Le Violon Enchanté
Contes tziganes
De Marie Voříšková.
Gründ – 223 pages
Le Défi SFFF & Diversité propose un plaisir régressif à tous ses participants : se replonger dans un conte marquant de notre enfance. Mon enfance a été bercée par les contes, les histoires et les livres. Entre les contes magiques revisités par Disney (mon préféré reste Taram et le chaudron magique, même si c’est loin d’être le meilleur), les contes de Perrault et d’Andersen adaptés aux enfants, ma bibliothèque était déjà bien fournie. Et puis j’ai reçu en cadeau un beau livre de contes : Contes tziganes publié aux éditions Gründ, un recueil de 18 contes du folklore tzigane et superbement illustrés par Mila Doleželová. Ces contes proposés par Marie Voříšková sont traduits du tchèque et publiés dans une collection baptisée contes et légendes du monde. Tous ces contes m’ont fait une forte impression. Qu’en est-il une (bonne) trentaine d’années plus tard ?
Réponse courte : la magie opère toujours. Ouf !
Réponse longue, à présent. Ce qui marque à la relecture des Contes tziganes c’est que, enfant, on ne perçoit qu’une toute partie de la richesse du conte, reflet d’une culture. Enfant je n’avais pas ressenti l’importance de certaines valeurs propres au tziganes : indépendance d’esprit, combativité, habileté (et parfois rouerie non dénuée d’humour), sens de la justice, amour de la musique (qui tient une place prépondérante dans ces contes) et par dessus tout, amour de la liberté. Je n’avais pas non plus perçu les influences des autres mythes, folklores et même de la Bible dans la culture tzigane (comme Samson et Dalila par ex). pourtant, pour un peuple voyageur, ça n’est pas vraiment étonnant.
L’exemple le plus frappant avec « Le Violon Enchanté » que vous pouvez lire en intégralité ici. Un zeste de Cendrillon – Leila, une jeune fille, belle et douce, flanquée de deux soeurs moches et jalouses qui désespèrent de ne jamais trouver de mari, mais un prince charmant (avantageusement) remplacé par un jeune et modeste berger tzigane – une pointe de magie (issue de la nature), beaucoup d’amour et surtout, une mort et une renaissance. La mort n’est jamais éludée : elle fait partie du cycle de la vie. Et, puisque la vie d’une innocente a été volée, la vérité doit être connue et le coupable punie. Le violon devient un instrument magique capable d’abriter une âme et de chanter la vérité. D’ailleurs tous les violons ont une âme : un petit cylindre de bois placée à l’intérieur de la caisse de résonance qui transmet les vibrations des cordes au fond de l’instrument. Cet âme donnerait à chaque violon une identité sonore propre. Le sens de la justice est respecté : la punition est à la hauteur du crime et le pardon reste possible. Une vraie leçon de vie et une dimension initiatique forte.
Ces Contes tziganes en plus de divertir, transmettent des valeurs morales universelles et nous montrent que malgré des cultures différentes, nous sommes plus proches que nous le croyons. Différents, mais semblables. Uniques, mais égaux.
Ca donne bien envie ! (mais il doit pas se trouver sur présentoir dans toutes les librairies celui-là xD)
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