Blackwater, L’épique saga de la famille Caskey
De Michael McDowell
Monsieur Toussaint Louverture. Audiolu par Olivia Nicosia.
Une histoire éditoriale
La série Blackwater a été publiée aux États-Unis de janvier à juin 1983, au rythme d’un livre par mois. Pour la traduction en français, la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture a opté pour une parution d’un tome tous les quinze jours entre le 7 avril 2022 et le 17 juin 2022 dans un format poche (et donc financièrement abordable). Les livres partagent une esthétique commune. La série est conçue pour être lue comme un roman-feuilleton avec un arc narratif sur les six tomes et des scènes finales annonçant le thème du tome suivant. Au format audiolivre, l’effet addictif de cette construction fonctionne tout aussi bien.
Dans les grandes lignes
Blackwater nous plonge dans une épopée familiale étalée sur cinquante ans, où alliances, plans machiavéliques, combats, morts soudaines et événements inexplicables dessinent le destin de la famille Caskey. L’atmosphère de la série est imprégnée de surnaturel, voire d’une pointe d’horreur, liés aux rivières et au folklore magique du Sud des États-Unis. Tentons de résumer sans spoiler.
Tome 1 : La Crue
A Perdido, Alabama, à la confluence des rivières Perdido et Blackwater, la famille Caskey, propriétaire d’une scierie, aide à l’évacuation de la ville pendant une crue dévastatrice, jamais vue auparavant. Oskar, le fils de Mary-Love, la matriarche du clan, porte secours à Elinor Dammert, une mystérieuse jeune femme, institutrice. Dès leur rencontre, une forme de rivalité s’installe entre les deux femmes et les tensions s’intensifient quand Elinor montre son intérêt pour Oscar.
Tome 2 : La Digue
Après la crue dévastatrice, l’érection d’une digue devient cruciale pour protéger Perdido des inondations futures. Les manigances de Mary-Love s’opposent frontalement à celles d’Elinor, provoquant des tensions au sein du clan Caskey. Les conséquences de cette lutte laissent des cicatrices profondes et des disparitions mystérieuses bouleversent la tranquillité de la ville.
Tome 3 : La Maison
En 1928, les conflits internes au sein du clan Caskey atteignent leur apogée. Des crises diverses secouent la ville, en même temps que le pays et la maison d’Elinor devient le théâtre de machinations. Les guerres familiales, exacerbées par des crises économiques et existentielles, plongent la famille dans une forme de chaos.
Tome 4 : La Guerre
La Seconde Guerre mondiale épargne le clan Caskey et leur permet même de développer leur activité et leur richesse. Les efforts tenaces d’Elinor portent leurs fruits, entraînant des changements significatifs au sein de la famille Caskey. Des alliances inattendues se forment.
Tome 5 : La Fortune
Le clan Caskey s’agrandit, se transforme et, financièrement, prospère encore plus sous l’impulsion de Miriam, la fille d’Elinor, désormais à la tête de la scierie. Une découverte surprenante, la ville entière bénéficie d’un développement économique inattendu. Au sein de la famille, de nombreuses tensions persistent.
Tome 6 : Pluie
Les années passent et marquent le clan Caskey. La série se termine sur dénouement dramatique – prévisible puisque Michael McDowell a semé quelques indices extrêmement clair. Le surnaturel et les intrications familiales se mêlent dans une apothéose pluvieuse et vient boucler le cercle.
Et c’est comment ?
Blackwater est une vaste saga familiale où les relations sont compliquées, voire complexes. L’écriture de Michael McDowell parvient à créer des images évocatrices. Son style, clair, concis et efficace rend la lecture plaisante et fluide. L’auteur intègre des événements historiques majeurs, comme la Grande Dépression, la Seconde Guerre mondiale ou des thèmes sociaux majeurs comme la lutte pour les droits civiques ou la place des femmes la société ce qui donne de la profondeur au récit. La caractérisation des personnages est un point fort de la série. Chacun d’entre eux a un parcours unique et évolue toujours de manière intéressante.
Du côté des bémols, le fantastique reste très léger. La saga pourrait presque fonctionner sans éléments surnaturel, en se basant sur des ressorts psychologiques et historiques. Les premiers tomes portent plus de tension narrative que les derniers mais la série propose, malgré tout, une lecture immersive, captivante et très addictive.
Un extrait
Sister, je m’étonne parfois que tu en saches aussi peu. Les femmes découvrent les choses en premier, puis elles en parlent aux hommes – autrement, les hommes ne découvriraient jamais rien -, ensuite ce sont les domestiques et, en dernier, les enfants.
- Lire les avis de Lorkhan et les mauvais genres, Ombrebones, Nevertwhere et Au pays des cave trolls et de L’autre côté des livres sur la série complète.
- Lire les avis de Le nocher des livres, Sometimes a book, Le Dragon galactique, L’ours inculte, Le Syndrome Quickson, Quoi de neuf sur ma pile ?, Les Chroniques de FeyGirl sur le premier tome et celui de Touchez mon blog, Monseigneur sur les deux premiers tomes.
« La saga pourrait presque fonctionner sans éléments surnaturel » : je me suis posé la question justement, je n’arrive pas à me décider si vraiment ça ne changerait rien ; ça fait quelques scènes marquantes, et ça donne une présence encore plus forte à Elinor, mais c’est sûr qu’une grande partie de l’intrigue n’est pas concernée. Ce qui est sûr c’est que c’est une très bonne série. ^^
Une bonne série, oui, mais j’ai quand même eu l’impression que « tout ça pour ça » à la fin. J’avais laissé passer la hype, mais malgré tout, il m’a manqué quelque chose. Avec cette fin qui « boucle la boucle » en prime (et qu’on sent venir de très loin), c’est presque décevant.
C’est un chouette roman feuilleton, ça m’a fait du bien de dévorer les 6 tomes en début d’année ^^
(j’aurais aimé un peu plus de fantastique mais on se console avec des personnages très intéressants)
Oui j’aurais aimé aussi un peu plus de fantastique 🙂 Mais ça reste addictif. J’ai aussi trouvé que le combat entre Mary-Love et Elinor était finalement assez court (mais j’aime les combats de longue haleine)