La Femme d’Argile et l’Homme de Feu
D’Helene Wecker
Robert Laffont – 560 pages
1899, dans la cale du Baltika, un paquebot en route pour New York, Otto Rotfeld prononce la formule magique qui donne vie à la golème destinée à lui servir d’épouse qu’il s’est fait fabriquer par Yehudah Schaalman. Rotfeld décède quelques jours plus tard d’une péritonite et la golème débarque seule sur Ellis Island. Avram Meyer, un vieux rabbin veuf et respectable, la recueille alors même qu’elle est pour lui une créature qui ne devrait pas exister. Sur les conseils de son neveu, apostat, il la place comme employée chez un couple de boulanger, Moe et Thea Redzin. Dans le quartier juif, Chava, nommée ainsi par le rabbin, apprend la vie et la liberté, elle qui n’est faite que pour servir. Prudente et consciente que la découverte de sa nature profonde signerait son arrêt de mort, elle veille à vivre la vie la plus rangée possible.
Au même moment ou presque, dans son atelier de Little Syria, Arbeely, dinandier célibataire et travailleur consciencieux, répare le flacon d’une cliente quand un djinn, piégé dans une enveloppe humaine, en sort. Désorienté, il met du temps à réaliser que mille ans se sont écoulés depuis sa capture par un puissant magicien. Être de feu épris de liberté, le voilà limité dans ses déplacements, vulnérable à l’eau et assujetti au monde matériel humain. Fougueux et imprudent, incapable de briser le sortilège qui l’entrave, il arpente les rues de la ville et peine à se contenter d’une existence d’artisan sous le nom d’Ahmad.
Les deux solitudes vont se croiser et tout ce qui les oppose les rapproche tout autant à l’occasion de longues balades nocturnes (Chava et Ahmad n’éprouvent ni le besoin de dormir ni celui de manger) dans Manhattan.
Au travers des nombreuses digressions autour des personnages secondaires, La Femme d’Argile et l’Homme de Feu devient, et c’est principalement son objet, un roman sur l’immigration : la migration, l’adaptation à une nouvelle vie, l’intégration ou plutôt son absence, la création d’identités communautaires, les solidarités qui s’y développent et comment ils ont façonné une ville. Quiconque visite Manhattan et New York peut d’ailleurs voir à quel point la ville est le reflet de cette histoire. Helene Wecker s’attarde longuement sur les trajectoires des nos deux personnages principaux, étrangers déracinés, en quête de sens, luttant pour exister, en dépit de leur nature et parfois, plus difficilement, contre leurs instincts. Elle multiplie les flashbacks dans le passé d’Ahmad et dans la genèse de Chava. C’est ainsi l’occasion de nous offrir une ambiance de conte des Milles et une nuits dans des paysages désertiques et magiques avec Ahmad et de nous plonger dans le folklore et les traditions juifs avec Chava. C’est aussi ce qui permet de garder le fil, très distendu, de l’intrigue et de parvenir au dénouement final, dans les 100 dernières pages. Un dénouement assez abrupt compte tenu du rythme indolent de la narration pendant la mise en place qui précède, et finalement très secondaire en lui-même. L’intérêt du roman ne réside pas dans le devenir des personnages, ni dans leur histoire d’amitié / amour, mais, par un subtil décalage du regard au travers de deux créatures mythiques, dans l’évocation de la condition de l’être humain, avec toutes ses servitudes, les luttes à mener et le caractère inexorable de sa fin. Et quand on sait qu’il s’agit d’un premier roman, on a le droit d’être impressionné par cette voix singulière qui nous guide tout au long de la lecture.
Il en était déjà ainsi à Zahlé, où il avait été un petit garçon silencieux et rêveur au sein d’une famille de femmes. Il avait découvert son métier par un heureux hasard. Un jour qu’on l’avait chargé d’une course, il s’était arrêté devant la forge locale où un homme en sueur martelait une plaque de métal à partir de laquelle il avait façonné un seau. C’était cette métamorphose de l’inutile à l’utile, du rien à l’objet, qui l’avait fasciné. il était retourné observer le dinandier à maintes reprises jusqu’à ce que ce dernier, exaspéré par une telle attention, lui propose de le prendre en apprentissage. Dès lors la forge avait rempli la vie d’Arbeely, à l’exclusion de presque tout le reste. Même s’il songeait vaguement à se marier et à fonder une famille, il était heureux de son quotidien.
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Cool 🙂
Ouais. 🙂
Je voudrais savoir comment on peut faire apparaître son roman sur votre site
Merci d’avoir la gentillesse de me répondre
Bien à vous
JRodes
Je note, tu m’as vraiment donné envie de le lire !
J’espère qu’il te plaira 🙂
Peut-être à lire cet été alors… 😉
De toutes façons, il est déjà sur ma PAL, donc je le lirai forcément un jour… 😀
Hahahaha : peut-être ^^
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Je compte bien le lire celui-là (d’autant plus qu’il est à la bibliothèque).
Bonne lecture alors !
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