surprenant, c’est que certains se permettent de juger ta manière de blogguer.
Chacun suit les blogs qu’il veut, personne n’est forcé à lire, non ?
Pour ma part j’aime la manière cassante de certains blogs parce qu’ils me font rire, certains parce qu’ils cherchent le meilleur d’un ouvrage, d’autres parce que j’ai les mêmes gouts, d’autres parce que je n’ai pas les mêmes goûts (ce qui est fort utile), certains parce qu’ils sont brefs et d’autres parce qu’ils sont diserts…
Bonne continuation
Je pense qu’un blog c’est un espace personnel, on apprécie ou pas l’avis du taulier, mais on n’a pas à lui dire quoi, comment et sur quoi écrire. Si on n’aime pas, on ne revient pas, et puis c’est tout. Tu fais comme tu le sens, tu es chez toi et laissons les grincheux se la jouer dans leur coin