De Christine Renaudin
Illustrations de Vincyane Belin
Le Verger des Hespérides – 140 pages
La Bible ne fait pas le moine est un roman uchronique jeunesse (à partir de 9 ans et même moins pour des bons lecteurs) publié dans la collection Aventures à remonter le temps, qui propose des aventures imaginaires sur un fond historique précis. En 1740, le pape Clément XII meurt. Dans notre trame temporelle, un conclave désigne Prospero Lambertini, archevêque de Bologne, comme nouveau pape. Nous le connaissons sous le nom de Benoît XIV. Benoit XIV fût un pape progressiste qui accompagnât le siècle des Lumières. Il intéressait aux sciences : il a créé à Rome une faculté de chirurgie et un musée d’anatomie, il a autorisé la publication des ouvrages de Galilée et des textes favorables à l’héliocentrisme, interdits jusqu’alors.
Dans La Bible ne fait pas le moine, Dante Boligni, un cardinal, fourbe et assoiffé de pouvoir, réussit à écarter Prospero Lambertini et à se faire désigner pape sous le nom de Urbain IX. Ses positions sont diamétralement opposées à celle de Benoît XIV. Il professe que le monde a besoin d’être redressé et passe sa très longue vie à s’y employer. Il crée des écoles spécifiques, les Scuole, où l’on forme des prêtres et une armée, les soldats du Christ. Les garçons en âge de l’intégrer sont arrachés à leurs parents et éduqués dans des préceptes religieux très stricts. Ces soldats serviront vingt ans dans l’armée avant de revenir à la vie civile pour fonder un foyer. Le célibat n’est pas toléré. Leur mariage est, de toute façon, arrangé par le prêtre et il va de soi que la future épousée, beaucoup plus jeune, analphabète (l’éducation est réservée aux garçons) et sans expérience de la vie, n’a été élevée que pour devenir une épouse loyale, aimante et obéissante. Sous Urbain IX, les sciences sont bannies. Les maladies ne sont donc pas soignées. Personne n’est libre d’exprimer une pensée contraire au dogme sous peine de mort.
Voila une uchronie où le point de divergence donne naissance à une dystopie propre à faire réfléchir les plus jeunes. Les auteurs n’épargnent pas le lecteur : l’injustice révolte, la violence et la mort existent, l’espoir – ténu – d’un monde meilleur ne vient que sur la fin. Le roman bénéficie en outre d’une belle édition : illustrations marquantes, maquette soignée, couverture à rabats. Même les présentation des auteurs fait preuve d’originalité (portrait chinois décalé tout en restant sobre).
- Lire un extrait ici.
Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2016
Challenge Dystopie de Val
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