de Fabrice Colin
Bragelonne – 332 pages
Welcome to Newdon – qui n’est autre qu’une transposition fantasmée d’un Londres victorien. Voici John Moon, looser de premier ordre, entraîneur de l’équipe des Ogres de Chelsey en Quartek (ne me demandez-pas de vous expliquer les règles de ce sport…). Son équipe squatte le bas du classement (toute ressemblance avec Raymond D est purement fortuite puisque le bouquin date des années 2000, soit bien avant les exploits de notre équipe de foot nationale). Moon est tellement nul qu’il rate même toutes ses tentatives de suicide. Il a deux amis, plutôt pot-de-colle et tout aussi nuls que lui. Gloïn MacCough est un nain incapable de faire pousser la moindre plante, un comble pour un peuple de jardinier. Vaughan, l’elfe vient de tripler sa première année d’École de Magie et ne deviendra probablement pas le plus grand magicien de la famille (toute ressemblance avec un certain Jean S est aussi purement fortuite…). Malheureusement pour nos trois anti-héros, le Baron Mordayken (dont le personnel est constitué de morts-vivants) parvient à libérer le Diable de sa prison millénaire et le plan machiavélique de ce dernier pour prendre possession de Newdon place les trois compères au centre d’une vaste machination…
Il y a un mot que j’utilise peu dans mes avis, un mot que je vais ressortir des cartons, épousseter et utiliser pour qualifier ce roman complètement barré de Fabrice Colin : jubilatoire. Je pourrais ajouter loufoque, tragique, épique, piquant, excentrique, rocambolesque et complètement décalé que cela ne suffirait pas encore. Pourtant dès le début de la lecture j’ai craint l’effet Wonderful, c’est à dire de manquer de points de repères et de me perdre en route. La narration est assez déroutante : on passe d’un personnage à un autre et l’histoire se dévoile par morceaux, par tranches de vie. Mais malgré la multiplicité des points de vue le fil conducteur apparait rapidement et clairement. Le récit ne perd jamais sa cohérence, sa logique interne. Et même si la folie s’invite régulièrement dans les pages le lecteur n’est que rarement dérouté. L’univers décrit par Fabrice Colin est très référentiel et se savoure à plusieurs niveaux sans générer de frustration quand on passe à côté des références (et croyez moi j’en ai raté un beau paquet). Les personnages sont très réussis (quelle brochette de « héros »!) et on a l’impression que l’auteur n’hésite pas à se moquer gentiment d’eux. Le ton et le style, la plume de Fabrice Colin sont un vrai délice (n’oubliez pas : j’ai écrit plus « jubilatoire »). Et même si le roman a quelques défauts mineurs (des petits détails, mais vraiment petits, petits et le lecteur passe outre en les remarquant à peine) il n’en reste pas moins remarquable.
J’ai beaucoup aimé cette édition anniversaire proposée par Bragelonne : le format, la texture du papier, la cohérence des couvertures et leur « design ». Par contre j’ai un grief : le résumé de quatrième de couverture de A vous souhaits dévoile bien trop d’éléments importants. Un conseil : lisez le livre mais ne lisez pas le résumé qui vous gâcherait certaines surprises.
Un extrait (et oui, ce n’est qu’une seule phrase !)
Et lorsque que le dragon lentement se releva, lorsque ses ailes immenses commencèrent à s’agiter, frôlant les immeubles voisins, et que toutes les lumières de la City soudain s’allumèrent, lorsque la bête se mit à courir, que les réverbères explosèrent, que les trottoirs se gondolèrent, que les arbres se plièrent sur notre course et que tout ne fut plus qu’un long et terrible souffle d’air, lorsque que mes doigts se crispèrent jusqu’à m’en faire mal, soudés aux écailles précieuses, et que je sentis que nous quittions le sol, lorsque d’une brusque poussée, nous nous arrachâmes aux maisons, aux jardins et à toutes ces âmes tristes et pesantes, lorsque je sentis mon cœur s’emballer et l’air de la nuit sacrée emplir mes poumons, des éclairs bleutés zébrant les convulsions du ciel, et les nuages se rapprocher, et notre cortège d’or pur et de peur bleue s’arracher au bas monde, lorsque la lune se mit à me sourire et que le visage de Léonore Pullbrook apparut soudain comme en plein jour, je compris brusquement que je n’avais jamais vécu que pour cet instant, et pour la première fois de mon existence, je me sentis moi-même.
Il s »agissait d’une lecture commune avec Acr0, Bartimeus, Christelle (qui n’a pas de blog), Coeur de Chêne, Endea, Julien, Laure, Lelf, Tortoise, Olya, Pauline, et Phooka. Le blog de Fabrice Colin est ici et le bonus de la lecture commune est là.
- Lire aussi les avis de NooSFere, SFU, Fantastinet, Actusf, Lord Orkan Von Deck, SBM, Fashion, Martlet, Sylvie, Blogolivre, Boubou.
une seule phrase !!!!!!!
Une seule phrase mais quelle phrase !! J’ai failli la mettre mais j’ai eu la flemme de taper autant de texte, tu as été plus courageuse que moi et heureusement car je trouve ce passage vraiment somptueux ..
Pour le reste, jubilatoire me convient tout à fait …. tout comme notre lecture commune qui restera un bon souvenir pour moi ^^
Je lis de moins en moins les 4ème de couvertures, tout simplement parce que maintenant, lorsque je lis des livres, c’est surtout suite à des avis positifs que je lis sur le net. Ce qui fait que je suis rarement spoiler par les 4ème de couvertures. Sinon, oui, ce fut une très bonne lecture, faite en très bonne compagnie
On ne dit pas : « quelle brochette de « héros »! »
mais « quelle bande de bras cassés ! » :p Je n’ai pas lu Sayonara Baby alors je n’ai pas d’avis sur F. Colin. (mais ça m’empêche pas de poster quand même )
NicK.
L’extrait…
… donne envie d’en savoir plus… je vais le rajouter dans ma PAL…
« Jubilatoire », c’est bien choisi C’est vrai que la couv’ est sympa (rien à voir avec ce qui a été proposée en 1ère édition chez Bragelonne ou celle du format poche).
@ Lystig : oui une seule phrase … à couper le souffle cette phrase.
@ Endea : je me suis faite aider : Mr Lhisbei m’a fait la dictée . cela restera un excellent souvenir pour moi aussi.
@ Olya : c’est un bon réflexe @ Nick : il faut lire du Fabrice Colin (me demande si je ne vais pas craquer pour Dreamamericana). Quand à ton commentaire : ce n’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule… @ Bardablog : l’extrait n’est pas représentatif attention (le style est plus souvent percutant que lyrique). F Colin est inventif : il glisse des listes, lettres etc… @ Acr0 : oui les autres couv sont … moches allez disons le…
jubilatoire !!! et en plus y’a des dragons… c’est pour moi ))
Vous semblez tout l’avoir aimé celui-là (je l’avais complètement oublié je dois dire). Noté, je le lirai (je ne sais pas encore quand, mais comme ça je l’ai en tête).