De Mo Daviau
Presses de la Cité – 320 pages
Karl Bender est barman à Chicago. Dans sa jeunesse, il faisait partie d’un groupe de rock et, depuis la séparation, il vit un peu dans la nostalgie de cette époque. Un jour, en cherchant une de ses vieilles rangers, il découvre un portail temporel dans son placard. Il appelle son pote Wayne, informaticien qui lui bricole une interface de contrôle (tout ça en quelques pages à peine et avec une facilité déconcertante – le fan de SF pourrait bien être frustré de l’absence de justification théorique). Les voilà à remonter le temps pour assister à des concerts mythiques qu’ils n’ont pas pu voir ou en revivre d’autres. Rapidement, ils montent un business juteux autour de leur trou de ver et proposent des voyages dans le passé à des clients du bar fans de rock. Jusqu’à ce que Wayne se pique de vouloir sauver John Lennon. Hélas, Karl l’envoie en l’an 980 au lieu de 1980. Et pour pouvoir revenir du passé, une source électrique est nécessaire… Autant dire que Wayne est coincé. Karl fait donc appel à Lena, une astrophysicienne punk/goth (cheveux violets, caractère bien trempé etc) pour trouver un moyen de récupérer Wayne (qui se la joue retour à la nature au milieu d’une tribu indienne). Oui, mais voilà, à force de voyager, le passé change et, par ricochet, le futur aussi.
Autant le dire tout de suite, on ne sauvera pas John Lennon dans ce roman. Par contre on retrouvera une tonne de références musicales bien sympathiques de rock indé des années 80/90 (et même avant) et, ce, jusqu’à la fin puisque l’autrice fournit une playlist à écouter pour se mettre dans l’ambiance du roman : The Passenger d’Iggy Pop, Streets of Philadelphia du Boss, Where is my mind des Pixies, Babooshka de Kate Bush, Friday I’m In Love des Cure ou encore London Calling et Rock the Casbah des Clash (et voilà rien qu’à écrire ces titres, la voix de Joe Strummer ne veux plus me quitter). L’ambiance musicale nous attache très rapidement à des personnages aux traits un peu trop fortement marqués (Karl est l’archétype d’un barman rocker désabusé, vraiment, celui que vous rêvez de rencontrer dans un quartier encore un peu underground d’une grande ville américaine). Ils en deviennent un poil prévisibles et, dans le même temps, ils se révèlent profondément crédibles et réalistes dans leurs choix : avant d’envisager de sauver le monde (enfin John Lennon, une ambition déjà bien modérée à la base), Karl et Wayne décident de se faire un peu de blé. Ils sont le reflet parfait de notre société matérialiste. Et puis, il faut bien vivre et les temps sont durs… Les voyages temporels sont l’occasion, pour eux, de se poser des questions sur leurs choix, d’évoquer leurs regrets, leurs erreurs et d’éventuellement les corriger pour échapper à … une apocalypse, rien de moins. C’est barré, souvent un peu foutraque (les voyages dans le passé et dans le futur fichent un bordel monstre), quelquefois tiré par les cheveux, et ça ne s’arrête pas une seule seconde. Il faut sauver John Lennon un roman feel-good, parfait pour l’été.
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Ca me fait penser au Temps du twist (mais sans zombies et sans gueule de bois xD)
Effectivement, pas de zombies là dedans (mais une pointe de post-apo climatique) 🙂
Il est assez tentant celui là… j’aime bien les voyages dans le temps 🙂
Faut aimer le bordel que ça fout aussi 🙂
Ca à l’air marrant 🙂
C’est marrant oui 🙂