Coraline – Neil Gaiman

En janvier 2010, débordante d’enthousiasme, je m’inscrivais au challenge Lunettes noires sur Pages blanches ! lancé par Fashion et Stéphanie. Nous sommes en décembre et force est de constater que je n’ai pas beaucoup avancé dans ce défi. Mais comme la vie fait souvent bien les choses, Mr Lhisbei m’a offert pour Noël (celui de 2009, pas celui qui arrive à la fin du mois) le DVD de Coraline. Et le livre de Neil Gaiman est venu quelques temps plus tard (en mars pour être tout à fait précise) rejoindre ma PAL. Il n’en fallait pas plus pour que je m’attaque enfin à ce défi.

Coraline le livre    vs    Coraline le film

      

D’habitude je lis d’abord le livre avant de voir l’adaptation cinématographique. S’en suit souvent une déception parce que le livre est toujours trahi par le film – sauf Le Seigneur des Anneaux me souffle Mr Lhisbei (et je sens que certains ne vont pas être d’accord…). Le principe de l’adaptation est de faire un bon film pas de transposer bêtement sur écran le contenu d’un roman ou d’une nouvelle ce qui suppose à la fois une trahison de l’œuvre originale tout en tentant, dans le meilleur des cas, de respecter l’esprit et l’intention de l’auteur (Pour I Robot oubliez le respect…). Pour éviter l’écueil de la déception j’ai donc procédé dans l’ordre inverse : d’abord j’ai pris le temps de voir le film et, dans le cas de Coraline à deux reprises (la première pour la magie, la seconde pour bien saisir les détails et pour rédiger ce billet), puis de lire le livre.

Précisons-le tout de même, nous avons affaire un à court roman à destination de la jeunesse (mais lisible par tout le monde) et à un film d’animation à destination des enfants (mais les grands enfants sont les bienvenus). D’une manière générale le film est fidèle au roman. L’histoire racontée dans le livre est reprise presque à l’identique dans le film même si les scénaristes ont ajouté certains éléments. Coraline Jones vient d’emménager avec ses parents dans une grande maison divisée en appartements. Ses parents n’ont guère de temps à lui consacrer et Coraline, pour tromper l’ennui, s’amuse à jouer les exploratrices. Elle découvre une porte verrouillée mais qui donne sur un mur de brique. Sauf que cette porte s’ouvre en fait sur un couloir qui mène à un appartement identique au sien. Et dans cet appartement Coraline est attendue par son Autre Maman et son Autre Papa, en tous points identiques à ses parents (mais en plus disponibles, plus « aimants ») excepté pour les boutons cousus à la place de leurs yeux.

Si l’histoire est globalement respectée on note une différence de rythme : dans le film Coraline fait plusieurs séjours chez ses autres parents avant d’avoir la proposition de rester définitivement. Ces voyages se font la nuit et pendant un temps le spectateur a la possibilité de croire que ces séjours ne sont que des rêves. Dans le livre tout va beaucoup plus vite : Coraline passe la porte et se retrouve piégée dans ce monde alternatif. Le traitement des personnages est aussi très différent. Dans le livre l’autre famille est présentée comme inquiétante dès que Coraline la rencontre. Dans le film, tout est présenté comme plus gai, plus désirable et les boutons à la place des yeux sont le seul signe d’anormalité. L’autre famille est beaucoup plus séduisante (et donc dangereuse) et devient inquiétante à partir du moment où Coraline commence à résister. Les personnages sont aussi plus travaillés, surtout les personnages secondaires. Pour les porter à l’écran, il a fallu travailler sur leur histoire pour éviter qu’ils ne soient que des coquilles vides. Dans le livre l’auteur laisse la part belle à l’imagination du lecteur même s’il lui donne des repères précis, repères que l’on retrouve d’ailleurs dans le film. Certains dialogues sont aussi repris mots pour mots. D’une manière générale le film est plus explicatif que le roman. Notamment sur la nature de l’Autre Maman. Autre Maman qui a beaucoup plus de charisme dans le film. Certains éléments ajoutés, comme la poupée à l’effigie de Coraline ou le personnage de Wybie Lovat, le voisin de Coraline, donnent une cohérence, une logique au récit et permet des transitions fluides et participent à la réussite du film. Le roman, lui, se place plus dans le registre du conte avec une logique propre et des ressorts internes. Le lecteur découvre l’Autre-Monde par les yeux de Coraline. Dans le film, le spectateur découvre le monde en même temps que Coraline. Le point de vue diffère. La musique tient une place importante dans le film (et pas seulement pour l’ambiance) mais est totalement absente du livre. Au final, Le film réussit la prouesse de ne pas trahir le livre et d’enrichir l’univers.

