De Liu Cixin
Actes Sud Exofictions – 432 pages
Avertissement préalable (un lecteur averti en vaut deux) : ne pas lire le texte de 4eme de couverture. Il dévoile l’intégralité du roman. De quoi tuer l’envie de l’ouvrir. Néanmoins, je ne peux que compatir avec l’auteur de ce texte, tant résumer ce dernier (et donner envie de le lire !) tout en évitant les spoilers s’avère compliqué.
Le roman s’attache principalement à deux personnages, Ye Wenjie et Wang Miao, ainsi qu’à un jeu vidéo en ligne, les trois corps. Nous rencontrons la première lorsqu’elle est encore très jeune et que la Chine traverse sa révolution culturelle. Ye Wenjie voit son père, émérite professeur de sciences, se faire assassiner par de très jeunes Gardes Rouges, dans un simulacre de procès. Elle est envoyée en rééducation au fin fond de la Chine où elle participe à une déforestation massive avant que la rencontre avec un journaliste idéaliste (et avec un livre, Printemps silencieux de Rachel Carson) ne réveille sa conscience écologique. Étiquetée dangereuse pour le régime, elle est envoyée dans une base militaire secrète dotée d’une immense antenne, chargée d’écouter les étoiles.
Nous faisons connaissance avec Wang Miao, chercheur en nano-technologies, recruté par le gouvernement pour enquêter sur des suicides en cascade dans le milieu scientifique. La fille de Ye Wenjie fait partie des victimes. Son enquête l’amène à découvrir un jeu vidéo online, conceptuel et aride : dans les trois corps, le joueur est projeté dans un univers régi par trois étoiles et doit tenter de prévoir le mouvement de ces dernières. Ces mouvements déterminent le climat de la planète : des épisodes de fournaises caniculaires succèdent à des hivers tout aussi mortifères. Seules les quelques périodes de stabilité permettent à la civilisation de se développer entre deux mises en stase forcées.
La narration alterne entre les fils narratifs de Ye Wenjie, revisitant ainsi son passé, et de Wang Miao contemporain des évènements avec quelques passages d’immersion dans le jeu. Le roman comporte quelques éléments scientifiques de haute volée : le problème à trois corps, le fond diffus de l’univers, quelques concepts de physique quantique (un univers à onze dimensions, intrication quantique)… Malgré tout, il reste très accessible, surtout quand l’auteur prend soin de vulgariser certains concepts clés avec des boules de billard (en hommage ou en référence à Asimov, d’ailleurs). Le plus difficile à appréhender, pour la lectrice occidentale que je suis, reste les réactions des personnages et les dialogues qui me semblent toujours faux, décalé ou incongrus. Je rencontre le même problème à la lecture d’auteurs japonais : je ne suis pas assez familière de ces cultures pour que les personnages me semblent réels. Leur comportement me paraît toujours anormal ou bizarre, leurs réactions imprévisibles. Sans compter que la révolution culturelle chinoise, vue de ma fenêtre toujours occidentale (et je vis dans une société démocratique où la liberté d’opinion existe) reste tout aussi difficile à comprendre dans son entière réalité et ses conséquences. L’histoire prend son temps pour se mettre en place, mais les pièces du puzzle s’imbriquent parfaitement pour donner au lecteur le vertige propre aux bons romans de SF. Il n’y a plus qu’à espérer que les tomes suivants bénéficient d’une traduction dans nos contrées.
Une heure plus tard, Wang Miao arriva en centre-ville et se gara devant le planétarium. Les lumières de la ville filtraient à travers les parois transparentes de cette énorme bâtisse en verre et laissaient vaguement deviner l’architecture intérieure. Wang Miao se fit à cet instant la réflexion que si l’architecte avait voulu exprimer l’impression que lui inspirait l’univers, c’était réussi. Plus les choses sont transparentes, plus elles sont mystérieuses. L’univers lui-même est transparent : votre regard peut porter aussi loin que le permet votre instrument de vision. Mais plus vous regardez l’univers, plus il vous semble mystérieux.
- Prix Hugo 2015
- Lire les avis de Gromovar, Cédric, Brize, Ksidraconis, Anudar, Yogo, Apophis, Lorhkan, Lune, Quarante-Deux, Le Fictionaute, Philémont, My Inner Shelf.
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Il me fait bien envie celui-là, dès que j’aurais fait un peu de ménage sur mes étagères…
Il est à lire, c’est sûr . Bon ménage ^^
Le deuxième tome est en cours de traduction, j’ai vu une interview du traducteur quelque part mais où… et sortira à l’automne 2017 !
Ah merci pour cette information Yogo 🙂
Groovy 🙂
Yeah !
peut-être quand il sera en poche … 😀
Avec Actes Sud, c’est possible 🙂
Effectivement il va falloir patienter pour la suite, octobre 2017…..c’est loin…!
Mais ça va passer vite !
Un paquet d’avis déjà! Je compte le lire le mois prochain, tous s’accordent pour lui trouver un petit quelque chose.. J’espère que ce sera le cas pour ma pomme.
Je croise les doigts 🙂
Vite la suite (dans plus ou moins un an apparemment, octobre 2017 probablement)
J’espère bien 🙂
J’ai retrouvé le lien : https://leo2t.hypotheses.org/643
Merci Yogo !
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Je n’ai pas été convaincu par certains passages mais globalement c’est plutôt sympa, et assez dépaysant grâce au contexte chinois.
Oui, les passages « dans » le jeu sont parfois un peu pénibles (c’est un jeu très conceptuel aussi…)
Bien aimé, pas un chef d’oeuvre mais ça accroche bien.
Voilà, c’est parfaitement résumé 🙂
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