De Bernard Quiriny
Seuil – 244 pages
Les Contes carnivores mettent en scène un curé argentin possédant plusieurs corps, un botaniste qui tombe amoureux de ses plantes carnivores, les biographies de 11 écrivains morts et inconnus, des marées noires érigées au rang d’art par une société d’esthètes, une femme-orange (le fruit pas la couleur), un peuple d’Indiens d’Amazonie dont le langage défie tous les linguistes, des miroirs offrant des reflets aux accents de vérité sans oublier un mystérieux personnage récurrent nommé Pierre Gould…
Dans des univers décalés, avec un brin de folie, une pointe d’absurde, une touche de fantastique, et de sérieuses références, Bernard Quiriny nous offre 14 contes baroques, cruels ou drôles dans un style maîtrisé et élégant. L’écriture est fine, subtile, sans ostentation ni artifices. En 2008 Contes carnivores a reçu le Prix Victor Rossel (le Rossel est un peu le Goncourt belge) et le Prix du Style. C’est tout à fait mérité. Avec une mention spéciale à Sanguine, la première nouvelle (et la meilleure à mon avis), qui place la barre très haut et reste inégalée. A la lecture, ce recueil est un petit bijou qu’on savoure, qu’on dévore et qui enchante. Mais quelques temps après la lecture les nouvelles s’effacent de l’esprit. Ces Contes carnivores sont comme un assortiment de bonbons acidulés : ils procurent beaucoup de sensations à la lecture, on ne peut leur résister et s’empêcher de les dévorer les uns derrière les autres, mais ils ne laissent qu’un souvenir vague ensuite. Quel dommage que ce recueil charmant et charmeur n’imprègne pas durablement le lecteur.
Autre bémol pour moi : la nouvelle éponyme, qui clôt le recueil. Elle est de facture très classique voire très conventionnelle, trop en tout cas pour constituer un bon bouquet final. L’impression de déjà lu, malgré la très belle écriture, transforme le feu d’artifice en pétard mouillé.
Un plaisir immédiat, à savourer sans arrière pensée