Le Sultan des nuages – Geoffrey A. Landis

Le Sultan des nuages

De Geoffrey A. Landis

Le Bélial’ Une Heure-lumière. 120 pages. Traduction de Pierre-Paul Durastanti.

Au dessous des nuages, l’enfer

Dans un futur indéterminé, l’humanité a essaimé dans le système solaire. Direction l’inhospitalière Vénus : température et pressions au sol infernales font de la planète une très mauvaise candidate à la terraformation. Qu’à cela ne tienne, si le sol ne peut accueillir de villes, le ciel le pourra. Dans l’atmosphère flottent des milliers de cités volantes, la plupart sous la domination de l’héritier d’une puissante famille, Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum, appelé aussi le sultan des nuages, installé dans une des plus belles villes flottantes de la planète : Hypathie. Léger problème pour lui, il n’entrera en possession de la totalité de son héritage que lorsqu’il sera marié. Un mariage fléché avec Miranda Telios Delacroix, elle aussi issue d’une des plus riches familles de cette humanité en pleine expansion. Bien qu’il soit encore jeune, il se révèle déjà retors et s’il invite le Dr Léa Hamakawa pour son expertise, il envisage de tirer bien d’autres bénéfices de sa venue.

Vu de loin…

La narration adopte le point de vue d’un personnage secondaire, David Tinkerman, l’assistant du Dr Léa Hamakawa. Son arrivée sur Vénus n’était pas prévue. Il est l’invité surprise, un tiers encombrant que l’on tient courtoisement à l’écart. Amoureux du Dr Hamakawa il n’ose se déclarer. Il tente de veiller sur elle alors même qu’elle ne semble pas en avoir vraiment besoin. David Tinkerman est un gentil benêt ce qui change des personnages qui ont toujours du sang froid, le sens de la répartie ou le sens de l’a-propos voire les trois en même temps. Sa position en marge, son décalage culturel et sa candeur pour ne pas dire sa naïveté permet à Geoffrey A. Landis de mettre en lumière, sans détours, le fonctionnement de ce microcosme que sont les familles puissantes. Les alliances par le mariage permettent de conserver le patrimoine acquis et d’éduquer – voire de formater – les héritiers.Sur Vénus on marie les héritiers – filles ou garçons – alors qu’ils sont à peine adolescents, vers 12 ou 13 ans – avec un adulte. Puis une fois adulte ils épouseront à leur tour un ou une jeune héritière. Chaque membre de la tresse a donc deux maris ou deux épouses. Un système aussi habile que glaçant. Vingt familles en sont ainsi arrivées à contrôler la totalité du système solaire. Elles maintiennent un statu-quo et étouffent toute tentative de rébellion.

Le Sultan des nuages ne cherche pas à impressionner par des concepts vertigineux bien qu’ils soient présents et sous-tendent le récit. Mais Geoffrey A. Landis touche juste dans la radiographie d’une humanité colonialiste et le portrait d’une caste prête à tout pour conserver ses privilèges. Encore un très bon cru dans la collection Une Heure-lumière, en somme.

Une citation

– L’amour. Voyez-vous ça ! Oui, c’est pour cette raison que les outremondains se marient, paraît-il. Je l’ai souvent lu. Vous pataugez, hein ? Il ne s’agit pas d’amour. Il ne s’agit même pas de sexe, même si je peux vous assurer qu’il y en aura en quantité, de quoi retourner mon petit Carlos comme un gant et le convaincre qu’il découvre l’amour.
» Non, monsieur Tinkerman. Il s’agit d’affaires. Vous semblez l’ignorer. Ni d’amour, ni de sexe, ni de famille, mais bien d’affaires. »

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Cet article a 11 commentaires

  1. yogo

    J’avais bien aimé cette novella avec beaucoup de poésie tout en restant très “scientifique” !

  2. Yuyine

    Encore un qui manque à ma collection mais que j’ai très hâte de découvrir. J’apprécie quand la poésie sert aussi à poser des données scientifiques.

    1. Lhisbei

      Ne t’attends pas à des vers malgré tout (c’est une poésie parfois conceptuelle 😉 )

  3. shaya

    Sympathique mais sans plus pour moi, j’avoue que plusieurs mois après sa lecture je m’en souviens à peine.

    1. Lhisbei

      Oui c’est le risque. Le personnage et son point de vue assez externe ne marquent pas les esprits durablement

  4. Vert

    Je me souviens plus trop de l’histoire mais j’avais beaucoup aimé parce que c’est quand même méga-classe de coloniser Vénus *-*

    1. Lhisbei

      Oui, j’ai trouvé ça top aussi ces cités volantes 🙂

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