De Romain Lucazeau
Albin Michel Imaginaire – 256 pages
Flemme donc 4eme de couv
Au sommet d’une montagne vit une petite fille nommée Astrée, avec pour seule compagnie de vieilles machines silencieuses. Un après-midi, elle est dérangée par l’apparition inopinée d’un faune en quête de gloire et de savoir. Le faune veut appréhender le destin qui attend sa race primitive. Astrée, pour sa part, est consumée d’un ennui mortel, face à un cosmos que sa science a privé de toute profondeur et de toute poésie. Et sous son apparence d’enfant, se cache une très ancienne créature, dernière représentante d’un peuple disparu, aux pouvoirs considérables. À la nuit tombée, tous deux entreprennent un voyage intersidéral, du Système solaire jusqu’au centre de la Voie lactée, et plus loin encore, à la rencontre de civilisations et de formes de vies inimaginables.
Team #Tabouret
Bon, on ne va pas se le cacher, c’était déjà mal barré cette lecture pour moi. Après Latium, j’avais soigneusement évité de croiser la route de ce conte philosophique. Mais comme les forumeurs du planète SF ont eu la délicatesse de le choisir pour le prix 2022, je n’avais pas d’autres choix que de le lire (démissionner aurait été un peu surjouer la diva, non ?). J’ai donc ouvert le bouquin et paf, la citation de Houellebecq choisie en exergue m’a confirmé que, non vraiment, ça n’allait pas le faire. Et effectivement, telle une prophétie auto-réalisatrice, pas d’épiphanie … Je me suis ennuyée à la lecture, tout au long du voyage. Autant dire que les 256 pages m’ont semblées bien longues. J’avais l’impression d’être spectateur, de très loin, d’un roller-coaster cosmique métaphorique, qui ne provoque ni frisson d’anticipation du mélange peur/plaisir qui ne va pas manquer de suivre, ni vertige de la plongée dans le vide (ou dans des concepts scientifiques, philosophiques ou moraux qui émergent), ni émerveillement d’avoir l’impression de toucher du doigt l’immensité du ciel. Oui, nous sommes une espèce éphémère, sur une planète insignifiante, à la durée de vie ridiculement limitée (et encore plus à l’échelle de l’individu) et nous ne savons rien à rien ou presque de ce qui nous entoure ou de la marche de l’univers, que la connaissance peut être un fardeau qui fait regretter l’innocence… et ? Pour ma part, je reste persuadée que la connaissance peut être un moteur d’action, et que savoir ne rime pas systématiquement avec retrait du monde, ce doit être un fond d’optimisme (mais bon, comme la planète brûle et qu’on laisse faire, je dois me planter).
Et le tabouret dans le titre alors ? On doit cette expression à Tigger Lilly dans les commentaires de sa chronique dudit livre : « J’ai ressenti le même vertige que si j’étais montée sur un tabouret ». Que dire de plus ?
Citation
– La véritable connaissance, répondit-elle, est incompatible avec un tel projet. Celui qui sait ne fait surtout rien. La vérité du monde demeure cachée à la plupart, car elle est insupportable à la vie. »
Ses paroles restèrent en suspens, flottèrent en l’air, cendre, flétrissure, et défraîchirent, un instant, les jolies teintes pastel de la salle de jeux aux meubles mignards, aux caisses de jouets entrouvertes, dans l’entrebâillement desquelles les poupées entassées prirent des poses mortuaires. Les rayons du soleil, l’instant d’avant pinceaux chaleureux teignant le monde, perdirent leur volupté, se réduisirent à de simples faisceaux de lumière, glacés, dénués de mystère et de chatoiement.
La fillette observait le faune avec une froide intensité, le visage impavide, et lui, replié en lui-même par cette brusque transformation de perspective, frissonna.
Pour aller plus loin
- De Romain Lucazeau sur le RSF Blog : Latium I &II
- Lire les avis de : Chut maman lit !, Cédric Jeanneret, Gromovar, Tigger Lilly, Lorhkan, Célindanaë, Les chroniques de FeyGirl, Navigatrice de l’imaginaire, Yogo, Les chroniques du chroniqueur, Les critiques de Yuyine, L’épaule d’Orion, Le chien critique, Les pipelettes en parlent, Touchez mon blog, monseigneur, et vous trouverez les autres …
Combo de challenges
Le tout ou rien que provoque ce livre ne cessera de m’étonner, à un tel point c’est rare. #TeamRien pour ma part, et sans même l’avoir lu. =X
La balance penche plutôt du côté « chef d’oeuvre » au vu des critiques ultra positives et des ventes
(#teamRien, c’est bien aussi)
#TeamTabouret forever.
Sur l’insignifiance de l’humanité, j’avoue que l’explicit de La route était plus efficace même si c’était plutôt un vertige inversé, genre un trou bien profond qui m’avait foutu en pls.
La route écrase tout espoir ou presque. Même effet ici : l’impression d’un trou noir intérieur qui aspire toute étincelle de vie.
Je ne comprends pas que cela ne vous procure même pas une petite étincelle au fond de vous !!!
Vous n’avez pas de coeur, rester sur votre tabouret. 😉
Une étincelle de quoi, au juste ? Tout ce que ce conte me fait ressentir c’est le froid désincarné du vide de l’espace . 😉
Mais justement c’est de cette immensité vide que tout arrive. L’étincelle de la Vie, des Vies, l’origine du tout depuis le rien.
Et ?
(tabouret)
#Team c’est par pour moi je crois
C’était un peu ma team aussi avant qu’il ne soit sélectionné pour le prix des blogueurs 🙂
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