Superposition – David Walton

superpositionSuperposition

De David Walton

ActuSF – 408 pages

Une fois n’est pas coutume, je vous mets le texte de 4eme de couverture. Parce qu’il en dit assez sans spoilers et parce qu’il est bon (et un bon texte de 4eme de couv’, ce n’est pas si courant)

Ancien chercheur en physique quantique, Jacob Kelley voit son monde basculer le soir où Brian Vanderhall s’invite chez lui et tire sur sa femme pour lui prouver l’existence d’intelligences découvertes au cœur même de la matière.

Mais lorsque Vanderhall est retrouvé assassiné et que la famille de Jacob disparaît, c’est lui que la police met sous les verrous. Emprisonné, il va devoir prouver son innocence au cours d’un procès très médiatique. Heureusement, il peut compter sur une aide précieuse : celle de Jacob Kelley.

Mais lorsque Vanderhall est retrouvé assassiné et que la famille de Jacob disparaît, c’est lui que la police essaie de mettre sous les verrous. En cavale, il va devoir mener sa propre enquête pour très vite prouver son innocence. Car au même moment, au tribunal, se joue le destin d’un homme : celui de Jacob Kelley.

Bienvenue dans un monde où l’impossible devient possible.

L’éditeur qualifie ce roman de thriller quantique. Il mérite bien ce qualificatif. L’intrigue entière repose sur des concepts de la physique quantique. David Walton transpose les lois de la physique de l’infiniment petit à notre échelle (l’intrication, la superposition…). C’est aussi un thriller qu’il faut qualifier d’efficace, sans connotation péjorative, par sa construction, son rythme et son écriture très contemporaine. Pas étonnant que les droits d’adaptation en série télé aient été vendus. Je suis moyennement fan des thrillers à la mécanique huilée  – et souvent visible – qui maintiennent parfois très artificiellement le lecteur sous tension. Ici, si quelques rebondissements se voient venir, je n’ai pas été gênée par le procédé. Je me suis même laissée prendre par la narration double émanant du même personnage. L’auteur ancre son récit dans le réel contemporain et l’effet de contraste avec les “prodiges” issus de la physique quantique n’en est que plus renforcé. Sans compter que les concepts scientifiques maniés par David Walton constituent un bon stimulant intellectuel. Il parvient d’ailleurs à rendre la physique quantique, science à laquelle je ne comprends rien, tout à fait digeste. Je me souviens avoir dépassé le tiers du livre, totalement absorbée, en m’exclamant avec jubilation : “Belle intrication !”. Ô joie, grâce à David Walton, j’avais compris un concept de la physique quantique (et que dire de l’effondrement de l’amplitude des probabilités quantiques…). Sur le fond et sur la forme, Superposition se révèle être une très bonne surprise : un bon roman de SF sous forme de thriller accrocheur.

Si l’histoire de Jacob Kelley est bouclée dans ce one-shot, on apprend dans l’interview de David Walton sur le site ActuSF que l’auteur a commis un second roman dans l’univers de Superposition : Supersymmetry se déroule quinze ans plus tard et met en scène Alessandra, la fille de Jacob Kelley devenue adulte. J’espère une traduction prochaine (youhou, les éditions ActuSF, vous continuez ?) parce que les développements pourraient être intéressants pour ce personnage et pour le lecteur un tantinet curieux du devenir de la jeune fille.

Cette édition de Superposition est agrémentée d’une postface de Roland Lehoucq, astrophysicien, écrivain et vulgarisateur scientifique. Dans cette postface intitulée “Physique et réalité”, ce dernier nous propose d’étudier plus en détails les ressorts de l’intrigue qui reposent sur les concepts de physique quantique : champs et particules, concepts de superposition et d’intrication, théorie de la décohérence (qui résout le paradoxe de Schrödinger : son chat a un état défini – mort ou vivant – bien avant l’ouverture de la boite), thèse de l’universalité des lois quantiques, champ et boson de Higgs… Malgré l’aridité des concepts pour moi (mon apprentissage de la physique classique s’est terminée en classe de seconde, l’univers de l’infiniment petit me reste tout à fait étranger), j’ai apprécié l’effort de vulgarisation et l’utilisation d’analogies accessibles pour le profane. Il ressort aussi de cette postface que les concepts maniés par David Walton sont utilisés à bon escient, même s’il reste réellement impossible de les transposer à notre échelle macroscopique. Superposition reste de la science-fiction, dans le sens où c’est une fiction qui utilise la science, de manière totalement impossible mais sans en trahir les fondamentaux.

