Miscellanées de nouvelles (15)

Et voici une nouvelle entrée dans la série des Miscellanées de nouvelles. Le menu du jour ? Du 100% Bifrost avec le compte-rendu des lectures des nouvelles des 4 numéros parus en 2017 (oui, c’est un principe chez moi, une fois que je suis abonnée à une revue, je ne la lis plus, je la collectionne). Mais cette année, je suis assez motivée pour participer au prix des lecteurs. Pas pour la dotation, mais pour la performance. Olivier Girard dit le Boss – OK il n’y a qu’un seul Boss, il s’appelle Bruce et il est chevelu – souhaite atteindre un taux de participation d’un abonné sur cinq, soit plus de 180 votants au total. Ambitieux non ? Sur le RSF Blog, on va donner un coup de main à la hauteur de nos moyens. Remercions aussi la SNCF et ses TGV (aux retards) inOUIs qui m’ont bien aidée à écluser les nouvelles sur les trois trajets pros du mois (et une déviation via Saint Mammès, c’était LE signe qu’il fallait s’y mettre).

Dans ce billet, voyons donc les nouvelles des numéro 85 et 86 de Bifrost.

“Ligne de marée” d’Elizabeth Bear a reçu le prix Hugo et le prix Theodore Sturgeon 2008. Il s’agit de son premier texte publié en France et j’espère qu’il ne s’agira pas du dernier. Sur une plage quasi déserte, Calcédoine, une machine de guerre intelligente passe le sable au peigne fin pour récolter de menus objets qu’elle assemble en colliers destinés à honorer la mémoire des soldats disparus. Le monde est clairement post apocalyptique et les batteries du robot de combat se fatiguent vite. Elle (oui, ici le robot est genré et en VO aussi) prend sous son aile, avec réticence au début, un gamin orphelin qu’elle aide à grandir. Attention, nous ne sommes pas dans une relation mère-fils puisque la machine n’est pas doté de sentiments. En revanche elle est ou s’est dotée d’un code d’honneur, d’un code moral qui motive ses actes. Et la notion de mémoire et de transmission est aussi au centre de la nouvelle. Une réussite.
“En dépit des apparences” d’Eric Brown assume son côté pulp. A bord du Loin de chez soi, Ed, Karrie et Ella, une IA au corps de rêve, embarque un Dénébien en pèlerinage vers la planète Bokotar. Tous les cent-trente ans, le Très-Haut s’y manifeste et, après cette révélation, tous les fidèles se jettent du haut d’une falaise pour le “rejoindre”. Aventure, chasse à l’homme et capitaine baroudeur pour un premier niveau de lecture. Réflexion sur la religion, l’intelligence artificielle et quelques stéréotypes mis à mal (le capitaine ne sauvera la demoiselle en détresse) pour un second niveau de lecture. Sympathique, mais en deçà des trois autres textes.
“Le Fardeau” de Ken Liu mêle avec brio xénoarchéologie et expertise comptable. Que dire ? C’est bien fait, c’est bien vu (mieux vaut une bonne histoire que la vérité, parfois) c’est prenant du début jusqu’à la fin, la chute, si tant est qu’on puisse parler de nouvelle à chute, fonctionne. On va finir par s’habituer à ne lire que du très bon avec cet auteur…
Dans “Proscenium” de Thierry Di Rollo, nous suivons Sorn, un semi-mort, conscient mais avec un corps mort en train de pourrir sur pieds. Hanté par le souvenir de la mort Naëva, il cherche un vaisseau spatial pour son dernier voyage. Une nouvelle qui explore la force d’un lien qui se noue entre deux personnes, la solitude, le vide affectif et l’absence de sens à une vie qui n’en est plus une.
Du point de vue des nouvelles, ce Bifrost 85 est un excellent cru. Lire les avis de Xapur et Le chien critique.

Passons aux deux nouvelles du Bifrost 86.
“Carnaval, l’Aire Tripartite” de Laurent Genefort se déroule dans l’univers d’Omale (que je découvre par petits bouts, nouvelles après nouvelles). Chirtal, épouse respectée du respectable procureur général d’Useri tombe amoureuse d’un Hodgqin, Thoreem’QuinzedeVelld. Elle quitte Victorian, son mari, pour vivre avec Thoreem, mais devra attendre 3 ans pour être adoptée par un clan Hodgqin. Victorian lance une procédure de divorce longue et douloureuse (enfin, j’ai rarement vu des divorces heureux) : il se donne pour objectif de la déchoir de ses droits humains, rien de moins (quand mâle blessé dans son orgueil, mâle se venger au centuple…). Le procès se tient pendant le Carnaval, dont les festivités contrastent d’autant plus avec l’état d’esprit de Chirtal. Le procès explore le côté tordu et hypocrite de l’être humain, l’intolérance envers des espèces différentes avec lesquelles il faut bien vivre en paix et la fragilité des sentiments. Le personnage de Victorian a évolué au fil de sa carrière, passant de jeune idéaliste enflammé à incarnation d’un système qui maintient à toute force le statu quo. En contrepoint, Chirtal, naïve mais forte, nous offre l’espoir.
“Journal d’un monstre” de Richard Matheson, premier texte publié par l’auteur. Très courte nouvelle sur le thème du monstre, elle plonge rapidement et violemment le lecteur dans l’horreur. Un  classique, glaçant, qui n’a pas pris une ride et qui perdurera.
Lire les avis de Xapur, Le chien critique et Lutin82.

J’anticipe déjà qu’il va être difficile de départager les textes en lice pour le prix des lecteurs de Bifrost 2017.

Cet article a 8 commentaires

  1. Plus que 5 jours pour lire les autres nouvelles afin de participer au vote, c’est encore possible.
    Pour ma part, j’ai voté pour Ligne de marée et Proscenium, toutes deux dans le numéro 85. Après deux participations au prix des lecteurs Bifrost, mes favoris n’ont jamais gagné et, en outre, étaient loin du vainqueur. Donc désolé Thierry di Rollo et Elisabeth Bear, mais préparez vos mouchoirs.
    Mais j’aimerai bien remporté le tirage au sort, les livres m’intéressent tous.

    Pour revenir à nos nouvelles, nous avons eu un ressenti identique, donc je t’aide pour les deux autres numéros, ne lis que la nouvelle de Egan, les autres sont nulles (en langage diplomatique, les autres ne sont pas à mon goût !)

    Je peux comprendre que tu ne veuilles pas abimer ta collection bifrostienne en les lisant, mais reste la version électronique…
    Merci pour les liens

    1. Lhisbei

      En fait j’ai déjà lu les textes et voté (je suis “lente à la chronique” en fait), mais c’est gentil de m’aider. 🙂
      Le billet sur les 2 autres numéros de Bifrost est programmé pour demain soir.
      On a effectivement les mêmes ressentis pour ces nouvelles. Pour les 87 et 88, nos ressentis divergent vraiment (sur Bailey, Liu et sur Kressel, ça fait beaucoup).

      Au final j’ai le même vote que toi, malgré les divergences.
      (et c’est plus le manque de temps qu’autre chose qui explique la non lecture ^^)

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