De Marjane Satrapi
Avec Rosamund Pike, Sam Riley, Aneurin Barnard, Simon Russell Beale, Katherine Parkinson, Sian Brooke, Anya Taylor-Joy, Jonathan Aris…
Synopsis
Paris, fin du 19ème siècle. Marie est une scientifique passionnée, qui a du mal à imposer ses idées et découvertes au sein d’une société dominée par les hommes. Avec Pierre Curie, un scientifique tout aussi chevronné, qui deviendra son époux, ils mènent leurs recherches sur la radioactivité et finissent par découvrir deux nouveaux éléments : le radium et le polonium. Cette découverte majeure leur vaut le prix Nobel et une renommée internationale. Mais après un tragique accident, Marie doit continuer ses recherches seule et faire face aux conséquences de ses découvertes sur le monde moderne…
Mon avis
Radioactive est adapté du roman graphique de Lauren Redniss, Radioactive: A Tale of Love and Fallout que je ne connaissais pas et retrace le parcours de Maria (francisé en Marie) Skłodowska plus connue sous son nom d’épouse Marie Curie. Impossible de dire si l’adaptation est fidèle. Le film débute à Paris en 1934, l’année où Marie meurt des suites de son exposition prolongée aux radiations. Elle a 66 ans et fait un malaise dans son laboratoire. Elle est transportée d’urgence à l’hôpital, et alors qu’elle est allongée sur un brancard, elle voit défiler sa vie par flashbacks : de son enfance en Pologne à la remise de son second prix Nobel en passant par la mort de sa mère à l’hôpital qui la rendra phobique de ces établissements ou les radios réalisées derrière les lignes de front de la première guerre mondiale avec bien sûr son histoire de vie avec Pierre Curie et ses recherches. Ces retours en arrière sont autant de jalons dans la vie de Marie Curie. Tout au long du film, les découvertes de Pierre et Marie Curie sont illustrées par l’application pratique que l’humanité en a fait : radiothérapie contre le cancer, bombe atomique sur Hiroshima, accident de Tchernobyl… On perçoit aussi très bien la société de l’époque et ses évolutions : un milieu universitaire masculin, une montée du nationalisme et les insultes racistes (“sale polak”), la remis en cause de sa carrière du fait de sa vie privée (les hommes adultères aucun problème, mais une femme, quelle ignominie !)
La rencontre entre Pierre Curie et Marie a été quelque peu romantisée avec un dialogue qui m’a paru totalement surréaliste et qui demande beaucoup de suspension d’incrédulité : dans la rue, elle lit en marchant et ils se percutent ; ni l’un ni l’autre ne s’excuse, ni ne ramasse le livre et s’en suit une discussion pour le moins bizarre, décousu, brouillon. A Paris à cette époque et entre gens éduqués, un tel manque de politesse est tout simplement inconcevable même si cela pose le caractère des deux protagonistes et préfigure la teneur de leur relation : partenariat intellectuel et scientifique avec beaucoup d’émulation et une pointe de jalousie (deux egos assez marqués mais toujours une reconnaissance mutuelle et un combat commun pour que les mérites de Marie soient reconnus à leur juste valeur) doublé d’un amour sincère et passionné sans aliénation aucune. La mort de Pierre Curie, accidentelle, est aussi dramatisée par un plan choc. Radioactive prend le parti de s’intéresser à Marie Skłodowska plutôt qu’à la scientifique. Elle y est dépeinte comme une femme d’exception et de conviction parfois dure, souvent en colère (non sans raison) mais aussi aimante et résolue. Le jeu des actrices et des acteurs est impeccable et Rosamund Pike se montre exceptionnelle. Le travail sur la lumière et l’ambiance impressionne aussi. Par son parti pris, son montage haché et sa durée relativement courte (moins de deux heures), le film ne convainc pas toujours mais ses qualités valent le visionnage.
Marie Curie est la première femme à avoir reçu un Prix Nobel. C’est aussi la seule à avoir décroché cette prestigieuse récompense dans deux disciplines scientifiques différentes : le Prix Nobel de Physique, en 1903, pour ses travaux sur la radioactivité (avec Pierre Curie et en même temps que Henri Becquerel) et le Prix Nobel de Chimie, en 1911, pour ses recherches sur le radium. Ce film lui rend un hommage poignant et percutant.
Quelques mots chez Tigger Lilly.
Oh merci pour le lien vers ma chronique rikiki.
Je ne savais pas que ça venait d’une bd tiens.
Un film imparfait mais intéressant et qui a le mérite d’exister aussi… Ce n’est pas comme si les biopics de femmes couraient les rues. C’est le dernier film que j’ai vu au ciné avant qu’on soit tous confinés, alors d’une façon où d’une autre j’en suis marquée à jamais. On était 2 ou 3 dans la salle.
Dernier film avant l’apocalypse. Nous c’était “Tenet” le 25/08. Salle (300 places) au tiers pleine. Bon on espère que les cinémas ne vont pas fermer définitivement leurs portes…
Tu m’as convaincu! Imparfait mais intéressant sur de nombreux points de vue, ça me va.
Imparfait oui et intéressant oui, c’est tout à fait ça. Bon visionnage !
Un film intéressant à voir, même s’il n’est effectivement pas parfait. Je ne savais pas que c’était une adaptation !
Ah mais ça c’est Allociné qui a cafté (et il n’est pas traduit).
J’ai apprécié aussi. Marie Curie a eu une vie fort intéressante et je n’en connaissais que quelques aspects. J’ai particulièrement apprécié qu’on voie le rejet xénophobe qu’elle a subi. Maintenant, c’est oublié, la France est bien contente de la revendiquer dans ses rangs, mais ça n’a pas été simple, à l’époque.
La France est, comme beaucoup de pays, championne pour récupérer des “grands noms” pour dorer son image.
Dans les mines (“importation” de main d’oeuvre étrangère : italiens, polonais puis marocains et algériens), les français “de souche” traitaient les italiens de “sales ritals”, les polonais de “sales polaks”. Quand les marocains et algériens sont arrivés, ils ont eu droit à des “sales arabes” par les “français de souche” mais aussi des polonais et des italiens… La haine de l’autre c’est une constant universelle.
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