Quelques extraits pour terminer :

La physique me prit par surprise. C’était simple et beau. Ça redessinait le monde en axes clairs : énergie, mouvement, vitesse. Ce n’était pas sa violence qui me plaisait, mais sa nature univoque. Il y avait tellement de choses compliquées dans ma vie. La physique était simple. C’est comme ça que le monde devrait être.

Que sommes-nous ?

Si l’on y réfléchit, nous ne sommes pas la même personne que celle que nous étions il y a un an, ou même que celle que nous étions il y a seulement une heure. C’est comme si nous étions une longue chaîne d’individus reliés les uns aux autres par les souvenirs des choses passées et l’espoir de celles à venir. Dans ce cas, qu’est-ce qui ferait de moi Jacob Kelley si je perdais cette mémoire me reliant aux précédentes itérations de moi-même ? Serais-je toujours la même personne si on m’enlevait soudain tous mes souvenirs pour les implanter dans quelqu’un d’autre ? Deviendrais-je alors ce quelqu’un d’autre ?
Des pensées troublantes, mais qu’il était difficile d’oblitérer étant donné que ma personnalité et mes propres souvenirs suivaient, eux aussi, des voies différentes. Et si je venais à diverger de nouveau à cet instant et que l’une de mes versions prenait à gauche et l’autre à droite, lequel des deux serais-je ? Le moi qui pense à ça en ce moment ? Les deux versions se souviendraient clairement s’être posé ces questions, pourtant nous ne pourrions être Jacob Kelley tous les deux, n’est-ce pas ?

Une précision, j’ai lu ce roman sur ma liseuse et l’epub présente une bizarrerie : la taille de la police varie d’une page sur l’autre. Agaçant, même si cela ne gène pas vraiment la lecture. Edit : on me souffle que les bugs de cette première version ont été corrigés.

logo diversité petitItem 3 : essai ou article traitant de science, de science-fiction, de fantasy ou de fantastique.

 

Cet article a 13 commentaires

  1. “son chat a un été défini” => état et pas été non ?
    J’ai pas de chat, je veux pas savoir s’il est vivant ou mort.
    Je vais boicotter ActuSF tant qu’ils ne sortent pas le tome 3 des “Chansons de la terre mourante”. 😛

      1. Je ne comprenait pas la phrase au départ … J’suis pas un grammar Nazi non plus … 😉
        Tu m’as presque convaincu avec ce livre SF… Mr Lhisbei l’a lu ou pas ? Aimé ou pas ? (Quel suspense 😛 )

        1. Lhisbei

          Il ne l’a pas lu. Ce n’est pas du space op, donc il y a peu de chance qu’il le lise…

          1. Totoro_Anonyme

            Quel hérétique !!! Non, on dirait un nazi du space-op. 😛

  2. Lorhkan

    Bon, à force, je vais finir par être convaincu ! 😀

    1. Lhisbei

      Franchement, ce n’est que du plaisir de bout en bout (et je n’aime pas les thrillers haletants). Ici, c’est sec, ramassé et beaucoup plus nerveux que les thrillers de 350 pages qui me barbent au bout de 100.

  3. Vert

    Moi aussi j’ai eu les bugs de liseuse, je me suis demandée à un moment si ça faisait partie de l’expérience et si ça cachait une histoire secrète xD

    1. Lhisbei

      Je me suis demandée aussi si c’était une illustration quantique :p mais ça n’avait pas de sens…

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