Les Jeux du Siècle
Les Mystères de Larispem T2
De Lucie Pierrat-Pajot
Gallimard Jeunesse – 336 pages
Les jeux du siècle, deuxième tome des Mystères de Larispem, est la suite directe du premier tome et reprend là où celui-ci s’est arrêté. Mieux vaut donc avoir lu Le sang n’oublie jamais avant de continuer la lecture de ce billet susceptible de divulguer des éléments issus l’opus initial.
Nous retrouvons donc un Paris alternatif, fin du XIX siècle, rebaptisé Larispem selon l’argot des bouchers, l’un des corps ouvriers les plus respectés dans cette ville issue de l’utopie de la Commune. Nous retrouvons aussi les principaux protagonistes que sont Carmine, jeune louchébem (boucher en argot des boucher), son amie Liberté, provinciale très douée en mécanique qui vient d’intégrer la Tour Verne comme technicienne (et qui n’en revient pas de côtoyer la Présidente et Jules Verne) et Nathanaël l’orphelin qui attend la foire aux orphelins, une vente aux enchères dont les orphelins constituent les marchandises. Cette foire leur permet d’intégrer une corporation et de se trouver un métier après quelques années d’apprentissage. Lors de ce marché, Carmine choisit Nathanaël comme apprenti. Et Nathanaël, qui cherchait un moyen de contacter Liberté se retrouve dorénavant très proche. Comble de l’ironie, les trois jeunes gens se retrouvent inscrits pour les jeux du siècle, Jeu de l’oie à échelle humaine, destiné à montrer au reste du monde tout le savoir faire technologique de la Cité. De leur côté, les Frères de sang, aristocrates revanchards, poursuivent leurs desseins et, par l’entremise de la Comtesse Vérité, font alliance avec les autorités de la Francie (le reste de la France sauf Paris). Leur intérêt commun ? Faire tomber Larispem, la Cité-État.
Dans ce tome, on découvre d’avantage la corporation des louchebems et leur ascension. Les louchebems tentent de s’imposer par tous moyens, y compris la violence. Et Larispem qui, dans le tome précédent, était décrit comme une utopie égalitaire, se révèle un peu plus complexe, beaucoup moins égalitaire et beaucoup plus fragile politiquement entre luttes internes pour le pouvoir et appétit externe d’un pays qui souhaite récupérer sa capitale. Les Frères de sang, de leur côté, ne reculent devant rien et abusent du pouvoir de leur sang de se faire obéir des autres. L’évolution des personnages se révèle intéressante. Carmine, femme et noire dans un métier masculin et dans une société blanche, fait face au sexisme et au racisme institutionnalisés. Elle n’a pour elle que sa compétence et gare à celui qui lui manque de respect. Le roman ne manque ni de rebondissements, ni d’enjeux même si l’intrigue principale se retrouve un peu mise en retrait au profit d’intrigues secondaires. Le tout est mené tambour battant et le rythme ne faiblit jamais. Les illustrations de Donatien Mary se marient toujours bien avec le récit. Reste à voir comment la série se termine avec le dernier tome, L’élixir ultime.
– Tu crois qu’on a une toute petite chance de s’en sortir ? demanda la jeune fille d’une voix étranglée.
– Je n’en sais rien, mais on a tous les deux choisi de ne pas fuir, alors on va se battre. Ils n’auront pas le Livre, ils ne nous attraperont pas et ne régneront pas sur Larispem.
Liberté s’essuya les yeux.
– Nous ne sommes que des adolescents livrés à nous-mêmes, dit-elle d’une voix étouffée. Les adolescents ne sauvent pas le monde.
Nathanaël lui prit la main et la serra fermement.
– On va déjà sauver notre peau. Je te rappelle que, Frères du Sang ou pas, on doit affronter les équipes du Jeu de l’oie.
Il sourit un peu et continua, en essayant de plaisanter :
– Si on réussit, ce sera ensuite du gâteau de sauver Larispem. D’accord ?
- De Lucie Pierrat-Pajot sur le RSF Blog : Le sang jamais n’oublie, Les mystères de Larispem T1
- Lire les avis des Lectures du Chat Pitre, Les critiques de Yuyine, la Yozone.
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