Les âmes envolées – Nicolas Le Breton

les ames envoléesLes âmes envolées

De Nicolas Le Breton

Les Moutons électriques – 321 pages (epub)

Imaginez un monde sans voitures, sans bus, sans camions, ni route ni autoroute. Sans l’automobile, c’est le règne des dirigeables, des ballons, des zeppelins. Les embouteillages dans les airs plutôt que sur terre. Voilà le monde dans lequel nous plonge Nicolas Le Breton. Nous sommes en 1912 et nous rejoignons le célèbre Louis Lépine qui met fin, de manière radicale, aux aventures meurtrières de la bande à Bonnot, avant de prendre une retraite aussi bien méritée que potentiellement ennuyeuse. Les corps des malfrats disparaissent de la morgue et atterrissent dans des mains de savants fous qui leur redonnent un semblant de vie. Quelques temps après cet épisode, Clémenceau rappelle Lépine pour une ultime enquête : des scientifiques importants disparaissent et l’on soupçonne une organisation secrète allemande. Voilà Louis Lépine embarqué dans une enquête échevelée,  de Paris aux Indes en passant par l’Himalaya. La première guerre mondiale n’est pas loin, et, derrière l’intrigue policière se profilent des enjeux bien plus importants autour d’une aussi mystérieuse que puissante source d’énergie.

Uchronie, steampunk et zombies se côtoient allègrement dans ce roman d’aventures issu de la tradition du roman populaire et qui répond aux codes de ces genres. L’uchronie de par le monde sans voiture, exotique et dépaysant. Le steampunk avec ses machines volantes ou amphibies, ses cuivres, son esthétique et toutes les inventions scientifiques rétro-futuristes que peut produire un auteur aux idées débridées et passionné de punk à vapeur. Dans les âmes envolées, le lecteur croisera nombre de personnages importants : Alexandra David-Néel, Marie Curie, Élisée Reclus ou Bonnot mais aussi des personnages inventés hauts en couleur comme Léontine, baronne de Laroche, femme émancipée, espionne et pilote de dirigeable, rien que ça. Le roman s’inscrit dans la tradition du roman populaire : de rebondissements en scènes d’action,  de courses-poursuites en batailles des airs, Lépine vit des aventures trépidantes et exotiques, tout en succombant aux affres de l’amour. Le tout est raconté avec beaucoup d’humour et agrémenté d’une pointe d’ironie. Malgré toutes ces qualités, ou peut-être à cause d’elles, je me suis un peu perdue en route dans cette lecture : trop de rebondissements, trop d’aventure, trop de dépaysement et d’exotisme pour maintenir mon attention sur la résolution de l’intrigue principale. Cette dernière se dilue dans le foisonnement d’aventures et le divertissement. Il me reste donc une légère frustration une fois la dernière page tournée.

Un extrait pour terminer :

 Alexandra David-Néel extirpe un gros revolver du fond de ses robes. Elle ajuste et tire avec une longue expérience. Lépine adossé à la chaux du monument trouve la force de s’étonner :
« N’êtes-vous pas bouddhiste, madame ?
— Le Bouddha ne parle que des conséquences de chaque action, et de la manière dont chacune nous est reportée dans cette vie, ou la suivante. Un acte neutre… elle vise, tire de nouveau : un acte neutre est effacé du lot. Je m’efforce donc… trois tirs hargneux… de ne les trucider qu’avec la plus complète absence d’intention. »

Et un clin d’oeil :

« Oui vraiment, tous, l’élite intellectuelle et scientifique, des sommités en leur domaines ! Tous assemblés ici, pour croiser les disciplines, bâtir la cité de demain, un phare de civilisation, qui brillera un jour éclatant au-dessus de l’ignorance et des égoïsmes ! Ah, Léontine, Alexandra, Eugénie, Louis ! Regardez-les, ces savants, ces aventuriers, ces… », il hésite, en recherche d’un terme nouveau qui traduise sa pensée. Puis lève un doigt inspiré et tonne : « Ces savanturiers !
— Oh, quel joli terme ! » s’exclame Marie Curie, enjouée.

   Lu pour le Prix ActuSF de l’Uchronie 2015

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Cet article a 11 commentaires

  1. Cornwall

    Ahh tu as mis le doigt sur ce qui m’a fait lâcher le roman par deux fois, le foisonnement d’aventures, c’est exactement ça.
    Je crois que le steampunk, c’est pas vraiment pas tasse de thé et cela même avec des zombies ^^

    1. Lhisbei

      Je te laisse les zombies et je garde le steampunk 😉

      1. Lune

        Abandonné aussi pour ma part, je n’entrais pas dans l’intrigue.

  2. Jean

    Un peu dans la même veine que « Magie brute » de Correia, non ? C’est vrai qu’on se perd un peu en route, à force de péripéties… Mais « steampunk » + « zombies », il faudra que j’essaie…

    Il faudra que je relise mes vieux « Doc Savage »…même sans zombies…

    1. Lhisbei

      C’est dans le même esprit oui. Mais dans Magie brute, il y a de l’action mais aussi des temps de repos. Ici ça s’enchaîne un peu trop vite et ça ne s’arrête jamais. L’écriture est très différente aussi : sobre chez Correia, exubérante chez Le Breton

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