Quelques mots du film pour terminer. Le travail sur l’image est exceptionnel (raison pour laquelle je l’ai vu plusieurs fois et le reverrai avec plaisir). Le réalisateur, Henry Selick, a fait preuve d’inventivité y compris pour la musique qui accompagne et soutient le film. C’est assurément un film à voir.

 

Cet article a 13 commentaires

  1. Lhisbei

    @ Mr K : c’est une référence qui revient souvent []

  2. Lhisbei

    Karine : en litté jeunesse j’ai lu bien pire [] Honnêtement j’ai eu un petit flottement à un moment (les filles se laissaient un peu trop faire …) mais le dernier tiers du livre est vraiment très enlevé (Watson et Holmes font moins de figuration) et a réveillé mon intérêt. Plus je pense à ce livre plus je lui trouve des qualités… je me replongerai bien dans le Londres des soeurs Wilcox [Oui]

  3. Mr Lhisbei

    @ BiblioMan(lu)mercu yu me conforte dans l’idée de lire « les Fourmis » mais je ne pense pas aller plus loin dans l’exploration de Werber[Reflechir]

  4. lael

    une imprimente 3D qui t’imprime des chaussures [mdr] c’est trop fun XD
    @Lhisbei : « Des propositions de partenariats j’en reçois beaucoup je n’en retiens que quelques unes » -> tu veux pas me les refiler dit ? [Cheese]

  5. Mr. Zombi

    Moi j’avais lu le livre pas mal de temps avant d’avoir vu le film et du coup j’ai été « déçu » (façon de parler) par le film. J’ai trouvé qu’il était trop coloré et mignon par rapport à l’histoire (mais magnifique tout de même au niveau des effets et du reste ^^) qui me semblait beaucoup plus sombre (après c’était peut être juste un faux souvenir de ma part lol).
    Malgré tout le film et le roman sont excellents et à découvrir pour toutes celles et ceux qui ne connaissent pas ^^

  6. Cachou

    Tout pareil que Mr Zombi, mais avec moins d’enthousiasme pour le film, qui s’il m’a semblé esthétiquement superbe, ne m’a pas émue, touchée, etc., bref m’a paru trop « propret ».
    Le livre, lui, m’avait glacé le sang à l’époque et son ambiance plus « glauque » (dans une moindre mesure) m’avait plus marquée.
    (et je suis d’accord pour Le Seigneur des Anneaux, j’ai adoré le livre mais aussi le film, qui n’est pas une trahison à mes yeux)

  7. Lhisbei

    @ Mr Zombi : ce n’est pas une impression : le livre est plus sombre que le film, plus inquiétant. l’ambiance est plus effrayante et on se sent plus « menacé ».
    @ Cachou : je fais aussi partie de ceux qui pensent que l’adaptation du SDA est fidèle. Je suis plus enthousiaste pour le film : il était « magique » pour moi (et la magie ça ne s’explique pas vraiment ). @ Vert : oui la narration est très différente en fonction des supports.

  8. Personnellement, je trouve que ça ne vaut pas un Burton, mais il faut tout de même reconnaître que le niveau esthétique est remarquablement travaillé : on navigue entre une ambiance gothique et une finesse enfantine bien dosée. Je lirai peut être le roman quand j’aurais terminé mon challenge « Projet PàL : 150 ans chrono »

  9. NicK

    Il manque Tom Bombadil dans le SdA, nom d’un poil de Yéti ! :p

  10. Pitivier

    @Nick
    Si il ne manquait que Tom Bombadil sur le SDA, ca serait la joie. Le problème c’est qu’il y a plein de trucs qui font tache quand même. Attention, j’aime beaucoup les trois films, mais bon….
    Frodo qui veux donner l’anneau au Nazgul, je l’ai encore au travers de la gorge. Quand à Gimli transformé en faire valoir comique, la blessure saigne encore. On a même eu le droit au lancé de nain.

  11. Vert

    Je garde un bon souvenir du film, mais ça fait partie de ces adaptations que je trouve admirable mais que je regarde qu’une ou deux fois parce que ça n’apporte rien de plus à la lecture… En fait ce qui m’a manqué c’est la narration de Gaiman (à laquelle je suis très sensible ce qui ne surprendra personne ^^), il manquait presque une voix off pour moi dans ce film xD

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