De Dino Buzzati
Pavillons Poche – 323 pages
Tous les jours, Dino Buzzati écrivait. Dans son appartement milanais une grosse malle renfermait ses carnets de notes. Il en remplissait deux ou trois par an, consignant articles, anecdotes, extraits de revues, compte rendus de rencontres, courtes histoires, esquisses de nouvelles, poèmes et même schémas de batailles pendant la guerre. Pas tout à fait un journal intime, ni un brouillon de ses futures œuvres, ses carnets secrets lui étaient indispensables et faisait de lui ce qu’il était : un écrivain.
Nous sommes au regret de … est une compilation de courts textes tirés de ces carnets. Des textes particulièrement acides ou pessimistes, réalistes, fantastiques ou absurdes, qui portent un regard affuté sur la société, évoquent le temps qui fuit et l’approche de la mort, jouent avec l’orgueil ou la vanité de l’espèce humaine, dénoncent l’hypocrisie de nos semblables. Dans quelques textes Dino Buzzati inverse les échelles de valeurs pour mieux nous mettre en porte-à-faux et pointer les absurdités de nos sociétés modernes. Ces textes sont mes préférés. Dans Déclaration de revenu, la honte ultime lors d’un contrôle fiscal est de voir baisser les montants déclarés… c’est qu’il ne s’agit pas de « faire de l’épate »… Dans L’ibi le crime parfait consiste à commettre un meurtre et à se faire condamner à la plus lourde peine mais quelle déchéance quand les autorités persistent à vous croire innocent alors même que vous avez bien pris soin de laisser de nombreuses traces de votre méfait. De même dans une société où Le scandale est la norme, il est parfois difficile de donner le change. Ou que faire quand la délinquance sénile fait son apparition ? Comment lutter contre les bandes organisées de vieux rebelles ? Quelles solutions adopter pour cette « vieillesse brûlée » lorsque des lois toujours plus sévères et des centres de rééducations se révèlent inefficaces ? Vous l’aurez compris, la thématique traitée dans Les vieillards terribles est toujours d’actualité.
Parfois grinçants ou amusants, drôles ou cyniques, acerbes ou poétiques, ironiques ou grotesques, tragiques ou comiques, ces textes, variés dans les thématiques, offrent une belle occasion de retrouver la plume féroce de Dino Buzzati. Certains textes comme Le petit cheval ou En l’accompagnant jusqu’à l’ascenseur ont été repris et publiés dans des recueils de nouvelles sous de nouveaux titres.
Plus d’avis chez Blog-O-Book (bientôt).