De Alex Garland
Avec Sonoya Mizuno, Nick Offerman, Karl Glusman, Alison Pill, Jin Ha, Zach Grenier, Cailee Spaeny, Stephen Henderson, Jefferson Hall…
Synopsis
San Francisco de nos jours. Lily Chan et Sergei, tous les deux ingénieurs en informatique, travaillent pour Amaya – “your quantum future”, tout un programme – la compagnie de Forest, un génie de la Silicon Valley. Ils filent le parfait amour. Sergei, après avoir réussi à modéliser et à prédire le comportement d’un nématode à 10 secondes dans le future, rejoint la division Devs de l’entreprise. Devs reste sous le seau du secret le plus absolu. Les installations se situent dans un bunker isolé en pleine forêt. Personne ne sait ce qu’est Devs, ni ce qu’on y développe. A peine deux jours plus tard, Sergei est retrouvé mort au pied de la statue d’Amaya. Les vidéos de surveillance le montrent s’immoler par le feu. Lily a du mal à croire qu’il puisse s’être suicidé.
Entrer dans la matrice ?
La division Devs travaille sur un programme informatique porté par un ordinateur quantique. Ce dernier analyse les données du monde pour reconstruire le passé et calculer le futur. Car le futur est déjà écrit : “Cause precedes effect. Effect leads to cause.” Et rien ne survient par hasard, chaque effet a forcément sa cause.
You can’t name a random event. Because there are no random events.
Katie, Stewart et Lyndon parviennent à remonter jusqu’au Christ sur la croix. Les simulations manquent de précision, images et son sont brouillés par des parasites. Avec l’interprétation d’Everett des mondes multiples, la simulation devient parfaite. Mais les simulations peuvent être celles d’un univers autre que celui dans lequel Forest et son équipe évolue. Ce n’est pas le résultat que Forest recherche. Et avec une infinité de réalités, toutes les alternatives sont possibles. Alex Garland pose la question du choix. Nos actions sont-elles prédéterminées ? Avons-nous la possibilité, par nos décisions, d’infléchir le futur ou de peser sur la trame des causes pour modifier l’effet ? Déterminisme versus libre-arbitre.
Un thriller … lent
Devs reprend quelques codes du thriller. Sergei est assassiné par Kenton, le chef de la sécurité d’Amaya, après son premier jour à Devs. Pour quelle raison ? Il est un espion. Kenton fait maquiller les images issues des caméra de video-surveillance. Lilly en cherchant la vérité sera presque seule contre une puissante organisation, aux moyens financiers quasi illimités, au pouvoir démesuré et aux appuis institutionnels multiples). L’activité secrète de Devs représente-t-elle une menace pour l’humanité ? Devant l’absence de transparence de la firme, le gouvernement envisage de la mettre sous surveillance. La série est filmée de manière à mettre le spectateur mal à l’aide en permanence. Les jeux sur les lumières (effets de halo qui auréolent la tête des personnages), la musique (du chant grégorien aux sons plus industriels), les décors (des lignes et matériaux épurés des boites de la tech en passant par une forêt que surplombe un statue géante d’Amaya, la très jeune fille de Forest) contribuent à générer une atmosphère anxiogène teintée de mysticisme. La narration se concentre toujours un personnage (parfois statique et silencieux) ou des petits groupes de personnages, jamais sur des foules importantes, en huis clos et alterne flashbacks et flash-forwards (souvenons-nous que l’écoulement du temps est une illusion). Le rythme lent est doublé d’une tension très forte qui empêche de décrocher.
The box contains us. The box contains everything. And inside the box, there’s another box. Ad infinitum ; ad nauseam.
Si, du côté des concepts scientifiques maniés par Alex Garland, il n’y a rien de vraiment nouveau pour l’amateur de SF, force est de constater qu’il les utilise de manière aussi intelligente qu’oppressante. Et qu’il ne choisit pas d’emprunter le chemin de la facilité ou les sentiers maintes fois empruntés.
Des personnages emblématiques
Et des acteurs qui les incarnent avec brio… Lily que l’on pense fragile avec son air adolescent se révèle déterminée et forte. Forest, cheveux longs, barbe rousse, chemise “bucheron” ouverte sur un t-shirt incarne à la fois l’entrepreneur type de la Silicon Valley végétarien tout autant qu’un prophète et un homme en quête de rédemption depuis la mort de son épouse et de sa fille. Katie, sûre d’elle et de son intelligence, froide et rationnelle, accepte de n’avoir aucune prise sur sa vie. Le jeune Lyndon et le vieux Stewart sont à la fois l’exact opposé l’un de l’autre et totalement complémentaires. Et Kenton, retraité des services spéciaux, se révèle le parfait homme de main prêt à tout pour protéger son employeur. Les seconds rôles ne sont pas en reste.
You know the problem with people who run tech companies? They have too much power. It drives them crazy and they end up thinking they’re messiahs.
En définitive Devs, série en 8 épisodes d’Alex Garland, est une série de SF intelligente, à la réalisation maîtrisée à voir, surtout si vous avez apprécié Ex Machina.
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Je ne connais pas du tout mais ça peut me tenter, donc, je rajoute ça dans mon betaseries, merci !
Ajoute, ajoute 🙂
Ca a l’air super, malheureusement elle n’est pas dans les services auxquels on est abonné… mais bon comme on tourne de temps en temps, à l’occasion…
Ou ça sortira en DVD 😉