De Brian W. Aldiss
J’ai Lu – 256 pages
Dans un lointain futur, notre Soleil se transforme en géante rouge irradiant la Terre et provoquant des mutations génétiques chez toutes les espèces. La Terre ne tourne plus sur elle-même et la lune a cessé sa révolution et s’est rapprochée. La vie sur la planète en a été bouleversée. Sur la face éclairée, c’est la jungle du banian, l’arbre qui a colonisé la totalité de la surface. Les espèces végétales se livrent une guerre sans merci pour la survie. L’humanité se retrouve totalement inadaptée au règne végétal. Elle tente de survivre le plus longtemps possible mais son extinction est inéluctable. L’être humain a régressé physiquement et intellectuellement et vit en petite tribu. La mort est leur seul point de repère et ils ont intégré la précarité de la vie. Régulièrement les plus vieux entame la Grande Montée vers les cimes (et la mort), persuadés que leur sacrifice permettra la survie des plus jeunes.
L’immersion dans ce monde vert est rapide mais bien faite. Brian Aldiss parvient dès les toutes premières pages à plonger le lecteur dans un futur lointain, “exotique”, différent mais dans lequel le lecteur prend vite ses repères. La jungle foisonne d’espèces différentes, toutes plus étranges les unes que les autres. L’auteur ne manque pas d’imagination et bouscule notre grille de lecture habituelle du monde (la distinction végétal/animal en devient obsolète) même si ses descriptions ne permettent pas toujours de bien visualiser le décor ou les espèces en question. Difficile aussi de s’attacher aux personnages, nombreux et qui, pour la plupart, meurent assez vite. L’histoire parait décousue. Très vite la petite tribu que l’auteur nous présente au premier chapitre éclate. Dès le deuxième chapitre on perd de vue une partie de ce groupe et l’on suit l’humain Gren dans son errance sans but tout autour du monde. Gren, passif, se laisse porter par les évènements ou manipuler par d’autres, ne prenant son destin en main qu’à la toute fin du roman. Le roman n’est pas des plus optimistes : la Terre est en fin de vie, l’humanité décimée et sans espoir d’évolution. Pourtant les toutes dernières lignes redonnent espoir en ce qui fait de nous des hommes : le libre arbitre, la capacité à faire un choix. A devenir et rester libre.
Pourtant Le Monde vert, écrit en 1962, a plutôt mal vieilli. A l’époque la Lune, mal-connue, est encore un objet de fantasme et Brian Aldiss n’hésite pas à lui donner une atmosphère et à la peupler de céleris géants ( !). Et c’est sans compter la place de la femme (qui reflète l’époque – gloups). Bref j’ai eu du mal à suspendre mon incrédulité… Le récit est aussi émaillé de nombreuses répétitions qui s’expliquent par la genèse de ce roman. En effet, il est composé de 5 nouvelles rassemblées mais qui manquent un peu de liant. D’ailleurs ces nouvelles ont collectivement obtenu le Prix Hugo de la meilleure nouvelle courte en 1962. Il faut lire ce livre déroutant comme un classique mais, attention, si vous êtes allergiques aux œuvre de l’âge d’or de la SF ou à la SF de « grand papa » passez votre chemin…
Un extrait
Ce qu’il y avait d’étonnant, c’était le silence.
Un silence dont la densité était celle-là même de la masse de verdure qui tapissait toute la face de la planète exposée au jour éternel. Un silence qui s’était peu à peu tressé pendant des millions et des millions d’années, gagnant en épaisseur à mesure que le soleil dont s’approchait le déclin vomissait ses torrents d’énergie.
Mais ce silence n’était pas celui de l’absence de vie : la vie était au contraire omniprésente, formidable. Toutefois, l’accroissement du rayonnement, s’il avait scellé le sort de la quasi-totalité des espèces animales, avait amené le triomphe du règne végétal. Sous mille formes, sous mille déguisements, les plantes exerçaient une hégémonie dans partage. Et les plantes n’ont pas de cordes vocales
- Lire aussi les avis de Yozone, SFU, Cafard Cosmique, Quarante-deux, Soleil Vert, Tortoise, Julien le Naufragé, Calenwen, Kactusss, Brize, Spocky, Chroniques de l’imaginaire, Viinz,
El Jc : j’espère que ta PAL est étanche [] Il faut l’exhumer celui-là
@ Choupinette : merci pour le compliment [:s]. je suis tout à fait d’accord avec toi : c’est un sacré bouquin et il est difficile à chroniquer [Oui]
@ Lord Orkan : non c’est même un peu triste que Montmartre soit hors de prix [Oui]
Cette histoire de Lune habitée m’intrigue. Vu que l’intrigue se déroule dans plusieurs millions d’années, serait-ce le reliquat d’une terraformation lunaire ?
Je pense que je passerai mon chemin personnellement x) Voir vos avis chapitre après chapitre sur le Cercle ne m’a pas du tout donné envie.
@ Guillaume : absolument pas; une espèce végétale a colonisé involontairement la lune : attirée par les radiations du soleil elle monte de plus en plus haut dans le ciel. certains spécimens finissent par atteindre la lune, y meurent se décomposent et hop! atmosphère
@ Olya : je crois que tu n’as pas à culpabiliser [][Oui]
Vous avez l’air d’aller dans le même sens, aussi je passerai mon chemin pour ne pas gâcher l’excellente impression de Croisière sans escale.
Tout ce que j’en garderai, c’est d’avoir lu un livre catalogué dans les classiques de la SF. Mais c’est tout. Même si j’ai apprécié le premier chapitre, je me suis ensuite ennuyée jusqu’à la fin. Je l’ai fini parce que c’était une LC, mais toute seule j’aurais probablement abandonné.
j’ai pas encore réussis à le finir, et c’est sur, si c’était une lecture perso j’aurais laissé tomber. ça date de l’âge d’or ok, mais c’est pas pour ça qu’il est mauvais. Qu’il est vieillot c’est sur. Mais y’a des bon vieux qui sont toujours très bon (heinlein est le premier qui me vient à l’esprit). celui là est, en plus, mauvais [la tu vois] vous me suivez ? lol
Ben avec toutes les critiques déçues que j’ai lues, je n’ai pas envie de l’ouvrir (dommage, je l’ai acheté…).
Je l’ai lu il n’y a pas longtemps, c’est vrai que ça a mal vieilli… [Papy]
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